« Nous voulons une ville faite par les citoyens, mais aussi pour les citoyens », Frédéric Verdavaine, Nexity
Frédéric Verdavaine, DG délégué de Nexity, est l’invité de Mon Podcast Immo. Il nous parle logement étudiant et de la ville de demain.
Mon Podcast Immo vous parler aujourd’hui des résidences étudiantes. Va-t-on vers une hausse des loyers dans ces résidences ? Quelles solutions s’offrent aujourd’hui à eux ? A quoi ressemblera la ville étudiante de demain ? Frédéric Verdavaine, DG délégué de Nexity, en charge du Client particulier et des résidences étudiantes, répond aux questions d’Alexis Thiebaut.
En quoi Nexity/Studéa est engagé dans le logement étudiant ?
On ne se contente pas seulement d’héberger les étudiants, ce qui est déjà un enjeu en soi, on essaie aussi d’être au plus près de la problématique que peuvent rencontrer les étudiants et leurs parents, notamment les problématiques de pouvoir d’achat, de solvabilité, d’anxiété aussi. Sur les sujets que je viens d’évoquer, par exemple, sur la solvabilité, on essaie de les aider à trouver des jobs, on organise des job-dating au sein des résidences, on essaie sur l’anxiété de les accompagner avec des psychologues. Tout ça de façon complètement gratuite.
Donc, on essaie au fond d’être au plus près de leur vie, de la comprendre et de s’adapter à ce qu’elles sont. Nous faisons évoluer nos résidences en travaillant avec les étudiants sur le concept. On les fait s’exprimer sur ce qu’ils souhaiteraient en termes de résidence. Quelle serait pour eux une résidence idéale ? On travaille avec eux dans des groupes de réflexion, sur les parties communes, sur les espaces de convivialité… C’est plus qu’un hébergement. On essaie de comprendre ce qu’est la vie d’un étudiant et peut être aussi les problèmes que peuvent rencontrer les parents de ces étudiants.
Vous allez vraiment rembourser le mois de septembre à ceux qui réservent aujourd’hui ?
Tout à fait. La majeure partie des étudiants a un vrai sujet de pouvoir d’achat. A titre indicatif, 50% des étudiants de moins de 22 ans travaillent pour payer leur logement et leurs études. Donc, nous, on essaye de faire en sorte d’atténuer cet impact du coût du logement dans leur budget. Donc, oui, pour tous ceux dont le contrat débute avant le 7 juillet ou avant le 31 juillet selon les résidences, on rembourse l’intégralité ou au moins 50% du loyer de septembre. C’est un élément qui est important pour nous. C’est notre façon de s’engager auprès d’eux.
La crise économique menace. Allons-nous vers une hausse des loyers des logements étudiants ?
Pour répondre à cette question, il faut avoir conscience d’un premier point : les loyers sont régulés par la loi. La loi définit de façon assez précise la façon dont on peut augmenter ou pas les loyers. Ce sont des augmentations qui sont basées sur un indice qui corrige un peu l’inflation. Mais le vrai sujet, c’est que le pouvoir d’achat des étudiants n’est pas extensible. Donc on augmente très légèrement nos loyers, principalement parce qu’on fait on fait des travaux dans les résidences, parce qu’on les aménage, parce qu’on offre des services qui sont la plupart du temps gratuits. Donc, on n’a pas d’augmentation réelle des loyers.
On essaye en plus d’offrir un maximum de services qui sont inclus dans le loyer. Je vous parlais tout à l’heure des psychologues : on offre des consultations avec des psychologues et c’est complètement gratuit.
Vous venez de nouer un partenariat avec La Poste ?
