Philippe Taboret (CAFPI) : « 67% des moins de 34 ans veulent investir dans l’immobilier »
Mon Podcast Immo reçoit Philippe Taboret, directeur général adjoint de CAFPI, au micro de Fred Haffner
Après avoir conduit une étude sur les primo-accédants avec l’Ifop, le courtier CAFPI a dressé une carte de France des jeunes emprunteurs riche d’enseignements. Quelles sont les régions où on emprunte le plus tôt, le plus longtemps, où l’on favorise le neuf…? Les réponses avec Philippe Taboret, directeur général adjoint de CAFPI.
Mon Podcast Immo : Quels sont les principaux enseignements que l’on peut tirer de l’étude IFOP pour CAFPI ?
Philippe Taboret : Ce qui apparaît sur la carte de l’étude est qu’il y a beaucoup de variations par région. Nous avions mené l’enquête, grâce à l’Ifop, sur tous les primo-accédants. Ces derniers n’ont pas d’âge précis, ils sont âgés comme jeunes.
Nous avons raisonné par tranches d’âge et nous nous sommes aperçus que pour les moins de 34 ans, il y a une appétence pour l’immobilier. Devenir propriétaire de sa résidence principale ou investir lorsque l’on n’a pas les moyens de l’acheter, sont des envies très importantes puisque 67% des 25-34 ans nous répondaient vouloir investir dans l’immobilier. Lorsqu’ils réussissent à épargner, ils destinent ce montant à l’immobilier : pour une rénovation ou un achat.
Nous nous sommes intéressés, grâce à notre base de données (40 000 dossiers par an), aux emprunteurs CAFPI de moins de 34 ans. Nous avons regardé s’ils étaient plus ou moins pénalisés, si les différentes évolutions du marché – critères, conditions d’accès par les banques, taux d’intérêts – leur sont plus ou moins favorables. Nous avons régionalisé ces données pour savoir si à Paris, à Lille ou à Bordeaux, les évolutions étaient similaires.
Mon Podcast Immo : Nous aurions pu imaginer que l’immobilier n’était plus quelque chose qui attirait les jeunes, expliquez-nous ce qui est rassurant dans la pierre…
Philippe Taboret : La tranche d’âge des emprunteurs baisse chaque année, nous constatons qu’elle rajeunit. Lorsque nous interrogeons ces jeunes, nous remarquons que ce sont sûrement les plus inquiets de l’avenir. Ils se disent qu’entre louer ou acheter, il vaut mieux acheter, que la pierre est un domaine sûr.
Les jeunes aiment leur confort, ils se disent qu’en achetant un bien cela leur permettra d’être plus sûrs pour leur avenir, et plus concrètement, de pouvoir recevoir des amis, d’être bien et en sécurité.
Mon Podcast Immo : Quelles sont les régions où l’on est prêt à emprunter ?
Philippe Taboret : L’étude concerne les moins de 34 ans donc nous avons essayé de connaître les régions où se situaient les jeunes emprunteurs. Nous avons constaté que plus de 51% des primo-accédants à avoir moins de 34 ans se trouvent en Bretagne. Dans d’autres régions, comme l’île de France où les prix sont très élevés, ils sont un peu plus vieux, ils ont besoin d’attendre d’épargner ou de progresser dans leur carrière pour pouvoir devenir propriétaire.
Nous avons remarqué des disparités sur l’épargne, puisque le taux d’apport moyen varie d’une région à une autre. La tolérance des banques qui finance avec moins d’épargne sur certaines régions, où les revenus sont plus faibles et où la capacité d’épargner est moindre, y est peut-être pour quelque chose. Pour ce point-là, la Bourgogne-Franche-Comté a un taux d’apport moyen de 5% sur les dossiers que nous avons financé.
Mon Podcast Immo : Si l’on regarde la région des Hauts-de-France, c’est ici que les jeunes s’endettent le moins longtemps, expliquez-nous…
Philippe Taboret : Effectivement, dans la région lilloise les jeunes s’endettent moins longtemps, ils sont plus prudents. Ils cherchent la durée la plus courte, bien que cette durée reste longue puisque l’on parle de la classe d’emprunteur ayant besoin d’un maximum de durée pour emprunter le maximum de capital, pour répondre aux besoins du marché et à la tension des prix. Les prix sont un petit peu plus faibles en Hauts-de-France que dans d’autres régions, ce qui peut expliquer cette donnée. Mieux maîtrisée, la durée moyenne est de 275 mois pour cette classe d’emprunteur.
Mon Podcast Immo : Où est-ce que le neuf attire le plus ?
Philippe Taboret : Le neuf attire dans les régions où l’on construit le plus et moins sur les zones tendues. L’Est est assez friand de neuf. Dans la Nouvelle-Aquitaine également, où il y a des zones qui se développent énormément avec beaucoup d’offres de neuf.
Il y en a beaucoup moins en Île-de-France, puisque la capacité à construire du neuf et à offrir des prix accessibles pour ces jeunes emprunteurs est plus rare.
Mon Podcast Immo : Est-ce plus difficile pour CAFPI d’obtenir des autorisations de prêt de la part des banques pour les moins de 34 ans ?
Philippe Taboret : Les autorisations se durcissent, surtout depuis l’année dernière avec les recommandations du HCSF, ces fameux critères de la Banque de France qui durcissent les conditions d’octroi de crédit. Les durées ont été raccourcies alors les jeunes emprunteurs empruntaient souvent sur 30 ans, maintenant, nous sommes limités à 25 ans dans l’ancien et 27 ans dans le neuf pour un paiement fractionné.
Pour autant, en ce début d’année, nous retrouvons une forte présence des primo-accédants, même les plus jeunes, puisque nos statistiques sont remontées à 66% de notre activité sur du primo-accédant au mois de mai dernier. Les jeunes sont encore fortement présents dans cette catégorie des moins de 34 ans alors que d’habitude nous sommes plutôt aux alentours de 60%.
Je crains l’avenir pour les moins de 34 ans, puisque les conditions risquent de se durcir, avec une augmentation des taux prévue d’ici la fin de l’année et des banques qui vont être plus exigeantes sur la fin de l’année à la suite d’un ralentissement de la production. Les jeunes en subiraient les conséquences car ce sont des catégories avec le moins d’apport, durées plus longues, moins de revenus, moins de stabilité d’emploi.
Mon Podcast Immo : Que conseillez-vous pour investir en immobilier ?
Philippe Taboret : Il n’y a pas de solution généralisée qui serait la même règle pour tout le monde, CAFPI étudie chaque cas particulier.
Pour certains, il suffirait de les aider à trouver des aides de financement pour constituer un apport plus conséquent. Nous les aidons également à convaincre leur famille de les aider à financer leur projet. Nous conseillons ces jeunes à avoir une gestion améliorée de leurs revenus de manière à préparer l’opération. Ils peuvent aussi reporter de quelques mois voire années leur investissement et d’arriver en force au moment de l’opération.
C’est le bon moment d’acheter puisque les taux sont très bas, mais il faut avoir un projet défini, trouver un bien immobilier qui nous correspond et d’en trouver le financement. Il faut s’engager, il n’y a pas de miracle à attendre du marché.