La France manque d’ascenseurs, et ça lui coûte très cher

La fédération des ascenseur a commandé une étude pour mesurer le coût et l’impact du manque d’équipement dans les logements neufs. Plusieurs milliards d’euros sont en jeu.

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À première vue, lorsque l’on est bien portant et que l’on n’a pas de problème pour se déplacer, un logement sans ascenseur est une contrainte sans grande conséquence. Mais pour les personnes handicapées, âgées ou les femmes enceintes, la contrainte se transforme en obstacle. La fédération des ascenseurs a voulu chiffrer précisément le coût de cette barrière : elle estime que plusieurs milliards d’euros pourraient ainsi être générés.

Des dépenses de santé publique en hausse

Premier enseignement de l’étude : l’absence d’ascenseur dans les immeubles entraîne une hausse des dépenses de santé publique. Sans possibilité de quitter facilement leur domicile, plusieurs catégories de population sont obligées de faire appel à des services de soins à domicile : les personnes handicapées, les femmes enceintes, les personnes âgées… le remboursement de ces professionnels pèse, à terme, sur les dépenses de santé publique. L’étude estime que l’équipement en ascenseur permettrait de réduire la facture d’environ un milliard d’euros.

De manière plus théorique, le simple fait de pouvoir quitter plus facilement son logement malgré des difficultés à se déplacer est l’un des facteurs qui permettrait de briser l’isolement social dont peuvent être victimes ces catégories de population.

Une valorisation du prix des appartements

L’étude propose également un angle d’approche beaucoup plus prosaïque : celui du prix des logements selon qu’ils soient équipés ou non d’un ascenseur. Ainsi, le prix d’un bien immobilier peut prendre jusqu’à 6 % dans le cas où il est doté d’un tel équipement, alors que la construction d’un ascenseur ne représente que 3 % du coût de construction d’un immeuble neuf.

La fédération des ascenseurs propose ainsi une mesure de « pré-équipement » : laisser, lors de la construction d’un immeuble, un espace vierge suffisamment large (environ 2 mètres carré), pour que les copropriétaires puissent choisir de faire installer un ascenseur. La fédération se dit prête à envisager des facilités de crédit pour financer la future construction

Et chez nos voisins ?
La France accuse un léger retard par rapport à ses voisins directs européens. L’étude cite par exemple le cas de l’Espagne, dont le nombre d’ascenseurs pour 1 000 habitants est trois fois supérieur.
Enfin, la loi ne rend obligatoire un ascenseur que dans le cas des logements neufs de plus de 4 étages. Et ce, pour éviter les « surcoûts de construction ». L’étude complète est disponible ici

© Amanda Mills / USCDCP

Par Édouard du Penhoat