« La révolution artificielle arrive plus vite que prévu », Christophe Duprat

Christophe Duprat, CEO de Qlower, spécialiste de la gestion, comptabilité et fiscalité des investissements immobiliers, qui permet de piloter son patrimoine immobilier, fait le point sur la révolution artificielle qui arrive plus vite que prévu.

Christophe Duprat, CEO de Qlower

© Qlower

Christophe Duprat, CEO de Qlower

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Bill Gates considère ChatGPT comme la principale révolution technologique depuis la première version d’internet civil et les interfaces graphiques présentées en 1980. La progression de la firme de Redmond au capital d’Open AI (1 milliards de $ en 2019, puis 10 milliards en 2023) font de Microsoft son actionnaire majoritaire, incitant à la prudence vis-à-vis d’une telle déclaration.

Néanmoins, les récentes démonstrations rendues publiques et les cas d’usages bientôt intégrés aux premiers outils du quotidien (Bing pour Microsoft, Chrome pour Bard, l’équivalent de ChatGPT de Google) changent déjà la donne.

La liste des métiers impactés par l’intelligence artificielle ne cesse de s’allonger au fur et à mesure des démonstrations des équipes Produit des logiciels d’IA. Open AI s’est associé à Open Research et l’Université de Pennsylvanie pour mesurer l’impact de l’IA sur 1000 métiers. Conclusion sans appel : les métiers intellectuels sont les plus impactés, avec parmi eux, les mathématiciens, les gestionnaires de données, les concepteurs de logiciels, ou les comptables.

Les métiers de la comptabilité seront très fortement impactés par l’intelligence artificielle

A la croisée des mathématiques, du logiciel et des données, les métiers de la comptabilité seront très fortement impactés par l’intelligence artificielle. Les outils n’intégrant pas nativement cette dimension font face à un risque de déclassement accéléré tant dans leur modèle opérationnel que dans la qualité du conseil dorénavant attendus par les clients.

La France compte 19 000 cabinets comptables employant 180 000 collaborateurs. Sauf quelques exceptions, ces cabinets sont peu digitalisés et souvent utilisateurs de solutions du marché conçues dans les années 90-2000. Les tâches répétitives et chronophages de saisie, de vérification, de mise en forme des données comptables seront très vite et massivement automatisées. C’est déjà le cas chez Qlower présentant une architecture ouverte aux banques et classant automatiquement la plupart des transactions pour les investisseurs immobiliers et détenteurs de SCI.

Première conséquence de cette automatisation, la fiabilité de la donnée comptable progresse et les vérifications intégrées à leur traitement permettent un suivi en temps réel de la compta, de la trésorerie, et une capacité nouvelle à adapter les prévisions aux derniers événements. Jusque-là, un prévisionnel financier nécessitait une intervention d’expert coûteuse en temps et en ressources. Dorénavant, les dernières informations comptables sont intégrées en temps réel et mettent à jour ces projections sans effort.

Face à ces avantages clairs, devons-nous accepter de compromettre la confidentialité et la sécurité des données partagées avec ces moteurs américains ? Quelle garantie contre une backdoor que tout gouvernement puissant a déjà su imposer à ses acteurs technologiques de pointe ? et quelle certitude quant à la production traitée par une « boîte noire » insondable ? Comment réagir lorsqu’une nouvelle version de ChatGPT propose une analyse différente, sans doute meilleure que la précédente ? La mise à jour des solutions utilisatrices peut nécessiter plusieurs mois et surtout éclairer les limites de la version précédente.

L’illustration vient du nouvel outil lui-même : on s’esbaudit en décembre 2022 face à la capacité de ChatGPT à passer le concours du barreau. Seulement 4 mois après, on apprend qu’il n’obtenait qu’un score appartenant au dernier décile des lauréats. 4 mois après, la nouvelle version promet d’être au niveau du premier décile, soit des 10% des meilleurs lauréats. Peut-on faire confiance aux concepteurs pour éclairer les limites du génie artificiel qu’ils ont conçu ?

Les métiers de la comptabilité devront s’adapter à cette nouvelle donne, mais sans précipitation

L’adage manquant du XXIe siècle devrait être : on n’automatise que ce qu’on maîtrise. (0 occurrence sur Google). Les métiers de la comptabilité devront s’adapter à cette nouvelle donne, mais sans précipitation. Avant de s’appuyer aveuglément sur les algorithmes étrangers que nul ne maîtrise vraiment, chacun devra analyser la chaîne de valeur de son activité et distinguer la valeur ajoutée propre à son expertise. Autour de cette valeur clé résident les potentiels d’automatisation prioritaires.

Les métiers du chiffre, en renforçant leur compréhension des technologies d’IA pourront dériver les outils disponibles en solutions maîtrisées et adaptées aux enjeux de confidentialité des données. En adaptant leur positionnement vers du temps réel et du conseil proactif, les métiers comptables pourront revaloriser les activités de conseil plus rémunératrices jusque-là trustées par des profils souvent moins experts.

Par MySweetImmo