Immobilier ancien : « Je ne crois pas que les prix vont perdre 20 % », Olivier Colcombet

Remontée des taux, inflation, baisse des transactions … Le marché immobilier connaît une inflexion depuis le début de l’année. Les prix vont-ils baisser? L’analyse et la note positive d’Olivier Colcombet, Président de Digit Re et porte-parole de Drimki.

Olivier Colcombet

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Olivier Colcombet, Président de Digit Re et porte-parole de Drimki

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Olivier Colcombet, Président de Digit Re et porte-parole de Drimki, partage son expertise concernant les prix de l’immobilier dans l’ancien et nous explique pourquoi ils devraient résister !

Mysweet’immo : Les prix dans l’ancien ne baisseront pas ?

Olivier Colcombet : On entend partout que les prix vont chuter drastiquement. Ce n’est pas mon analyse. Je ne dis pas que les prix ne baisseront pas, je dis qu’ils ne vont pas décrocher subitement. Au contraire, ils vont faire de la résistance !

Plusieurs raisons à cela : l’offre reste toujours aujourd’hui inférieure à la demande. Dans certaines régions, cela pourrait s’inverser mais globalement, on n’est pas au 1 pour 1. Dans l’immobilier, tant qu’il y a au moins un acheteur pour un bien à la vente, il y a un marché. Il n’y a donc pas de pas de bulle puisqu’il n’y a pas pléthore de biens à la vente. Il faut ajouter que la rareté des biens neufs porte l’immobilier ancien, l’aidant à se soutenir.

La seconde raison a bien entendu un lien avec l’inflation. Cette dernière entraîne une augmentation des matériaux et donc des biens immobiliers neufs et des coûts de rénovation. Cet élément est important puisque le prix de l’immobilier neuf est corroboré avec celui de l’ancien. L’inflation va donc maintenir des prix élevés dans l’ancien et je n’envisage pas pour le moment une baisse soudaine des prix de l’immobilier pour ces deux raisons.

Mysweet’immo : Est-ce que les Français sont toujours aussi férus d’immobilier ?

Olivier Colcombet : Oui ils sont encore avides d’immobilier. On a tous vécu le confinement. Pour le passer convenablement, il fallait être bien logé. C’est resté dans la tête des Français. Ils veulent être bien installés, se sentir bien chez eux. Pour cette raison, les Français sont toujours très acheteurs dans leur tête. Ils sont motivés !

Bien sûr, ils n’y arriveront pas tous car si les banques ne suivent pas et si l’Etat ne modifie pas le mode de calcul du taux d’usure, cela restera compliqué. Autre point important : plus il y a de risques (Guerre en Ukraine, crise, perte d’emploi potentiel …) plus c’est important d’être propriétaire parce que c’est rassurant. L’immobilier reste donc aux yeux des Français une valeur importante, gage de sécurité.

On le voit avec la nouvelle génération qui fait tout ce qu’il faut pour s’installer. Elles quittent les centres-villes, cherchent des solutions …

Mysweet’immo : L’offre de biens à vendre augmente pourtant ?

Elle a augmenté de 6%. C’est peu. Cela aura forcément une incidence sur les prix mais, pour l’instant, elle n’est pas notoire. Il ne faut pas oublier que les prix mettent toujours plus de temps à descendre qu’à monter. Avant de baisser, ils passent par une phase dite de « plateau » car les propriétaires résistent. Ils ont du mal à accepter le changement.

Mysweet’immo : La hausse des taux ne freine pas le marché ?

Avant d’entraîner une chute des acquisitions, la hause des taux entraîne d’abord un ajustement des surfaces. Actuellement, les acheteurs ont perdu la pièce qu’ils avaient gagnée il y a 3 ou 4 ans. Ce n’est pas pour ça que les Français n’achèteront pas. Ils achèteront plus petit ou ailleurs !

L’important, quand on se lance dans une acquisition, c’est de bien acheter. Parce qu’il ne faut pas devoir vendre rapidement. Frais de notaire, déménagement, travaux… Tout cela a un coût. Trompez-vous d’adresse et, là, vous perdez de l’argent. Alors, restons serein sur les prix : lorsqu’on achète un appartement ou une maison, ce n’est pas pour 3 mois.

Pour info: certaines banques sont plus souples que d’autres sur les conditions d’octroi. Les candidats à l’emprunt doivent faire appel à un courtier : lui connaît parfaitement les rouages.

Mysweet’immo : Le marché tient ?

Vous connaissez l’expression : j’ai de la buée sur les lunettes ? C’est dur d’y voir clair mais il n’y a pas plus d’indicateur aujourd’hui qui laisse penser que tout va s’écrouler. Il y a une érosion de la croissance des prix mais, sur le dernier trimestre, en France, en moyenne, ces derniers continuent de progresser.

Les prix vont mettre du temps à s’ajuter. Comme je le disais plus haut, il y aura probablement un plateau, peut-être une légère baisse, mais je ne crois pas que les prix vont perdre 20 % !

C’est une évidence qu’on ne fera pas, en 2023, 1 200 000 transactions comme en 2021. Si on fait 1 million ce sera déjà mieux que certaines années. Et ce sera très bien !

Par Olivia Delage