Le partenariat avec La Poste, c’est un partenariat qui est beaucoup plus global que le sujet étudiant. C’est un partenariat du groupe sur une multitude de sujets. Notre idée, c’est de travailler sur un sujet qui est très important pour l’étudiant : l’envoi et la réception de colis. Et puis tout ce qui est aussi service de conciergerie dans nos résidences. Notre idée, c’est de travailler avec La Poste pour imaginer des boîtes aux lettres modernes, connectées, Bluetooth, qui permettent 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 de recevoir les colis. On sait très bien que les étudiants sont des gros consommateurs de commandes sur Internet et c’est assez important, voir même vital, de recevoir les colis le plus rapidement possible et à n’importe quel moment du jour et de la nuit.
Dans la présentation de votre partenariat avec La Poste, vous parlez d’une ville de demain inclusive. Qu’est-ce que c’est ?
Je vais essayer de le dire simplement parce que c’est un terme qu’on emploie beaucoup. Moi, je pense que c’est d’abord une ville qui est faite par les citoyens, quel que soit le citoyen, sans différence de race, de genre, mais aussi de pouvoir d’achat. Parce que c’est la ville, elle ne peut pas être faite que pour une certaine catégorie sociale. Elle doit être aussi riche de sa mixité et notamment sa mixité sociale. On parle beaucoup de phénomènes de gentrification. La gentrification, c’est le fait qu’on attire plus que ceux qui sont riches dans les villes, parce que le coût de la vie dans les villes est tellement cher qu’au fond, on fait une sélection par l’argent. Ça c’est tout sauf une ville inclusive. Nous voulons une ville faite par les citoyens, mais aussi pour les citoyens. Il faut que cette ville corresponde à leurs usages. Et donc construire cette ville avec les citoyens, les faire participer à ce que pourrait être la ville de demain.
L’échelle humaine de la ville c’est le quartier. Il faut travailler avec les gens qui habitent dans un quartier pour essayer de comprendre ce qu’ils veulent dans leur quartier. Alors nous, en tant qu’opérateur de logements, forcément, on a un rôle clé à jouer là-dedans. On bâtit des immeubles, on bâtit des quartiers. Donc il est essentiel qu’on travaille avec les citoyens qui vont vivre dans ces quartiers pour faire en sorte qu’ils s’y retrouvent en étant heureux.
On parle toujours du vivre ensemble. Moi, je préfère parler du vivre les uns avec les autres. Parce qu’au fond, on peut vivre ensemble sans jamais regarder l’autre, alors que le Covid-19 nous a appris à vivre les uns avec les autres en acceptant la différence de l’autre. La personne la plus âgée, la personne souffrante… Il y a une solidarité qui est essentielle dans le vivre les uns avec les autres, qu’on n’a pas forcément dans vivre ensemble. Je pense que c’est ça aussi la ville inclusive.
Vous parlez aussi des « services de logistique accompagnant la mutation des entrées de ville ». Alors là, il faut nous en dire plus ?
Ce qu’il faut comprendre c’est que de plus en plus, les grandes villes sont engorgées. Elles sont engagées à la fois par la densité, notamment des voitures. Donc, l’idée de la logistique urbaine des entrées de villes, c’est de se dire qu’une fois qu’on arrive en ville, il y ait une logistique, par exemple d’entrepôt, qui peut être organisée pour faire en sorte que le dernier kilomètre, le plus compliqué dans la ville, soit plus simple.
Qu’on ait des solutions, d’une façon générale, qui permettent de faire que la Ville respire mieux et de faire en sorte qu’elle ne soit pas bloquée par des camions… C’est ça la logistique urbaine. Elle est au service de nos enjeux en termes d’environnement mais elle est aussi au service du bien-être de ceux qui y habitent. Notre travail en tant que aménageurs de ville, c’est de travailler à ces réflexions-là, avec les opérateurs, avec les maires, avec tous ceux qui sont parties prenantes de la ville, et notamment La Poste puisque La Poste a un rôle clé.
Et pour refaire le lien avec nos résidences étudiantes Studéa… elles sont centrées dans hyper-centre-ville. Simplement parce qu’on considère que l’étudiant veut vivre là où les choses se passent. On organise donc nos résidences avec un ensemble de solutions de mobilité douce, des trottinettes électriques, des vélos électriques…