« Il faut inventer de nouvelles formes de travail avec des espaces partagés et du lien social », Muriel Pénicaud

Muriel Pénicaud, ministre du Travail, revient sur les conséquences de la métropolisation et sur le droit à la déconnexion. Elle est au micro d’Ariane Artinian à l’occasion du 1er forum Global Cities Makers.

 1

« Dieu sait que la ministre du Travail promeut le travail… mais je le dis : il faut se déconnecter ! » Est-il paradoxal de voir Muriel Pénicaud faire l’éloge de l’oisiveté ? Pas tant que ça, si l’on prend dans la globalité les réponses que nous a faites la ministre du Travail lors du forum Global Cities Makers, le 15 février à la Chambre de commerce et d’industrie de Paris.

La ministre prononçait le discours inaugural de la seconde journée de ce forum, entièrement consacrée au travail et aux nouvelles formes que lui donnent les grandes métropoles. Ces vastes ensembles urbains seraient, d’après Muriel Pénicaud, des armes à double-tranchant. « La métropolisation de nos grandes villes bouleverse beaucoup de choses, développe la ministre. Elle transforme nos modes de travail, de transport, notre manière de nous loger… On voit bien qu’il faut impérativement répondre à ces nouvelles formes, et inventer de nouvelles manières de travailler : des espaces partagés, qui créent du lien social… »

Néanmoins, la ministre du Travail met en garde contre des inventions stériles, voire inutiles : « Les métropoles sont-elles juste une concentration de valeur, de richesses et de compétences, s’interroge-t-elle, ou bien vont-elles permettre une meilleure inclusion pour tous les citoyens ? »

Les métropoles invitées à s’ouvrir sur le monde rural

Ainsi, d’après la ministre, les métropoles ne peuvent pas rester cloîtrées sur elles-mêmes, ou uniquement connectées avec les autres grandes villes dans le monde. « Si nos concitoyens voient que leurs enfants partent faire leurs études ou vivre dans ces nouvelles métropoles, mais que rien de tout ceci ne leur bénéficie, alors nous courons le risque de voir s’accroître la fracture territoriale de notre pays. »

Concrètement, Muriel Pénicaud met en avant les actions entreprises par le gouvernement, à savoir le plan de formation d’un million de jeunes et d’un million de chômeurs, deux enveloppes à quinze milliards d’euros. Elle rappelle également que différentes ordonnances sont venues assouplir le droit au télétravail pour les salariés ou encore que le gouvernement met l’accent sur l’apprentissage des étudiants. Dans ce cadre, les métropoles sont invitées à « tendre la main » aux jeunes issus des quartiers difficiles en devenant des bassins d’emploi pour tous.

Le droit à la déconnexion de plus en plus important

Autre versant de ces nouvelles manières de travailler : le risque pour les salariés d’être en permanence connectés à leur emploi. Un problème que Muriel Pénicaud résume avec humour : « Dieu sait que la ministre du Travail promeut le travail, s’amuse-t-elle donc, mais être connecté en permanence est mauvais sur tous les plans, et c’est une mauvaise vision de la performance ! »

La ministre prône donc la déconnexion pour prendre du recul face à son emploi, pour se remettre en cause et pour, finalement, être plus efficace et plus innovant. Tout en concédant que les salariés, aujourd’hui, traversent pour beaucoup une période de grand flou : « Un métier sur deux sera profondément transformé par le numérique, rappelle la ministre, et il apporte autant de risques que d’opportunités ! »

Par Ariane Artinian