Les Femmes de l’Immo/ Caroline Liby (Appart & Sens) : «J’accompagne les propriétaires qui veulent donner un supplément d’âme à leur investissement immobilier ! »
Caroline Liby a fondé l’agence immobilière solidaire Appart & Sens qui met en relation des locataires sans CDI ni garant avec des propriétaires désireux de s’impliquer dans une démarche de consommateur responsable ! Portrait d’une femme engagée qui croit dur comme fer en son projet !
Mysweet’immo : Qu’est-ce qui vous a poussé à faire de l’immobilier ?
Caroline Liby : Je viens « en quelque sorte » de l’immobilier. J’ai baigné dedans toute mon enfance. Je suis issue d’une famille de notaires et d’administrateurs de biens. Depuis ma plus tendre enfance, je savais que je voulais faire de l’immobilier mais différemment. C’est ce que j’ai fait puisque j’ai opéré un virage à 180 ° ! A la base, j’ai une formation de juriste. J’ai fait un Master dédié à l’immobilier et à la gestion. Puis, j’ai travaillé pour des fonds de pension américains avant de rejoindre la Macif puis le bailleur social de la ville de Bondy en tant que Directrice adjointe du patrimoine et de la maîtrise d’ouvrage.
Pour des raisons personnelles, j’ai quitté ce poste. J’ai débarqué à Lyon enceinte en 2008 sans connaissance réseau. Là, ça a été un peu compliqué mais je ne me suis pas démontée, j’ai passé des entretiens et j’ai atterri chez Habitat et Humanisme, mouvement créé par Bernard Devert (professionnel du logement devenu prêtre) en 1985 à Lyon pour répondre à au mal logement, à l’exclusion et à l’isolement des personnes en difficulté. Pendant 8 ans, j’ai animé le réseau pour donner de bonnes pratiques aux bénévoles et leur permettre de bien gérer le patrimoine immobilier pour les plus démunis !
MS’I : Qu’est-ce qui vous poussé à créer votre agence ?
C.L : Après la rupture avec le père de ma fille, je me suis retrouvée dans une situation difficile pour me loger ! Bien qu’ayant un bon salaire, mon dossier n’était pas assez solide pour louer un appartement dans le quartier que je voulais à Lyon. Grosse galère… J’ai dû demander à mes parents de se porter caution, ce qu’ils n’ont pas compris, et même après, avec un dossier plus costaud, j’ai eu encore beaucoup de mal. C’est ce qui a tout déclenché. Je me suis dit : « Il y a un truc qui ne va pas. Si moi, je galère, qu’est-ce que ça doit être pour ceux qui n’ont pas les codes ni de garant … » Tout doucement, une réflexion a muri. J’ai donc créé l’agence immobilière responsable, Appart & Sens, et suis entrée dans un incubateur à Lyon en 2017. Au même titre que le consomm’acteur achète bio, en circuit-court, Appart & Sens invite les investisseurs à porter un autre regard sur la consommation que l’on peut avoir de son patrimoine immobilier. Le propriétaire qui vient chez nous est dans une démarche de consommateur responsable puisqu’il souhaite donner un supplément d’âme à son investissement immobilier.
MS’I : Qu’est-ce qui différencie votre structure ?
C.L : L’agence a pour mission d’accompagner les propriétaires et investisseurs à donner du sens à leur patrimoine immobilier en logeant des personnes solvables et qui n’ont pas accès au parc locatif en raison de leur situation personnelle : famille monoparentale, jeune actif sans garant, créateur d’entreprise, indépendant, intermittent, personne victime de discrimination. Et je suis très heureuse car le concept fonctionne. C’est extrêmement valorisant pour les propriétaires d’avoir un patrimoine qui a du sens !
Quelqu’un qui crée sa boîte à 50 ans ne se voit pas comme une personne précaire. En revanche, la société lui renvoie cette image. Nous ne faisons pas du social. Nous ne plaçons que des locataires solvables. Mais nous prenons en compte la pension alimentaire, les allocations logement … Et nous menons une démarche préventive d’impayés. Ca passe par la création d’un lien de confiance entre le propriétaire et le locataire. Si le propriétaire est engagé, le locataire est investi et prend soin du bien !
MS’I : Auriez-vous imaginé une telle réussite ?
C.L : Je savais que ça fonctionnerait … J’ai compris beaucoup de choses chez Habitat et Humanisme. Je savais qu’il y avait une vraie tendance. Il fallait casser les codes et bien se positionner. Toutefois, je ne le cache pas, les deux premières années ont été difficiles. Aujourd’hui, plus de 160 personnes ont été logées sur la métropole lyonnaise en 18 mois. Propriétaires et locataires sont ravis. Et surtout, il n’y a pas d’impayé ! Notre démarche prouve bien que la question des profils est un non sujet. Depuis peu, nous sommes à Paris où la tension locative est explosive : les premiers locataires parisiens sont arrivés en aout 2020. Aujourd’hui, nous proposons aussi la vente de biens d’investissement solidaire.
MS’I : Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui démarre un projet dans l’immobilier ?
C.L : Il faut oser sortir du cadre, mener une réflexion sur l’empreinte qu’on a envie de laisser. On peut être nombreux aujourd’hui sur ce marché de l’immobilier responsable. Il n’y a pas que le sujet de l’innovation technologique est qui est porteur dans l’immobilier !