Crédit immobilier : où iront les taux en 2019 ?
Si les taux semblent avoir terminé leur érosion, les interprétations divergent sur une hausse à venir du crédit immobilier. Éclairages.
L’année qui commence sera-t-elle celle qui verra les taux de crédit immobilier remonter ? C’est la question que se pose bon nombre d’économistes et d’experts en la matière. A ce jour, les taux de crédit immobilier sont le facteur premier qui permet aux particuliers d’acheter un logement : « En 10 ans (2008-2018), pour une même mensualité et une même durée de crédit immobilier, un ménage peut emprunter 34 % de plus », constate Nicolas Pecourt, directeur de la communication pour le Crédit Foncier. En novembre 2018, les taux de crédit immobilier étaient estimés en moyenne, hors frais d’assurances à 1,44 %.
Des niveaux de taux extrêmement bas, qui devraient le rester, faute d’une reprise économique franche et d’une inflation encore limitée. De plus, les taux directeurs sur lesquels se fixent les banques françaises devraient rester à 0 % au moins jusqu’à l’été 2019. « Concrètement, cela nous permet d’anticiper des taux de crédits immobiliers moyens toujours sous la barre des 2% sur les durées allant jusqu’à 25 ans, au moins jusqu’au printemps 2019, les banques n’ayant comme lors des dernières années que le crédit immobilier comme outil pour capter des nouveaux clients », analyse Maël Bernier.
Un effet Gilets Jaunes négatif ?
Les excellents profils seront encore les grands gagnants du contexte économique. « Les profils « lambdas » devront se « contenter » de taux autour d’1,65%/1,70% sur 20 ans mais les plus beaux dossiers passeront toujours sous la barre des 1,50%», assure Maël Bernier, porte-parole du courtier en crédit Meilleutaux.com.
Encore faut-il pour cela que l’activité économique se maintienne, ce qui n’est pas si sûr : « un démarrage lent de l’activité au premier trimestre en raison par exemple de l’impact psychologique du prélèvement à la source ou d’un nouvel épisode de crise type « gilets jaunes » pourrait contraindre les banques à faire plus d’efforts dès le printemps pour répondre à leurs objectifs commerciaux » indique-t-elle.
L’assurance emprunteur plus chère en 2019
Si l’avenir des taux reste incertain, les acquéreurs de 2019 doivent s’attendre à une hausse du montant de l’assurance emprunteur. Dans le cadre du projet de loi de finances de 2019, les parlementaires ont voté une taxe de 9 % sur toutes les garanties, et non plus sur les seules garanties incapacité/invalidité et perte d’emploi. « Dans un contexte de fortes revendications de la part des Français face à la pression fiscale, cette mesure de hausse des taux semble passer inaperçue alors qu’elle va peser sur leur budget et leur capacité d’emprunt immobilier», s’insurge Astrid Cousin, porte-parole de Magnolia.fr, comparateur d’assurances en ligne.
Une décision d’autant plus étonnante qu’elle risque de fragiliser les contrats en délégation au profit des assurances délivrées par les groupes. De quoi aller à l’encontre de l’esprit des lois Lagarde, Hamon et de l’amendement Bourquin sur la libéralisation de l’assurance emprunteur. « La différence de tarif entre un contrat groupe et un contrat en délégation sera amoindrie, diminuant ainsi l’intérêt de changer d’assurance et de passer en délégation », anticipe-t-elle. Un coup de plus au pouvoir d’achat immobilier des ménages.