Immobilier : « Le second semestre devrait être encore moins bon que le premier », Thomas Lefebvre
A quoi ressemblera le marché immobilier au second semestre 2023 ? Thomas Lefebvre, Directeur Scientifique de Meilleurs Agents, livre son analyse.
Thomas Lefebvre, Directeur Scientifique de Meilleurs Agents détaille les perspectives sur le marché immobilier pour le second semestre 2023.
Mysweet’immo : Au regard du mauvais départ du marché en 2023, que pouvons-nous attendre de la période estivale ?
Thomas Lefebvre : Aucun signal ne permet actuellement de penser que la tendance baissière du marché pourrait s’infléchir d’ici la rentrée. Si l’on regarde de plus près, le troisième trimestre qui correspond aux mois d’été est traditionnellement le moins actif de l’année contrairement au second qui, lui, est le plus dynamique. Or, il n’y a pas eu ou très peu de printemps de l’immobilier en 2023.
Conséquence : le troisième trimestre devrait ressembler assez fortement aux tout premiers mois de l’année avec non seulement des prix qui repartent à la baisse dans les communes où l’équilibre était fragile mais également un faible volume de transactions. Jusqu’au 15 septembre, il devrait donc y avoir assez peu de ventes.
Mysweet’immo : Jusqu’où le marché peut-il ainsi aller ?
Thomas Lefebvre : Là encore, l’absence d’éléments positifs pour le marché laisse peu d’espoir pour la fin de l’année et laisse présager d’un second semestre encore moins bon que le premier. Il est même fort à craindre que les dernières barrières qui parvenaient jusque-là à maintenir le marché à flot finissent par tomber. Le niveau de la production de crédit en est un parfait témoignage.
Nous sommes actuellement à 40% de prêts en moins en 2023 par rapport à 2022 et cela ne remonte toujours pas. Sachant que les banques ne consomment pas leur marge de flexibilité de 20%, on comprend bien que les déclarations récentes du HCSF sur l’investissement locatif ne sont pas de nature à rouvrir le robinet du crédit.
De leur côté, les taux vont continuer d’augmenter et l’on va sans doute emprunter à 4,5% sur vingt ans d’ici janvier prochain. Sans compter que la BCE, contrairement à la FED, prévoit de continuer la hausse des taux en juillet au même rythme que juin.
Mysweet’immo : : Que faudrait-il pour que cela change ?
Thomas Lefebvre : Tant que les taux et l’environnement de crédit ne seront pas stabilisés, le marché continuera sur la même pente descendante. Cela empêchera les candidats à la propriété de se projeter. Et ce, d’autant plus que les baisses de prix actuelles sont insuffisantes pour compenser l’augmentation des taux. Si les 4,5% sur vingt ans sont atteints à la fin de l’année, il faudrait parallèlement que les prix aient reculé de 35% en un an. Ce qui sera, sans nul doute, loin d’être le cas. En somme: le marché risque de continuer à tourner au ralenti dans les mois à venir.