Saga de l’été 2018 : Aix-les-Bains, le renouveau du thermalisme

Nouveau volet de la saga de l’été initiée par le Crédit Foncier avec sa série « Petites histoires des grandes vacances » qui nous emmène à la découverte des lieux emblématiques des grandes vacances à la française. Cette semaine : Aix-les-Bains : le renouveau du thermalisme.

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L’avènement de Napoléon III au milieu du XIXe siècle donne le coup d’envoi de l’âge d’or du thermalisme. Ce renouveau attirera toute la société moderne. Aix-les-Bains, station des reines, illustre cet essor en accueillant les grandes figures de l’époque. Aujourd’hui encore, la plupart de ces stations demeurent très fréquentées.

Le contexte : la fièvre thermale

On peut situer la redécouverte des vertus des eaux thermales en Europe et en France aux débuts de la Renaissance ; leur pratique, qui datait de l’époque des Grecs, avait disparu durant le Moyen Âge.

C’est ainsi qu’en 1604, Henri IV publia la première Charte des eaux minérales, confirmée par Louis XIV qui, en 1685, signa un édit pour réglementer l’usage et la commercialisation de l’eau dans le but d’éviter les contrefaçons. Mais il faudra attendre le XIXe siècle pour voir apparaître une véritable fièvre thermale. Ainsi, entre 1785 et 1914, le nombre de sources double quasiment en passant de 983 à 1820. Quant à leur fréquentation, elle est multipliée par douze ou treize au cours du XIXe siècle. On recensait autour de 30 000 curistes en 1822, et pas loin de 400 000 en 1910.

On suivait des cures tant pour se soigner que par souci de reconnaissance et de bien-être, dans le contexte de prospérité économique de la révolution industrielle et financière de l’époque. Le développement des transports, à commencer par la fulgurante extension du réseau de chemins de fer, a joué un rôle considérable dans l’évolution du thermalisme moderne. Le train a permis aux habitants des métropoles de se ruer vers les stations thermales. Alors qu’en 1873, le trajet Paris-Vichy durait 8h30, il est estimé à 4h45 en 1910.

Parmi les curistes de la ville de Plombières, dans les Vosges, où Napoléon III avait ses habitudes et où il négocia l’unité italienne avec Cavour en 1858, on comptait un tiers de Parisiens en 1867.

Évidemment, le thermalisme n’était pas à la portée de toutes les bourses. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le budget total d’une saison entière à Vichy se situait entre 300 et 900 francs (soit 800 à 2300 euros). Le prix variait suivant les soins médicaux et selon la qualité de l’hébergement et de la restauration. Une somme conséquente sachant que le salaire moyen mensuel d’un ouvrier à l’époque était aux alentours de 100 francs (environ 200 euros) ; soit l’équivalent de 10 mois de salaire.

Tous les chemins mènent « aux eaux »

Les étrangers se pressent aussi dans les stations thermales : Anglais, Nord-Américains, mais aussi Mexicains, Russes, Brésiliens, Egyptiens, Grecs… Les aristocrates effectuent très souvent des cures par souci d’imitation, les bourgeois investissent eux aussi les stations thermales : ainsi, rentiers, commerçants, industriels, banquiers, négociants s’y rendent. Ceux qui ont la chance d’habiter dans ces villes thermales recourent aux eaux aussi bien pour se soigner que pour leur usage domestique courant. Par ailleurs, des gens modestes fréquentent aussi les villes thermales les plus proches de chez eux grâce à des aides publiques de l’État. Quant aux militaires, ils sont acceptés gratuitement dans quasiment toutes les stations thermales, depuis le décret du 20 août 1792 où l’État prend en charge tous les frais.

En même temps …

Vichy

Surnommée la « Reine des Villes d’Eaux » , elle borde l’Allier et se situe à proximité du parc des volcans d’Auvergne. Elle doit sa notoriété aux nombreuses visites qu’effectua Napoléon III entre 1861 et 1866. Grâce à l’Empereur et la fréquentation augmentant, un véritable patrimoine thermal s’érige : résidences, hôtels, chalets, pavillons, thermes, opéras, casinos…

Dax

C’est la doyenne des stations thermales françaises. Située dans la région des Landes, la ville est réputée pour sa source de La Nehe d’où jaillit une eau chaude à 64° qui fournit les établissements thermaux. Avec la ville voisine, Saint-Paul-lès-Dax, elles forment le Grand Dax et accueillent 60 000 curistes par an aujourd’hui !

La Bourboule

Située en Auvergne, la station thermale de la Bourboule est la capitale européenne du traitement des affections respiratoires et des allergies cutanées. Ses Grands Thermes ont été construits à la fin du XIXe siècle et sont facilement reconnaissables grâce aux dômes de son toit rappelant les palais Byzantins.

Bagnères-de-Luchon ou Luchon

L’histoire du thermalisme de la station de Luchon remonte il y a 2 000 ans alors que Luchon s’appelait encore Ilixon, déesse des sources. Surnommée la « Reine des Pyrénées », son centre thermal de 25 000 m2 est l’un des plus grands de France.

