Immobilier neuf : la fin des jours heureux pour les promoteurs ?

Si la demande est toujours soutenue, les ventes aux investisseurs et les mises en chantier sont orientés à la baisse selon les chiffres du 2ème trimestre de l’observatoire de la Fédération des Promoteurs Immobiliers.

© mysweetimmo/adobestock/LC

 0

Léger décrochage des prix

Les jours heureux dans l’immobilier neuf seraient-ils déjà terminés ? Oui, à en croire les dernières données publiées de la Fédération des promoteurs immobiliers. Le premier semestre est pourtant plus que positif. Les ventes de logements neufs reculent légèrement ( -4 %), mais restent à un niveau élevé ( 72 180 transactions pour le premier semestre 2018). Le marché de l’accession progresse de 5,6 % sur le premier semestre et de 10,3 % si on le compare au T2 de 2017 grâce aux taux bas et aux dispositifs d’aides à l’accession dans les zones tendues. Même les prix décrochent légèrement entre le premier et le second trimestre de 2018 en passant de 4 314 €/m² en moyenne sur la France entière à 4 252 €/m².

Des zones d’ombres tenaces

Mais les investisseurs, eux, font grise mine. Leur part recule de 10,4 % entre le premier semestre de 2017 et le premier semestre de 2018. Sur ce point, la FPI se veut rassurante : « L’attentisme sur l’investissement locatif et les ventes en bloc ne doit pas masquer le fait que la demande des ménages reste forte, ce qui maintient les ventes à un niveau élevé », souligne Alexandra François Cuxac, présidente de la fédération des promoteurs immobiliers. Pour elle, la menace se trouve plutôt du côté des mises en vente qui reculent de 10,5 % par rapport au T1 de 2018, malgré un niveau encore élevé (33 448 au second trimestre).

Un recul aux allures de chute dans les grandes agglomérations du pays avec -40 % en Nouvelle Aquitaine, -45 % à Lyon et jusqu’à -70 % à Strasbourg. Seule l’Île-de-France résiste grâce au Grand Paris et voit ses mises vente ne reculer que de 15 %. « Les promoteurs voudraient pouvoir produire davantage pour mieux satisfaire la demande, en termes de quantité, de localisation, et de prix mais ils constatent aujourd’hui que la baisse des autorisations de construire de 15 % cet été, la hausse des prix de construction et les recours sur les permis délivrés réduisent leur capacité à mettre des logements en chantier », indique Alexandra François Cuxac.

Le législateur au secours du secteur ?

La fédération attend ainsi beaucoup de la future loi Élan : « Le texte contient des mesure qui vont nous permettre de faciliter l’acte de construire. L’encadrement des instructions à 10 mois, réaliser du logement évolutif ou encore la simplification des normes vont dans le bon sens », constate la présidente de la FPI.

Vers la fin du Pinel en zone B2

Reste que le secteur, encore trop dépendant du Pinel qui représente près d’une vente sur deux aux particuliers, doit se préparer à la disparition prochaine du dispositif : « On ne pense pas qu’il faille le couper brutalement et pour la fin du Pinel en zone B2, nous allons tenter de négocier un délai de quelques mois pour les clients qui n’auront pas réussi à signer les actes à temps ou si le permis de construire est délivré par tranche. Nous sommes toutefois inquiets pour les communes en zone B2 qui ont un réel besoin de construction et qui pourraient voir la disparition de toutes formes de production une fois le Pinel disparu », déplore Alexandra François Cuxac. Réponse du gouvernement très prochainement, dans le cadre de la loi de finances 2019…

Par Ludovic Clerima
Le projet de loi ELAN accompagne les maires bâtisseurs. S’il introduit des simplifications et des innovations courageuses en faveur d’un choc d’offre (lutte contre les recours abusifs, grandes opérations d’urbanisme, numérisation de l’instruction des permis, transformation de bureaux en logements…), il ne lève pas tous les obstacles à la construction, faute d’avoir reconsidéré les conditions d’exercice du droit des sols.