Les Femmes de l’Immo/ Chantal Marthan (Guéthary Immobilier): « Souvent, je dis à mes clients : c’est l’appartement ou la maison qui vous choisit »

Rencontre avec Chantal Marthan, fondatrice de l’agence Guéthary Immobilier et présidente du Festival Classic à Guéthary.

Chantal Marthan
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Chantal Marthan a ouvert  son agence immobilière il y a 20 ans son agence dans le petit village de Guéthary au Pays Basque. Un défi personnel et familial embelli par la création, avec son fils Aurèle, du festival Classic à Guéthary. Du violoncelliste Edgar Moreau au pianiste Nicolas Angelich, en passant par Anne-Sophie Lapix, marraine du Festival et bientôt le violoniste Renaud Capuçon, la fine fleur de la musique classique participe à la notoriété de l’ancien hameau de pêcheurs.

Mysweet’immo : Qu’est-ce qui vous a amenée sur la Côte Basque ?

Chantal Marthan : Après avoir travaillé à Paris une dizaine d’années dans des agences de pub, j’ai suivi mon époux qui venait d’être nommé directeur général chez Quiksilver en 1987. Mon fils, Aurèle, avait un an. Nous avons débarqué sur la Côte Basque et je me suis consacrée à chercher un logement. J’ai arpenté toutes les rues de Biarritz, sans voiture, avec le bébé dans la poussette. Il n’y avait rien à louer, juste des appartements précaires meublés. Nous avons dû déménager trois fois avant de trouver un appartement vide à louer à l’année.

Bien déçue par le manque de réactivité des agences immobilières qui ne rappelaient jamais, j’ai compris plus tard, qu’elles n’avaient rien à louer ! (aujourd’hui le problème reste entier, rien à louer à l’année, tout en saisonnier !)  A l’époque je pensais que les agences n’étaient pas assez dynamiques. C’est ainsi que je suis venue, par la force des choses, à l’immobilier car je ne trouvais rien pour nous.

Avant de trouver le bon plan,  j’ai visité plus de cinquante maisons. Une belle rencontre m’a placée sur le chemin d’un agent immobilier de Bordeaux qui m’a mis le pied à l’étrier et m’a permis de travailler pour lui depuis Biarritz où nous habitions à l’époque. Cela me permit de visiter, pour nous en priorité, de nombreuses maisons à la vente bien décevantes. 5 ans de location à Biarritz, Arcangues, Ascain ont passé avant de trouver un terrain à vendre sur Guethary. Quiksilver se trouvant sur St jean de Luz à 5 minutes en voiture de Guéthary, nous avons pris la décision de faire construire une maison en 1995. En suivant la construction de notre maison, j’ai appris à lire des plans, à négocier avec les artisans, je connais le prix et la qualité des matériaux, c’est important. L’expérience de la vie est irremplaçable.

MS’I : Quelle était votre formation et avez-vous suivi des cours spécifiques ?

Chantal Marthan : A Paris, après mes études de gestion, j’ai longtemps travaillé dans des agences de pub, comme acheteuse d’espace et media planner au comité d’action pour le solaire qui débutait sous l’impulsion d’EDF-GAZ DE FRANCE. Au début, seule à Paris à 20 ans, je vivais dans 23 mètres carrés. Déjà, à cette époque, j’avais déménagé 8 fois en cinq ans, à chaque fois pour trouver toujours mieux et plus grand. Arrivés sur la Côte basque, j’ai exercé en tant qu’agent commercial pour cette agence de Bordeaux.

Au début, je travaillais depuis mon domicile, tout en soignant beaucoup la publicité et la mise en avant de mes annonces. Un peu plus tard, j’ai suivi les formations professionnelles de la FNAIM, très complètes et efficaces. J’ai par la suite décidé d’exercer à titre indépendant en obtenant le statut d’agent immobilier (profession très réglementée), j’ai pris un local sur la route qui traverse le village. Les premiers temps ont été difficiles. J’ai même subi deux attentats. J’ai par la suite pris un bail à côté de la Mairie et du Fronton de pelote basque, dans le centre du village qui, à l’époque, l’hiver, était désert. Les lumières de mon agence sont les seules éclairées les soirs d’hiver.

MS’I : Comment se caractérise le marché immobilier de Guétary ?

Chantal Marthan : Guétary, c’était à l’origine un tout petit village de pêcheurs à la baleine. Il a connu ses heures de gloire, dès 1925, avec la construction du « Gétaria », un hôtel très glamour qui attirait les artistes et les élégants parisiens et madrilènes. Quand je suis arrivée en 1995, j’étais, avec l’agent immobilier du village d’un certain âge, la seule autre agence. Aujourd’hui, nous sommes 5 agences pour 1 300 habitants à l’année.

