« Des recommandations du HSCF à la crise du coronavirus : vers la récession des marchés immobiliers », Michel Mouillart

Comment la crise du coronavirus peut-elle impacter le marché des crédits immobiliers, qui souffre déjà d’un ralentissement lié aux recommandations du HCSF ? Michel Mouillart, professeur d’économie et FRICS livre son analyse au micro de MySweetimmo

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Le marché est entré en période délicate fin 2019 avec les mouvements sociaux…

Dès l’automne 2019, l’incertitude a entaché l’horizon des marchés immobiliers. Dans le contexte des mouvements sociaux provoqués par le projet de réforme des retraites, les ménages ont commencé à prendre conscience des risques qui pesaient sur leur pouvoir d’achat futur. Et les particuliers qui envisagent de réaliser des projets immobiliers sont toujours très attentifs aux évolutions à venir dans leur environnement financier et budgétaire.

… puis les recommandations mal fondées du HCSF

Les recommandations du Haut Conseil de Stabilité Financière émises en décembre dernier sont pour le moins surprenantes. Aucun des arguments avancés par la Banque de France  (surendettement, défaut de paiement, risque de déstabilisation du système bancaire, …) n’est solidement fondé.

Compte tenu de ce contexte défavorable, nous tablions sur une perte d’activité de l’ordre de 7% en 2020. On s’attendait à perdre 60 000 achats de logements anciens réalisés par les ménages en 2020 … pour un total d’environ 100 000 unités à l’horizon 2021 (sans oublier une vingtaine de millers de mises en chantier perdues). Soit un choc comparable à celui de 2008.

La crise du coronavirus renforce les incertitudes

Ni les ménages, ni les marchés boursiers n’aiment l’incertitude. L’épidémie aura des effets notables sur la croissance et un impact considérable sur les capacités de réalisation des projets des ménages.

La situation est invraisemblable : alors qu’elles devraient venir en soutien de l’économie réelle face à une crise, les autorités monétaires ont confirmé des décisions qui vont pénaliser davantage le secteur de l’immobilier. On a l’impression que la leçon des décisions monétaires prises à contre-courant durant l’été 2008 n’ont pas été retenues.

Il faut néanmoins espérer que les autorités de contrôle des banques vont revenir sur leur décision de restreindre l’investissement immobilier en France. Alors qu’en l’état actuel des connaissances, on sait que l’impact des recommandations du HCSF conjugué aux effets désastreux du coronavirus va être sévère sur le secteur de l’immobilier résidentiel. Et surtout, on peut rappeler que les autorités monétaires européennes assouplissent encore leurs interventions afin de soutenir à bouts de bras les économies réelles de la zone euro ! Car elles ont bien compris que la lutte contre le coronavirus passe aussi par le soutien à l’économie.

Michel Mouillart, Professeur d’Economie, FRICS