Les Femmes de l’Immo/ Danielle Dubrac (l’UNIS) : « Ce qui me tient vraiment à cœur c’est que la parole des territoires soit prise en compte … »

Si Danielle Dubrac est tombée dans la marmite de l’immobilier par hasard, Après un beau parcours, elle n’en dirige pas moins aujourd’hui l’UNIS. Portrait d’une femme engagée, solidaire et profondément humaine.

Danielle Dubrac
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Mysweet’immo : Qu’est-ce qui vous a poussé à faire de l’immobilier ?

Danielle Dubrac : C’est le hasard de la vie puisque je n’étais pas destinée à l’immobilier. J’ai fait des études d’ingénieur. J’ai commencé ma carrière professionnelle dans le cadre d’activités sur des systèmes informatiques. Très vite, j’ai intégré une entreprise qui installait des systèmes informatiques sensibles. Il y a eu des restructurations au sein de l’entreprise et la branche d’activité dont je je faisais partie a été supprimé. J’aurais pu changer de branche au sein de la société mais j’ai préféré me tourner vers d’autres horizons et partir. La raison ? Une entreprise, ce n’est pas seulement des moyens techniques. L’humain est important.

MS’I : Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer ?

D.D : Une connaissance m’a conseillé l’immobilier et d’y monter une entreprise. Selon lui, le secteur cherchait du monde. J’ai mis à profit mes compétences en informatique et créé le cabinet de Syndic/Location/Gestion que j’ai toujours aujourd’hui. C’était il y a 32 ans. Nous sommes partie d’une feuille blanche. Je n’ai pas acheté de portefeuille. Pour faire connaître le cabinet, je me suis présentée à la maire de Saint-Denis. Celle-ci avait des préoccupations sur des copropriétés en difficulté qui méritaient une attention particulière. Mes confrères n’en voulaient pas : trop compliqué ! J’ai commencé comme ça sur le tas en m’occupant de copropriétés dégradées. Un gros challenge ! J’avais quitté une entreprise confortable et je ne connaissais rien à l’immobilier. Mais, petit à petit, le portefeuille, tant en gestion qu’en copropriété, a grossi.

MS’I : Qu’est-ce qui vous a poussé à rejoindre l’activité syndicale ?

D.D : Une rencontre ! Comme je gérais des copropriétés en difficulté, avec Véolia, nous avons mis en place un système de maîtrise des charges d’eau. C’était un dispositif expérimental qui nous permettait d’assurer l’eau aux copropriétés en difficulté mais aussi de responsabiliser les gens. En 1998, dans le cadre du Grand Prix du Management de l’Immobilier, j’ai reçu un prix sur cette maîtrise d’eau. Ce jour-là, il y avait Paul Roland, secrétaire général de la CNAV (ancêtre de l’UNIS). Il s’est présenté, il m’a expliqué qu’au sein de leur syndicat ils menaient une réflexion sur les copropriétés en difficulté et m’a encouragé à les rejoindre. J’ai très vite trouvé cette vie syndicale passionnante. J’ai été séduite par la convivialité du syndicat, le partage des problématiques de management avec d’autres chefs d’entreprise, la veille juridique … Progressivement, je suis devenue Présidente du syndicat au niveau régional, puis secrétaire général, puis, il y a un an, Présidente de l’UNIS.

MS’I : Qu’est-ce qui vous a motivé à prendre la tête de l’UNIS ?

D.D : Les sollicitations de collègues. Mais aussi l’envie de peser plus au niveau des pouvoirs publics. Ce qui me tient vraiment à cœur c’est que la parole des territoires soit prise en compte, que l’on s’enrichisse de leurs expériences, de leurs belles histoires et que l’on tienne compte de leurs revendications.

MS’I : Vous vous qualifieriez de femme engagée ?

D.D : Oui. Ce qui m’intéresse, c’est la cohésion sociale. Je suis solidaire : si je peux aider, tendre la main, je le fais. C’est d’ailleurs l’ADN de l’UNIS : beaucoup de convivialité, de solidarité et d’entre-aide.

MS’I : Est-ce qu’il y a une méthode Danielle Dubrac ?

D.D : Effectivement, je travaille un peu de la même manière dans mon cabinet et à l’UNIS. Je crois beaucoup à l’intelligence collective, au mangement horizontal, au travail collaboratif, avec une autonomie et une responsabilisation de chacun.

MS’I : Auriez-vous imaginé une telle réussite ?

D.D : Non, je n’imaginais pas un tel parcours. En revanche, j’ai très vite intégré des clubs d’entreprise et j’ai été élue à la Chambre de Commerce. Je m’intéresse beaucoup à ce qui se passe autour de moi. J’ai toujours eu cet esprit curieux. Mon cabinet compte aujourd’hui 23 salariés. Il se porte bien malgré la période difficile que nous venons de vivre. Je n’ai pas voulu grossir plus. Recruter des gestionnaires de copropriété n’est pas facile. C’est un métier ingrat, mal payé. Il faut un sens de l’adaptabilité, de l’écoute …  Et il y a eu beaucoup de nouvelles réglementations mais, au bout du compte, ce que l’on vise,  c’est le bien vivre ensemble et ça, c’est un joli projet !

Par Olivia Delage
Danielle Dubrac, Présidente de l’UNIS