Même s’il est très recherché, Guéthary reste un marché de niche. Il y a très peu de biens proposés à la vente. Beaucoup de maisons secondaires se transmettent génération après génération. Avec mes trois collaborateurs, nous travaillons, en réseau avec le fichier AMEPI qui réunit 265 agences. Cela nous permet d’étendre notre rayon d’action des Landes jusqu’à la Côte Basque.

Tout le monde veut du « Biarritz », dénommée  « la mondaine », car on en parle tous les jours à la télé. C’est une ville avec des montées et des descentes, de touristes de passage, très bruyante, pas idéale pour les familles et les personnes qui ont du mal à se déplacer. Les Parisiens connaissent aussi Saint Jean de Luz, plus authentique et familiale. Tout est plat, même l’océan, On peut y nager comme dans une piscine. Entre les deux, il y a Guéthary, le “chiquissime” paradis des surfeurs et des artistes. Bidart sa voisine beaucoup plus étendue mais en bord de mer aussi. Sans parler de Bayonne où on trouve tout ce qu’il faut pour bien vivre en ville et de jolis villages à l’intérieur des terres : Sare, Ascain, Ainhoa, Espelette…

MS’I :Etre une femme dans l’immobilier, est-ce un atout ?

Chantal Marthan : Nous sommes nombreuses dans ce secteur et c’est vrai, l’immobilier est un métier où le féminin peut faire la différence. Quand on est une femme, on voit souvent mieux le côté pratique, on tient compte des écoles pour les enfants à accompagner tous les jours, des centres d’intérêts des clients… Il faut être disponible, à toute heure pour renseigner, écouter, rassurer. Il faut savoir convaincre, par exemple, quand des héritiers d’une même indivision se déchirent car ils n’arrivent pas à trouver une entente pour la vente d’un bien familial. C’est très délicat.

D’autre part, c’est un plaisir pour moi, et c’est même un jeu que de trouver le bien qui correspond à chacun, en fonction des budgets, de l’âge, des goûts, des attentes. J’aime conseiller mes clients. Parfois c’est difficile, même de les emmener visiter. Il faut être très psychologue, avoir une patience d’ange quoi qu’il advienne. Trouver une maison, un logement, cela touche au plus intime. Souvent, je leurs dis : « c’est la maison ou l’appartement qui vous choisit. Vous étiez les élus ». Je crois beaucoup au destin.

MS’I : Comment est né le projet de créer un festival à Guéthary ?

Chantal Marthan : L’idée de Classic à Guéthary vient d’Aurèle, mon fils. En dehors de son métier de pianiste concertiste, il aime fédérer des musiciens autour de lui. C’est ainsi qu’il a créé le festival Classic à Guéthary. Même si je suis la présidente du Festival, c’est lui l’homme-orchestre. En dehors de son rôle de directeur artistique, il aime avoir un regard sur chaque détail.  Mon mari et moi sommes avec et autour de lui, avec quelques bénévoles et amis fidèles. Gérer le budget, l’administratif, la caisse, les subventions, la recherche des sponsors, la réservation des restaurantsdes logements chez l’habitant, c’est comme gérer une petite entreprise, activité à plein temps pendant les semaines précédant le Festival qui se tient autour du 15 août.

MS’I : Présider un festival, est-ce compatible avec votre métier d’agent immobilier ?

Chantal Marthan : Les deux se complètent. Cette année, nous avons eu énormément de clients en recherche de maisons et d’appartements, donc de visites en même temps que le festival car les vacanciers sont restés en France. Nous étions très nombreux cet été à Guéthary, c’était affolant. Tout était complet.

Pendant tout le temps du Festival, nous recevons les artistes à la maison et chez les amis du festival. Les spectateurs découvrent l’église, le musée, les restaurants.  Le festival participe au développement culturel et économique du village. Etre agent immobilier, est pour moi, avant tout, un métier de relationnel : il me permet de tisser des liens avec des clients, certains mélomanes. Ceux-ci découvrent le festival et deviennent des « aficionados » ou même mécènes.  Même si nous continuons de grandir, nous cultiverons ce côté familial et amical qui fait toute la chaleur et l’originalité de Classic à Guéthary. Et si un jour, quand je prendrai ma retraite, j’ai un peu de temps, je pourrai reprendre le chemin des green, mon autre passion. Il y a tant de beaux parcours de golf en Pays Basque.

Par Frédérique Jourdaa
Chantal Marthan est  fondatrice de l’agence Guéthary Immobilier et présidente du Festival Classic à Guéthary