Crédit immobilier : Le HCSF fait un geste pour soutenir les emprunteurs les plus jeunes
Pierre Chapon et Renaud Pestre, co-fondateurs de Pretto, reviennent sur les nouvelles recommandations du HCSF en matière de crédit immobilier.
La première mission du HCSF est de maintenir l’endettement des agents économiques à un niveau soutenable, afin de limiter les défauts de paiements et ainsi assurer une bonne solidité du bilan des banques. Ces dernières ont véritablement appliqué les recommandations de l’Autorité de décembre 2019, au cours du deuxième trimestre 2020. Le HCSF constate par ailleurs « le dynamisme de la production de nouveaux crédits hors rachats et renégociations« , après une baisse en avril (10,6 Mds€) qui a atteint un niveau « des plus historiques en septembre puis en octobre (19,0 Md€ puis 20,2 Md€)« .
Une synthèse prudente de différents enjeux, mais de bons signaux
Si le HCSF constate un début d’effet de ses recommandations de décembre 2019, les acteurs du marché immobilier ont été entendus. Le HCSF a fait un geste pour soutenir les emprunteurs, en particulier les plus jeunes, en introduisant de légers assouplissements sur des points-clés. Ces derniers (taux d’endettement à 35 %, durée maximale du crédit à 27 ans et dérogations des banques portées à 20 % ) montrent que le HCSF est conscient des divers enjeux du crédit immobilier, un des moteurs de l’économie.
Ainsi, des emprunteurs exclus en 2020 pourraient revenir sur le marché dès le 1er semestre 2021, en particulier ceux en capacité d’emprunter mais qui atteignent les 33 %, ou encore les investisseurs, grands perdants du crédit immobilier cette année.
C’est une bonne nouvelle car des conditions d’octroi trop strictes favorisent dans une certaine mesure la reproduction sociale, et donc jouent sur les inégalités : les personnes bénéficiant d’un capital familial sont davantage en mesure d’emprunter. A l’inverse, des conditions trop souples peuvent mettre à risque des ménages modestes, les situations de surendettement aggravant aussi les inégalités. Le Haut Conseil semble attentif au sujet global des inégalités.
A ce titre, en 2020, nous avons observé une plus grande difficulté à emprunter pour les acquéreurs bénéficiant de moins d’apport, même avec des situations professionnelles confortables (ex : l’apport à Paris a augmenté de 27 % entre 2019 et 2020, passant de 76 000 € à 95 000 €).
Une capacité d’emprunt supplémentaire de 12 à 15 %
En 2021, grâce à l’assouplissement des règles, les jeunes ménages, qui bénéficieraient le plus de la durée d’emprunt à 27 ans, verraient leur capacité d’emprunt bondir de 12 %, voire plus de 15 % en combinant avec l’effet d’augmentation du seuil d’endettement de 33 à 35 %
Ainsi, l’annonce du HCSF est une synthèse prudente de ces différents enjeux. Ces nouvelles recommandations, qui deviendront des obligations à l’été 2021, restent guidées par la prudence. Mais une catégorie d’emprunteurs, en incapacité d’accéder à la propriété à un ou deux critères près en 2020, sera de retour sur le marché. L’Autorité a su raison garder.