Enghien-les-Bains

Unique station thermale d’Ile-de-France, elle a été découverte en 1766 par Louis Cotte. Son eau thermale, très riche en sulfures, est connue pour soigner les affections respiratoires. C’est également à Enghien-les-Bains, que l’on trouve le premier casino de France, lieu de divertissement pour les visiteurs.

Aix-les-Bains, station des reines, reine des stations

Dans l’antiquité, les villes où l’on trouvait des thermes romains, se dotaient bien souvent du nom «Aix», aqua en latin qui signifie l’eau, comme Aix-les-Bains. Son temple de Diane fut d’ailleurs classé à l’inventaire des monuments historiques en 1875. Les thermes actuels, eux, remontent à la fin du XVIIIe siècle à la faveur du plan de reconstruction engagé après le gigantesque incendie qui détruisit la moitié de la ville en 1739. C’est le roi de Sardaigne et duc de Savoie, Victor Amédée III, conseillé par son frère, le duc de Chablais, qui les fit bâtir sur les plans de l’architecte Pietro-Antonio Capellini. L’établissement qui sera embelli dès 1808, préfigure le thermalisme moderne. La station se développe de façon importante au XIXe siècle avec la venue de nombreuses têtes couronnées de l’époque : la reine Hortense, la reine Victoria, Pierre II empereur du Brésil, la célèbre impératrice Sissi, Léopold II le roi des Belges, Georges Ier le roi de Grèce, Marie II la reine du Portugal, la famille Bonaparte… La station thermale prend le surnom de « Station des reines, Reine des stations ».

L’aménagement des voies ferrées et la construction de la gare en 1866 donnent un nouvel essor à la ville avec la création de la place centrale, de palaces, d’hôtels prestigieux, d’établissements modernes, de maisons de villégiature, de nouveaux espaces urbains.

Le Grand Port est agrandi autour de 1875 et permet d’établir une connexion pour recevoir des bateaux de la métropole Lyonnaise. On peut également embarquer depuis ce port pour des promenades sur le lac, moment de loisir pour les curistes. Ces derniers peuvent aussi se distraire au casino Grand Cercle, inauguré en 1850 par Victor-Emmanuel II. C’est la renaissance d’Aix-les-Bains.

La station se dresse sur les rives du lac du Bourget, le plus grand lac naturel d’origine glaciaire de France, vieux de 19 000 ans, ce qui lui vaut la richesse minérale de ses eaux. Après la Seconde Guerre mondiale, Aix-les-Bains devient la première station thermale de France ; on compte dans les années 1980 près de 60 000 curistes par an.

En toute indiscrétion

Le thermalisme, muse des poètes…

En 1816, Alphonse de Lamartine écrit son célèbre poème Le Lac lors de son séjour à Aix-les-Bains, véritable manifeste du romantisme. Il n’est pas le seul poète à s’être rendu dans la station thermale : il y eut aussi Dumas, Balzac, Stendhal, Maupassant, Verlaine…

Quand on aime, on ne compte pas…

Au XIXe siècle, Contrexéville accueillit un visiteur qui dépensa 200 000 francs pour une cure (soit environ 500 000 euros). On n’a aucune trace de quelqu’un qui l’aurait imité depuis.

Incognito…

La reine Victoria se plaisait tant à Aix-les-Bains qu’elle venait sous le titre de comtesse de Balmoral pour éviter d’être reconnue.

Voyager léger…

Par souci de discrétion, l’impératrice d’Autriche, Sissi venait à Aix-les-Bains avec une cinquantaine de malles.

Une station littéraire…

Vichy, la « Reine des Villes d’Eaux» , devient populaire notamment grâce à la marquise de Sévigné qui recommande dans ses lettres les vertus thérapeutiques des eaux de Vichy qui la soignent d’une paralysie des mains.

Plus d’ordonnances médicales…

En 1860, par promulgation d’un décret, l’eau peut être utilisée sans prescription médicale, et aucun curiste n’est contraint d’avoir recours à un avis médical, le but étant d’attirer davantage de visiteurs, curistes et touristes.

Le regard de Laurent Vimont, Président de Century 21 France

Aix-les-Bains, ville de thermalisme par excellence, a su attirer bon nombre de personnalités et de têtes couronnées durant le Second Empire. Pour accueillir les visiteurs qui venaient se soigner ou « se montrer », des palaces furent construits, dont le style Belle Epoque apporte désormais une signature architecturale particulière à la ville. Aujourd’hui encore, 30 000 curistes s’y pressent chaque année pour profiter de l’aspect curatif de ses eaux ou des activités sportives proposées sur les lacs alentours. Les palaces se sont transformés en copropriétés. Certains ont fait l’objet de rénovations remarquables qui rendent ces biens immobiliers très prisés ; d’autres sont restés en état et nécessitent d’être modernisés. Parallèlement, des programmes immobiliers neufs ont éclos présentant une architecture plus audacieuse et donnant une nouvelle dynamique à la ville. Aix-les-Bains est sans aucun doute une ville attractive pour y séjourner sur une courte période… ou s’y installer plus longuement !

 

 

 

Par MySweet Newsroom