« Sans Adieu », une ode saisissante à une France perdue

Ne ratez pas la sortie en salle du documentaire réalisé par Christophe Agou le 25 octobre prochain.

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Plein feux sur les oubliés du monde

« Sans adieu », donne à voir le quotidien de Clodette, 75 ans,  et de ses voisins, dans leurs fermes du Forez dans le Massif Central, notamment à Forez (Loire). Oubliés de la consommation, ils vivent  dans leur exploitation avec leurs animaux, dans un monde moderne qui les oublie, et qu’eux-mêmes ne comprennent plus. Tous luttent chaque jour un peu plus, pour préserver leurs biens, coincés dans un espace temps  entre une époque qui n’est plus, et la réalité dans laquelle ils ne rentrent pas. Ils ont été suivis pendant douze ans par le réalisateur Christophe Agou.

Voyage dans France rurale qui s’éteint

« Ils ont des biens mais ces biens ils ne peuvent pas en disposer vraiment. Donc ils se battent pour leur succession, pour la transmission de leur savoir-faire, et même si c’est un combat perdu d’avance, ils continuent avec une dignité extrêmement puissante et toujours une grosse dose d’humanité »,  raconte Pierre Vinour, le producteur du film. Sans Adieu est une réflexion sur le sens du mot territoire, l’appartenance à des terres, et le rapport au temps.  Ecoutez l’interview de Pierre Vinour au micro d’Ariane Artinian sur Radio.Immo. 

Des héros qui se battent avec dignité

« Avec l’âge, la globalisation et le progrès bousculent leurs vies toujours un peu plus. Abdiquer n’est pas au programme et bien que déjà retraités, ils s’accrochent à leurs terres et à leurs bêtes. Derniers représentants d’un monde perdu, la dureté de leurs vies de labeur et de la nature se lit sur leurs visages et sur leurs mains ». Ces mots sont ceux de Christophe Angou, photographe mais surtout réalisateur du film, décédé le 16 septembre 2015, peu après la fin du tournage.

Des images magnifiques et entêtantes

Né à Montbrison (Loire) en 1969, Christophe Agou a vécu une bonne partie de sa vie à New-York pour vivre de sa passion : la photographie. « Au printemps 2002 que j’ai ressenti le besoin de revenir de plus en plus souvent dans mon pays natal, le Forez, pour revoir ceux que j’avais laissés et aimés, mais aussi pour faire de nouvelles rencontres » a-t-il confié. En 2010, il publie  « Face au silence »,  un ouvrage rempli de ses photographies de ces lieux et de ces gens, ceux-là même qui sont devenus, quelques années plus tard, les personnages de « Sans adieux ».

« À l’occasion de ces prises de vues, j’emportais souvent un enregistreur sonore et grâce à ce nouveau matériau, j’ai réalisé un diaporama que j’ai présenté aux Rencontres Photographiques Internationales d’Arles. De temps en temps, on me prête une caméra. J’ai alors pris conscience du potentiel cinématographique de ceux qui sont devenus mes personnages » a-t-il raconté. Pendant douze ans, Christophe Agou va les suivre, les filmer au gré des saisons, pour immortaliser ces témoins d’une France qui disparaît. Il ne connaîtra pas l’aboutissement de ses efforts.

Des oubliés qui s’agrippent à leur monde

La mutation des campagnes françaises emporte avec elle une fange importante de la population, issue de la ruralité. « Claudette, la principale protagoniste de Sans Adieu, vient d’un pays lointain, dont 60% de la population vivait de l’agriculture. Ils travaillaient dur comme métayers et salariés pour le compte de grands propriétaires terriens encore nombreux à l’époque où ils cultivaient leurs propres parcelles de terre, le plus souvent en famille, dans une économie proche de l’autosubsistance ». Sur une musique de Stuart A. Staples, « Sans adieu » immortalise ces moments de vie, entre les quatre murs et les champs qui ont vu grandir ces personnages, et dont il est impossible de les éloigner.

Sans Adieu, un huit-clos, avec Clodette, ses voisins et leurs animaux que l’on regarde le coeur serré…

 

Par Ariane Artinian