Crise de l’immobilier en Chine : Les jeunes fans d’exploration urbaine de lieux désaffectés (Urbex)
Alors que la crise immo en Chine laisse des chantiers à l’abandon, des jeunes se tournent vers l’urbex, une passion risquée mais en plein essor.

© Hector Retamal/ AFP
Le mannequin Mao Yi posant allongée au sol dans une pièce d’un hôtel abandonné à Shanghai
L’Urbex, une passion pour les ruines modernes
Alors que la crise immobilière en Chine laisse derrière elle une multitude de chantiers inachevés, une nouvelle génération de jeunes Chinois se passionne pour l’exploration urbaine. Inspirés par une tendance venue d’Occident, ces explorateurs pénètrent illégalement dans des lieux désaffectés pour les photographier et les partager sur les réseaux sociaux. Un phénomène qui soulève autant d’engouement que de questions sur la sécurité et la légalité.
Urbex : qu’est-ce que l’exploration urbaine ?
L’urbex, ou exploration urbaine, consiste à pénétrer dans des lieux abandonnés ou interdits, souvent sans autorisation. Popularisée en Occident, cette pratique attire une communauté croissante d’amateurs de frissons, fascinés par l’esthétique des ruines modernes.
Portée par les réseaux sociaux, elle soulève de nombreuses questions : sécurité des sites, légalité des intrusions, responsabilité en cas d’accident. En Chine, la crise immobilière a accentué le phénomène : les friches et chantiers à l’arrêt offrent un terrain d’exploration inédit pour une jeunesse en quête d’évasion.
Des terrains de jeu nés de la crise immobilière
Cheveux décolorés et appareil photo en main, Xu Pengcheng fait partie de ces nouveaux explorateurs urbains qui bravent les interdits pour pénétrer dans les entrailles des villes chinoises abandonnées. Ce trentenaire, actif dans la tech, documente ses périples sur les réseaux sociaux, où il rassemble une communauté de plusieurs centaines de milliers de fans. Pour lui, l’attrait réside dans le caractère unique et étrangement esthétique de ces lieux oubliés.
Le ralentissement du marché immobilier chinois a laissé de nombreux projets inachevés, devenus autant de spots pour les amateurs d’urbex. À Shanghai, le Pentagon Mall illustre bien ce phénomène : cet immense centre commercial jamais achevé est aujourd’hui un repère pour les explorateurs. Les tags sur les murs et les restes de vie quotidienne témoignent d’un va-et-vient discret mais régulier.
Une pratique communautaire mais risquée
Au-delà de l’exploit individuel, l’urbex en Chine se vit comme une aventure collective. Des pseudonymes comme « Sean » ou « Nov » masquent les identités d’explorateurs soudés par une même passion. Mais le danger est omniprésent : bâtiments instables, clous rouillés, absence de lumière… Les accidents ne sont pas rares et les propriétés peuvent être gardées par des vigiles peu enclins à la clémence.
Sur les réseaux sociaux chinois comme Xiaohongshu, les publications d’urbex sont encadrées. Des messages d’avertissement apparaissent dès qu’on recherche des lieux abandonnés. Pourtant, cela n’empêche pas les jeunes comme Mao Yi, mannequin, de poser dans ces décors insolites. Pour elle, c’est un moyen d’échapper à la routine urbaine et de redonner vie à ces friches.
« Ces bâtiments déserts offrent un sentiment de liberté qu’on ne trouve plus dans nos villes modernes », affirme Xu Pengcheng, dont les clichés suscitent admiration et interrogations.