« C’est comme si le confinement avait duré 24h, on reprend exactement là où on en était il y a plus de 2 mois », Brice Cardi
Brice Cardi, président du réseau L’Adresse évoque la reprise -très active au micro Alexis Thiebaut pour Mon Podcast Immo.
Mon podcast Immo se tourne vers l’avenir. Quel visage aura demain le secteur de l’immobilier en France ? Quelles leçons les grands acteurs ont-ils tiré de cette crise ? Qu’est ce qui va changer ? Brice Cardi, président du réseau L’Adresse a répondu aux questions d’Alexis Thiebaut.
Comment se passe le déconfinement pour l’Adresse ?
Il se passe très bien. Il est même assez surprenant pour plusieurs raisons. La première, c’est que la reprise se fait sur les chapeaux de roue. D’abord, il a fallu répondre à tous les projets qui avaient été amorcés avant la mise en place du confinement, que ce soit en transactions avec les compromis qui doivent mener leur terme chez les notaires ou les offres et les visites qui avaient été préalablement installées avant le confinement pour les matérialiser en compromis de vente. Sans oublier toutes les locations qui avaient également été lancées avant le confinement, avec les états des lieux de sortie et d’entrée. Donc, clairement une reprise sur les chapeaux de roue pour l’ensemble de nos de nos sociétaires.
Quelles leçons tirez-vous du confinement ?
Nous avons mis en place un certain nombre de choses que nous allons pérenniser. La première, qui nous a beaucoup servi et que nous avions commencé à mettre en place depuis 2 ans, c’est la possibilité d’être 100% dématérialisé, quel que soit l’acte, que ce soit la prise de mandat, le bon de visite ou l’offre ou le compromis. C’est 100% dématérialisé depuis plus de deux ans auprès du réseau, avec bien évidemment à la clé la signature électronique. Cette même signature électronique qui nous a permis pratiquement jusqu’au 15 avril de pouvoir mener à terme, sous forme de compromis électroniques, 95% de projet qui avait été amorcé avant la mise en place du confinement.
Autre chose : le conseil d’administration, qui je le rappelle, est composé à 100% de sociétaires qui sont eux-mêmes patrons d’agences immobilières, a su prendre une décision que je trouve important de souligner. Cette décision, c’est que le réseau « L’adresse » a équipé ses 350 agences pour la visite virtuelle, tant sur la partie matérielle que sur la partie formation / abonnement / création de compte. Cette expérience singulière apportée par le confinement nous montre qu’aujourd’hui, les gens vont optimiser leurs déplacements. Si on peut faire des prévisions avec la visite virtuelle, ça nous a semblé complètement incontournable. C’est peut-être la chose la plus essentielle.
Quel est le bilan de ces deux mois de confinement ?
Plusieurs choses. D’abord, cette période nous a obligé à nous réorganiser, mais de manière positive. On avait tous ces outils de visioconférence mais on ne s’en servait pas forcément au quotidien. Cette crise nous a permis d’être encore plus agiles et encore plus réactifs pour pouvoir conduire beaucoup de projets. C’est important pour un réseau comme le nôtre qui est un réseau coopératif ou chaque patron d’agence est associé et participe à la prise de décision et à l’évolution du réseau.
Par ailleurs, on a pu constater de manière très positive l’adhésion des clients. Le réseau a su se réinventer pendant le confinement pour pouvoir permettre de travailler avec des outils de pré-estimation à distance. Et on a constaté, quels que soient les profils et les âges de nos clients, qu’ils trouvaient cela assez bien fait, même si on constate aussi que la visite reste incontournable. En effet, l’ensemble de nos vendeurs qui avaient engagé des estimations à distance ont vraiment souhaité tous nous rencontrer. L’œil aguerri et professionnel d’un expert restent indissociables dans la mise en vente d’un projet.
Y aura-t-il « un avant et un après » Covid… ou tout va recommencer comme avant ?
Quand je vous disais au début de cet échange que la reprise est assez surprenante… C’est comme si le confinement avait duré 24 heures et qu’on avait repris l’activité exactement comme on l’avait laissé il y a plus de deux mois. Que ce soit sur la rareté de l’offre ou sur le dynamisme du marché. Le scénario que la profession voulait justement éviter c’était le scénario attentiste. Clairement, on n’est pas du tout dans ce registre-là. C’est même l’inverse. C’est une reprise très, très active, avec beaucoup de visites et surtout beaucoup d’offres. Et ça peut-être cela le plus surprenant. Donc, celles et ceux qui avaient imaginé un scénario catastrophe avec un décrochage des prix et l’attentisme fort de nos clients… force est de constater que c’est tout l’inverse qui se passe.
Je pense que le vrai voyant qui va nous apporter plus de lumière à l’entame de l’automne, c’est de voir si les banques ont pu être dans la même démarche, le même dynamisme. Ça, c’est un petit peu le point d’interrogation. Comment vont se conduire les banques ? Est-ce qu’il va y avoir beaucoup d’octroi de prêts ? Mais clairement, les Français nous ont démontré qu’ils ont eu un temps largement suffisant pour pouvoir mûrir leur projet ou parfois même imaginer de nouveaux projets. La pierre reste plus que jamais une valeur refuge.
Quelle leçon de vie vous tirez de cette crise ?
Je pense que ça a été l’occasion de se rapprocher des siens. Se rapprocher de ses proches, se rapprocher de ses familles, parfois même des anciens qui ont été plus que jamais, malheureusement touchés par ce virus.
Ça a été l’occasion, comme je le disais préalablement, de pouvoir mieux s’organiser, mieux communiquer. Et aussi fou que cela puisse paraître, on n’a jamais été aussi contraint d’être bloqué chez soi mais grâce à ces nouveaux outils, on a été plus que jamais proche de certains, dont on avait parfois plus de nouvelles. Donc, ça a été l’occasion, peut-être, de se concentrer et de se recentrer sur des vraies valeurs que sont la famille, les amis, les proches.
Et puis, on s’aperçoit finalement qu’avant, on perdait un temps fou à se déplacer (ce qui est déplorable écologiquement). Cette crise a été l’occasion de pouvoir se concentrer sur des choses essentielles et surtout de pouvoir interagir à distance, parfois mieux que ce qu’on faisait quand on était dans les mêmes bureaux.