Laurent Demeure (Coldwell Banker Europa Realty): » Tensions sur les prix de l’immobilier de luxe »

Laurent Demeure, président du réseau immobilier Coldwell Banker Europa Realty est l’invité Mon Podcast Immo d’Ariane Artinian.

 0

A quelques jours du 10ème anniversaire de son réseau d’agences immobilières, Laurent Demeure, président de Coldwell Banker France & Monaco Europa Realty fait le point sur les tendances du marché du luxe et du prestige au micro Mon Podcast Immo d’Ariane Artinian.

Mon Podcast Immo : Comment se porte le marché du prestige ?

Laurent demeure : Le marché du luxe se porte bien, comme l’ensemble du marché de l’immobilier, et je dirais même mieux. Nous sommes aujourd’hui dans une situation post-Covid, où il y a eu de fortes inquiétudes sur l’économie, mais pendant cette phase, l’ensemble de nos clients a souhaité acquérir encore plus d’immobilier qu’avant, de manière défensive par rapport à la gestion de leur patrimoine. On se retrouve ainsi dans une situation de pénurie de biens, aussi bien en Europe — France, Angleterre, Italie, Belgique, Luxembourg – qu’aux États-Unis. Aujourd’hui, nos clients achètent de l’immobilier mais ils ne se desaississent pas du patrimoine qu’il possède. 

Mon Podcast Immo : Les acteurs internationaux ont déserté le marché. Mais ça n’a pas entamé le dynamisme des ventes…

Laurent Demeure : Pas du tout. Le « travel ban » est en train de se lever progressivement ce qui fait que, dans chaque pays, les acteurs nationaux se réapproprient leur marché. Avant la crise du Covid, il y avait 51 millions de millionnaires, aujourd’hui, on est proche des 54 millions. Cette augmentation de la fortune s’est faite principalement dans les pays de la vieille Europe et aux États-Unis. C’est la revanche de l’ancien monde sur les pays du nouveau monde, puisque cela a diminué dans les émirats arabes, en Arabie saoudite, en Chine, en Russie. Toutes les ventes que nous avons faites depuis le début de l’année, au-dessus de 5 millions d’euros, soit une dizaine de ventes, l’ont été avec des chefs d’entreprise français.

Mon Podcast Immo : Parlez-nous de ces ventes qui ont eu lieu pendant l’été à des prix pharaoniques…

Laurent Demeure : Aujourd’hui nos clients recherchent des biens sur la côte atlantique, qui va de Deauville à Hendaye, à Saint-Jean-de-Luz, Biarritz, Arcachon Hossegor, Cap Ferret Royan, La Baule. On voit les prix augmenter entre 10 et 15 %, avec des personnes qui recherchent de très belles propriétés pour un budget moyen de 1,5 à 3 millions d’euros, contre auparavant plutôt de 1,5 à 2 millions. L’augmentation des budgets vient aussi de l’alimentation de l’économie avec des taux d’intérêt négatifs. Le client en profite.

Mon Podcast Immo : Et à Paris, a-t-on atteint un plafond de verre ?

Laurent Demeure : Le marché parisien connaît actuellement une pause, ce qui est un paradoxe, alors que l’ensemble de la France grimpe, un phénomène historique. C’est principalement dû à l’effet post-Covid de recherche extérieure. La demande s’est déportée du centre de Paris vers l’extérieur. Et comme nous n’avons pas les internationaux qui pesaient à peu près 15 % du marché, voire 50 % pour des biens au-dessus de 5 millions d’euros, cette absence de demande crée automatiquement une pause sur Paris. Mais, quoiqu’il arrive, détenir de l’immobilier parisien est important dans la gestion de son patrimoine. La période est donc propice pour investir dans la capitale.

Mon Podcast Immo : À votre niveau, observez-vous des baisses de prix ? Les propriétaires sont-ils pressés de vendre ? 

Laurent Demeure : On ne constate pas de baisse significative des prix. On voit des personnes qui revoient leurs ambitions au niveau des prix du marché, qui restent quand même dans des fourchettes très élevées.

Mon Podcast Immo : Vous vous apprêtez à fêter les 10 ans du réseau Coldwell Banker. Comment ce marché a-t-il évolué en dix ans ?

Laurent Demeure : Sur ces dix années, nous avons observé que sur un marché très haut de gamme détenue essentiellement par des étrangers avec un flux qui venait beaucoup des pays de l’Est, aujourd’hui, on voit principalement revenir les Européens sur de très belles propriétés – Français, Suisses, Belges, Luxembourgeois, là où nous sommes en train de nous implanter. Même constat aux États-Unis. Quand on regarde Miami, Los Angeles, ce sont les Russes, les Chinois qui détenaient le marché et aujourd’hui ce sont les Américains depuis trois-quatre ans. La « old money » reprend possession de son marché. Dernière tendance, c’est le phénomène des millennials. Aujourd’hui, les fortunes se font rapidement. On voit des jeunes de 28-30 ans qui arrivent avec des budgets de 4-5 millions d’euros, qui ont investi dans une start-up et ont revendu leurs actions. Ils disposent d’un budget conséquent bien supérieur à celui de la génération des baby-boomers. 

Par Ariane Artinian
Mon Podcast Immo est un podcast quotidien et indépendant, produit par MySweetImmo.com. Pour le soutenir, abonnez-vous et laissez des étoiles ou des commentaires sur votre plate-forme de podcast préférée.