« Est-ce le bon moment pour accéder à la propriété ? », Philippe Buyens, directeur général de Capifrance

Philippe Buyens livre son analyse dans un contexte économique dopé par de faibles taux d’intérêt.

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La  question est  souvent posée  : est-ce le bon moment pour acheter son logement ? Les professionnels de  l’immobilier ont bien du mal à soutenir qu’il faut se tenir éloigné de l’accession à la propriété, quelle que soit la période. Sur le fond, leur conviction est  fondée : l’accès à la propriété de sa résidence principale constitue une sécurité à tous points de vue. Elle évite,surtout à partir d’un certain montant de loyer, une dépense en pure perte, assimilable à de la consommation, pour vous faire passer sur le versant de l’investissement et de la constitution de patrimoine. A cet égard, elle force à épargner et en quelque sorte responsabilise. De plus, ne plus supporter de loyer ni de remboursement lorsque sonne l’âge de la retraite, le plus souvent marqué par une baisse de ressources, conditionne la sérénité économique de l’après activité.

Aucun doute donc sur ces réflexions fondamentales. En revanche, le choix du moment est une tout autre problématique et on ne peut nier que l’équation ne soit pas toujours aussi bien équilibrée ni aussi favorable. Depuis deux ans, l’alignement des planètes est remarquable et les ménages ne s’y sont pas trompés: en toute hypothèse, 2016 s’achèvera avec près de 850.000 transactions, en nette progression par rapport à 2015, qui était pourtant un bon millésime. Seulement voilà, les données de l’équation sont en train de changer…

Ce sont d’abord les taux d’intérêt qui augmentent en ce début de mois de décembre. Les banques, si elles ne l’ont pas déjà fait, vont hausser leurs barèmes de 0,05 à 0,2 points. Ce mouvement est encore invisible chez la plupart des prêteurs, mais va se concrétiser dans les prochains jours ou les prochaines semaines. Il faut compléter ce constat, qui n’a rien d’alarmant, par une prédiction sur laquelle tous les observateurs économiques s’accordent : si les prêteurs répercutent l’augmentation des obligations d’État, ils en profitent surtout pour restaurer leurs marges. Cette situation est saine au plan macroéconomique, même si pour un emprunteur, elle est moins alléchante. Par ailleurs, cette augmentation sera digeste : il est hors de question, en France et chez nos voisins, de casser le ressort de la reprise et de la croissance, à laquelle l’immobilier des familles contribue fortement.

Pour continuer, on sent un frémissement des prix sur les marchés les plus tendus, la capitale et sa couronne en tête. Sur douze mois, les notaires ont enregistré à Paris une hausse de 3,5%d’actes. Comme toujours, les autres marchés suivront, même dans de moindres proportions, au fil des mois. Là encore, rien qui puisse inquiéter : ce redressement ne sera pas de nature à désolvabiliser la demande. Néanmoins, au cours de l’année 2017, les prix seront indéniablement haussiers. En tout cas, les exigences des vendeurs s’affichent d’ores et déjà ainsi : les propriétaires cèdent à une certaine griserie,voyant que le rythme du marché est soutenu et que l’accès au crédit est facilité par le faible coût de la ressource. Certes, les conseillers immobiliers sont là pour tempérer leurs ardeurs et garder les prix en phase avec les moyens réels des acheteurs. L’exercice s’est compliqué ces derniers temps, il faut le reconnaître. Les négociations sont devenues de plus en plus âpres. Au passage,on rappellera que recourir à un intermédiaire est de ce point de vue la garantie d’une évaluation ajustée, loin des fantasmes ou des excitations de marché. Quoiqu’il en soit, une certaine hausse des valeurs est à attendre.

Et puis, il y a la donne politique. Notre pays est en passe de renouveler ses dirigeants. On sait qu’il y aura rupture de toute façon puisque l’actuel locataire de l’Élysée ne briguera pas de second mandat. On ne  peut ignorer non plus que son successeur ou sa successeuse procédera probablement à un audit des comptes publics, qui pourrait conduire à des décisions d’austérité et à l’amoindrissement de quelques aides existantes. Le prêt à taux zéro gardera t-il le même profil, singulièrement au profit de l’ancien avec travaux ?  Les aides à la rénovation énergétique, montrées du doigt pour leur poids dans le budget de l’État, demeureront-elles ainsi ? Les collectivités locales, qui proposent de leur côté des aides complémentaires parfois significatives, pourront-elles continuer à le faire ? En matière financière et fiscale, on se doit d’être prudents.

En somme, au-delà des six mois à venir, on assistera à de évolutions,non pas bouleversantes, mais de nature à rendre la situation des accédants à la propriété légèrement différente. Ces anticipations conduisent à conseiller celles et ceux qui ont arrêté leur projet d’acquisition de résidence principale à forcer un peu l’allure pour profiter d’une donne historiquement remarquable.

Et puis, lorsque l’on pose la question de l’opportunité d’acheter son logement, il faut ajouter… que la question est secondaire : l’acquisition de son logement est une réponse la plus souvent urgente à un besoin de vie, loin de la spéculation et du calcul. Les événements de la vie, mariage, naissance, mutation professionnelle, ou marquant des ruptures de l’existence, sont à l’origine des décisions d’accession à la propriété de la première résidence principale comme des suivantes. Il importe alors d’être bien conseillé pour bien choisir. Aujourd’hui, la raison de fond et l’opportunité se rejoignent. Dans cette période, tous les conseillers du réseau Capifrance sont mobilisés comme jamais, pour catalyser et faire aboutir la recherche des familles partout sur le territoire!

Par Ariane Artinian