Peau d’âne, Legrand conte féérique sans Demy faute à Marigny !

Emilio Sagi signe une très belle l’adaptation musicale du film de Jacques Demy sur une partition de Michel Legrand au théâtre Marigny. Laissez- vous enchanter.

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Marigny fait peau neuve avec Peau d’âne

Fermé en 2013, le théâtre a rouvert ses portes il y a quelques semaines. Son nouveau propriétaire, Marc Ladreit de Lacharrière (Fimalac Entertainment) a déboursé quelques 20 millions pour réhabiliter les lieux de fond en comble.

Laissez-vous bercer par la féérie musicale

Autant le dire d’emblée, on arrive sceptique au théâtre Marigny. Quand on a été biberonnée au film de Jacques Demy et Michel Legrand, avec Catherine Deneuve, Jean Marais et Jacques Perrin pour qui on en pinçait, c’est la peur de ne pas être enchantée à nouveau qui nous habite. Lorsque l’orchestre attaque les premières notes, les images se bousculent à l’esprit. La robe couleur de temps. La robe couleur de lune. La robe couleur soleil. Le cake d’amour. La sorcière qui crache des crapauds. Comme dans un rêve.

Plongez dans la forêt mystérieuse et fantastique

Lorsque le rideau se lève, justement, on se retrouve en pleine forêt. La reine se meurt. Et fait promettre à son roi, l’ancien danseur étoile Michael Denart, de n’épouser en seconde noce qu’une femme plus belle qu’elle. Seule sa fille, la gracieuse Marie Oppert qui se protège sous cette peau d’âne, trouve grâce aux yeux du père. La fée Lilas – extravagante Emma Kate Nelson en rollers, se charge de remettre sa filleule sur le droit chemin pour décourager les assauts paternels… Heureusement, elle mettra sur sa route un beau prince, dont la mère se mettra en quatre- l’ancienne danseuse étoile Marie-Agnes Gillot, pour guérir sa maladie d’amour.

Un conte intemporel qui parle à tous

« Le conte de Peau d’âne est difficile à croire, mais tant que dans le monde on aura des enfants, des mères et des mères grands, on en gardera la mémoire », conclut la narratrice, Claire Chazal. Deux heures plus tard, on ressort les yeux qui brillent de cette féérie musicale où tout n’est peut être pas parfait scéniquement, mais où la magie a opéré. « La fée, je comprends pas pourquoi elle épouse le roi. Elle disait qu’elle l’aimait pas au début », s’interroge Camille, 12 ans à la fin de la représentation. « Je ne savais que l’on pouvait tomber malade d’amour »,  s’étonne Victor 13 ans, en évoquant le prince qui cherche à retrouver sa belle. A chaque âge sa lecture du spectacle. Les adultes en tout cas n’ont pas besoin de se plonger dans la psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim – qui d’ailleurs n’évoque pas peau d’âne, pour comprendre que ce conte de Perrault pose l’interdit de l’inceste. C’est cela d’ailleurs qui dérange ma voisine quadragénaire. Et fascine petits et grands…

On aime : Déambuler sur les Champs-Elysées après le spectacle en fredonnant : « Prenez de la, prenez de la farine… » ou encore « Nous ferons ce qui est interdit, nous irons ensemble à la buvette… »

La musique de Michel Legrand. Les sublimes décors de Daniel Bianco. Les costumes somptueux , la robe couleur de lune, la robe couleur de soleil – moins celle couleur du temps.

En pratique : Jusqu’au 17 février. Au théâtre Marigny. Du mardi au dimanche à 20h. Matinée à 15h le samedi, à  16h le dimanche. A partir de 36 euros. Réservations : 01 76 49 47 12.

 

Par Ariane Artinian