Existe t-il vraiment une égalité hommes femmes dans le crédit ?
Les banquiers tiennent-ils compte des spécificités hommes femmes lorsqu’ils épluchent un dossier de crédit ? L’analyse de Bruno Rouleau, directeur des partenariats et porte parole de l’enseigne In&Fi crédits.
La perspective d’une grossesse joue dans l’analyse du dossier
La situation personnelle, tout d’abord, a du mal à pourfendre les clichés. Comme nombre de recruteurs, les banquiers portent une attention particulière aux femmes en âge d’avoir des enfants. La perspective d’une grossesse, et d’une pause dans l’activité peut être considérée comme un facteur de risque salarial pour les candidates au crédit ayant un job nécessitant de nombreux déplacements et celle disposant d’une revenus variables dépendant de leur activité relationnelle.
La pension alimentaire, un facteur de risque
La situation matrimoniale aussi renforcera les interrogations de l’analyste crédit, notamment en présence d’une personne divorcée avec des enfants à charge. La pension alimentaire n’est pas un acquis total. Elle peut être remise en cause s’il y a une nouvelle union, si les enfants prennent leur envol financier, ou si l’ex- époux ou compagnon ne paie plus la pension. C’est alors une double peine, certes, mais en cas de contentieux, la Justice ne pardonnerait pas au banquier d’avoir mis en danger la personne, en n’anticipant pas ce risque.
Les revenus professionnels des femmes sont regardés à la loupe
Les revenus professionnels sont susceptibles d’être examinés aussi avec beaucoup d’attention. Que ce soit dans le cas d’un statut de temps partiel ou aménagé, l’analyste s’intéressera à l’évolution probable de cette particularité. Si la personne assure qu’elle reprendra à temps plein, l’engagement ne sera souvent pas retenu tant qu’il n’aura pas été constaté. Cette particularité existe aussi de plus en plus pour les hommes, mais il faut bien avouer qu’elle est beaucoup plus rare. Réciproquement, si la personne travaille à temps plein et envisage de devenir maman, ou est enceinte lors de la souscription du contrat de prêt, l’hypothèse de la demande d’aménagement sera forcément présente dans l’esprit du banquier prêteur, avec son lot de conséquences salariales. La baisse de la fiscalité pourrait dès lors être un événement modérateur, mais il se
trouve que l’impact fiscal n’est que très rarement pris en compte par les banquiers.
Les femmes ont perdu leur avantage en matière d’assurance de prêt
Enfin, le sujet de l’assurance de prêt qui était plutôt favorable aux femmes emprunteuses jusqu’il y a peu, est depuis 2013 uniformisé, au prétexte de l’égalité totale de traitement. Donc, si on excepte l’espérance de vie encore un peu plus longue pour les femmes, plus aucune différence n’est faite. A noter toutefois que les conséquences médicales de certaines grossesses ou pathologies féminines peuvent générer une surprime ajoutant au coût total du crédit.
Sur le papier, la question de l'égalité face au crédit ne se pose pas. La loi interdit toute discrimination sexiste au niveau d'une demande de crédit. En pratique, les femmes cumulent souvent pourtant les facteurs de risque aux yeux des analystes crédits.