Permis de construire d’éoliennes : Le critère de covisibilité avec un monument historique retenu pour refuser un projet
Le critère de covisibilité avec un monument historique peut être retenu pour refuser de délivrer un permis de construire pour des éoliennes, y compris lorsque l’implantation de ce projet est en dehors du périmètre de leur protection.
Connaissez-vous la notion de covisibilité ? Elle désigne deux éléments (bâtiment, élément de paysage) que l’on embrasse d’un même regard (l’un pouvant aussi être visible à partir de l’autre).
Cette notion a été retenue pour refuser de délivrer à une société l’autorisation d’exploiter un parc de cinq éoliennes sur le territoire d’une commune, alors même que l’implantation de ce projet était en dehors du périmètre de leur protection. C’est ce qu’a considéré le Conseil d’État dans son arrêt du 22 septembre 2022. Le point avec la Direction de l’information légale et administrative (Premier ministre).
La société fait appel de cette décision
Un préfet refuse de délivrer à une société l’autorisation d’exploiter un parc de cinq éoliennes sur le territoire d’une commune. La société demande alors l’annulation de cette décision devant le tribunal administratif. Celui-ci rejette sa demande, estimant que le motif selon lequel ces éoliennes seraient visibles depuis un site protégé avait pu valablement fonder le refus de délivrer le permis de construire correspondant. La société fait appel de cette décision.
La Cour administrative d’appel annule le jugement du tribunal administratif
La Cour administrative d’appel annule le jugement du tribunal administratif, estimant que le critère de covisibilité avec des monuments historiques ne pouvait être utilement invoqué pour refuser l’autorisation sollicitée, en raison de l’implantation du projet. En effet, selon elle, ce critère ne pouvait caractériser une atteinte contraire à l’article R111-27 du code de l’urbanisme, dès lors que les éoliennes seraient situées en dehors du périmètre de protection des monuments historiques.
La ministre de la Transition écologique demande l’annulation de cette décision devant le Conseil d’État
Le Conseil d’État annule l’arrêt de la Cour administrative d’appel, en précisant comment identifier si des constructions peuvent porter atteinte au caractère ou à l’intérêt des lieux avoisinants, aux sites, aux paysages naturels ou urbains ou encore à la conservation des perspectives monumentales, et fonder ainsi le refus de permis de construire.
En effet, il indique qu’il appartient à l’autorité administrative compétente d’apprécier la qualité du site concerné par le projet, puis d’évaluer l’impact que cette construction, compte tenu de sa nature et de ses effets, pourrait avoir sur le site. Ceci, en tenant compte, sous le contrôle du juge, de l’ensemble des éléments pertinents et notamment, le cas échéant, la covisibilité du projet avec des bâtiments remarquables, quelle que soit la protection dont ils bénéficient par ailleurs au titre d’autres législations.
Ainsi, selon le Conseil d’État, pour fonder le refus de délivrer un permis de construire, le critère de covisibilité avec des monuments historiques peut s’apprécier indépendamment de leur périmètre de protection.