Le Penelopegate fait grimper les taux des crédits

Après le Brexit et l’élection de Donald Trump, l’incertitude politique et économique liée à l’affaire Fillon dégrade les conditions d’emprunt.

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L’incertitude politique et économique  liée à l’affaire Fillon dégrade des conditions d’emprunt de l’Etat français sur les marchés internationaux. Ce coup de chaud sur les taux directeurs  n’a pas encore d’impact majeur sur les crédits immobiliers.

L’OAT 10 ans a grimpé de 0,45% en janvier…

Orientés à la hausse depuis l’été dernier après le Brexit et à l’élection de Donal Trump aux Etats-Unis,  les taux d’intérêts ont fait un bond ces derniers jours avec le Pénelopegate. L’affaire de l’emploi fictif de l’épouse Pénélope Fillon amenuise la probabilité de succès de son époux, François Fillon à l’élection présidentielle. Et augmente de facto la probabilité d’une victoire de Marine Le Pen dont le programme économique affole la communauté financière. De fait, les conditions de crédit de l’Etat Français sur les marchés obligataires internationaux se sont dégradées. Ainsi, l’OAT 10 ans est passé de 0,88% à 1,04% (soit +0,16 point) entre le 24 et le 26 janvier, et de 0,66% à 1,11% ( +0,45 points) entre le 2 et le 30 janvier.

« La dette française semble plus risquée qu’il y a quelques jours », Hervé Hatt, président de Meilleurtaux.com

Après une période de stabilisation de plusieurs semaines positionnant les OAT dans un tunnel allant de 0,65% à 0,85%, qui avait fait suite à une très rapide remontée dans la foulée de l’élection de Donald Trump, les OAT ont, la semaine dernière, et pour la première fois depuis septembre 2015, dépassé le seuil symbolique de 1%. « Le chahut actuel dans la campagne pré-électorale française n’est sans doute pas étranger à cette remontée rapide des taux des obligations du trésor françaises, les investisseurs s’inquiétant de l’impact du PenelopeGate sur les élections à venir », explique Maël Bernier. « En d’autres termes, la dette française semble plus risquée qu’il y a quelques jours », ajoute Hervé Hatt, président de Meilleurtaux.com. La hausse récente n’est donc peut-être que provisoire et l’évolution des OAT sera à suivre dans les prochaines semaines.

… et les crédits immobilier de 0,05% à 0,10% selon les durées

« Les taux affichés sont en légère hausse avec des mouvements compris entre +0,05% et +0,10% selon les durées», observe Maël Bernier, directrice de la communication de Meilleurtaux.com. La durée 20 ans reste stable avec une moyenne à 1,60%, alors que le 15 ans s’apprécie et remonte à 1,40% tout comme le 25 ans qui remonte à 1,90% en moyenne.

Si les moyennes enregistrent des hausses modérées sur toutes les durées, les taux réservés aux excellents dossiers restent totalement stables.

Après une année 2016 exceptionnelle, l’année 2017 a également très bien débuté. La demande notamment pour les acquisitions reste soutenue et l’année démarre même mieux que 2016. Les demandes de renégociation sont en baisse progressive depuis plusieurs mois et représentent de 20 à 25% du total des dossiers.

Du côté des banques, les premiers barèmes reçus sont très loin d’être homogènes : « pour certaines, après avoir augmenté en décembre, elles maintiennent le statu-quo, quelques rares établissements appliquent des hausses de l’ordre de 0,10% à 0,15% principalement une grande banque qui était extrêmement bien placée et nous recevons des barèmes en baisse de 0,10% à 0,15% de la part de grands établissements nationaux», annonce Maël Bernier « En d’autres termes et comme nous l’anticipions déjà il y a quelques semaines : aucune hausse généralisée car l’appétit des banques reste élevé », ajoute-t-elle.

Encore une fois, la dynamique commerciale est plutôt bonne et les banques veulent éviter des impacts trop soudains sur la demande de crédit immobilier et le marché. « Nous continuons donc d’anticiper des niveaux de taux qui ne dépasseront pas 1,70% en moyenne sur 20 ans à la fin du premier trimestre », conclut Hervé Hatt.

Par Ariane Artinian