Urbanisme, Formation, Education… L’injonction de l’inclusion

Ecole inclusive. Entreprise inclusive. Ville inclusive. Dans une société de plus en plus « normalisante », qui broie ceux qui sortent du moule – par le haut ou par le bas, l’inclusion est une nouvelle injonction.

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Après la ville inclusive – on en a beaucoup parlé en début de semaine au 48ème Congrès de la Fédération des Promoteurs Immobiliers (FPI) à Biarritz, je participais ce matin pour les 40 ans de l’Ecole de Paris des Métiers de la Table et de la Restauration (EPMT) à une table ronde sur l’inclusion professionnelles des personnes en situation de handicap animée par Claude Carat, après une brillante intervention du philosophe écrivain voyageur avec autisme Joseph Schonavec et une prise de parole remarquée du Chef de l’Elysée, Guillaume Gomez -ancien élève de l’EPMT.

L’inclusion professionnelle des personnes en situation de handicap ?   » Non, de personnes en difficultés dans certains contextes, comme chacun d’entre nous… de personnes singulières », ai-je précisé d’emblée. De personnes qui ne rentrent pas le moule d’une société hyper normalisée, où les neurotypiques font la loi. De personnes qui convoquent non pas le portefeuille, mais l’humanité de leur interlocuteur. Et pour qui le plus important, bien au-delà des fonds débloqués, reste le regard de l’autre. Un regard forcément « travaillé » , qu’on le veuille ou pas, par les « étiquettes » réductrices mais indispensables pour le déblocage d’aides financières, posées ici et là.

« Il a suffi qu’une seule personne pose sur moi un autre regard, un regard bienveillant pour que je ne sois plus considérée comme une débile mentale, pour que tout se déclenche… », racontait à la tribune, Stéphanie Chalin, autiste passée par l’architecture, le journalisme et la communication. Comme quoi tout ne se résume pas à une question d’euros. Le regard de l’autre, l’exigence, la dignité, l’humanité, on y revient.

C’est exactement comme la question des migrants, tiens. « On n’a jamais fait autant que cette année pour l’hébergement d’urgence. On a débloqué 2 milliards d’euros», me disait lundi soir, Jacques Mézard, Ministre de la Cohésion des territoires  dans la foulée de son intervention au Congrès de la FPI. «Cela ne veut pas dire que c’est assez, cela veut dire que c’est beaucoup ». Et de poursuivre : « On ne peut pas être insensible aux situations humaines quand on est sur le terrain. » Tous les travailleurs sociaux le savent, il y a des personnes qui sont dans la rue, qui n’ont pas choisi d’y être, qui ne sont pas heureux d’être là… mais qui  n’ont pas envie non plus d’aller dans les fameux centres d’hébergement. Et pour qui peut-être aussi un regard bienveillant pourrait suffire à ce qu’autre chose se déclenche…

Personnes en situation de handicap, exclus, migrants… Ce qui est sûr, c’est que la réalité, est souvent bien plus compliquée que les « Y’a qu’à, Faut qu’on », des grandes déclarations emplies de bons sentiments. Ce qui est sûr aussi, c’est que l’inclusion, ce mot que l’on met aujourd’hui à toutes les sauces, est le symptôme d’une société mondialisée, ultra normalisante… machine à exclure, dont le phénomène des migrants serait une autre manifestation symptomatique appelant la même injonction d’inclusion.

Par Ariane Artinian