« Comment mobiliser votre épargne de manière citoyenne dans l’immobilier ? », Quentin Romet
Quentin Romet, co-fondateur d’Homunity.com, fait ici le point sur les différents outils mis à la disposition des épargnants pour investir de manière citoyenne.
Si la crise a modifié notre façon de vivre, elle a également fait évoluer le rapport des Français à leur épargne. Pour preuve, selon une étude de l’UFF (Union Financière de France) 61 % des personnes interrogées déclarent accorder une place importante aux impacts environnementaux dans leurs placements. Quentin Romet, co-fondateur d’Homunity.com, fait ici le point sur les différents outils mis à la disposition des épargnants pour investir de manière citoyenne.
Des plateformes spécialisées
En France, il est plutôt simple de financer des projets à impact positif, notamment par le biais des plateformes de financement participatif. Certaines sont spécialisées dans la transition énergétiques, les énergies renouvelables ou encore l’éco rénovation des bâtiments.
Selon le 5e baromètre annuel du financement participatif des énergies renouvelables, la collecte a bondi de 827 % entre 2016 et 2020, pour s’établir à 102,4 millions d’euros. Par conséquent, de nombreux acteurs ont compris, à l’instar de la mairie de Paris, qu’il fallait profiter de cet intérêt croissant des Français pour capter une partie de leur épargne dormante. Ce type d’investissement permettra de financer des projets inspirants et d’avoir un impact direct et concret dans la lutte contre la pénurie de logements en France.
Ouvrir un livret vert
Avec le crowdfunding, les investisseurs doivent avoir du temps pour choisir les projets qu’ils souhaitent financer. Et comme le temps vient souvent à manquer, il est indispensable pour l’épargnant de pouvoir compter sur sa banque pour investir dans des produits d’épargne bancaire à l’image du livret de développement durable et solidaire (LDDS). Ce dernier n’a cessé de gagner en popularité au fil des ans puisqu’à ce jour, 24 millions de Français en détiennent un. Ce produit sert à financer des PME, la rénovation thermique de logements sociaux et, depuis quelques mois, les entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS). Les détenteurs d’un LDDS peuvent aussi faire un don, directement depuis leur livret, à une association partenaire de leur banque.
Des banques comme le Crédit coopératif propose un livret dont les intérêts annuels sont reversés à une association choisie par l’épargnant, qui pourra en retour bénéficier d’une réduction d’impôt. La Banque populaire distribue, quant à elle, le livret CODEVair. Peu rémunérateur, celui-ci sert à financer des projets environnementaux dans la région des épargnants. D’autres ont pris le pari de la transparence comme la Nef (Nouvelle Économie Fraternelle) qui publie chaque année la liste des entreprises auxquelles elle a prêté de l’argent pour ses deux livrets labellisés Finansol.
D’ailleurs, cette transparence est obligatoire pour les sociétés d’investissement immobilier cotées (SIIC) qui sont maintenant une trentaine à être implantées en France. Ces dernières déploient d’importants efforts pour contrer le greenwashing puisqu’elles doivent publier dans leur rapport annuel les informations relatives aux conséquences sociales et environnementales de leurs activités. Elles présentent également une vision exhaustive de leurs engagements sociétaux en matière de développement durable, en y intégrant de nombreux critères et indicateurs.
Des fonds immobiliers responsables
Il est également possible d’investir dans des fonds immobiliers responsables. L’épargne collectée servira à investir dans des bâtiments respectant les normes environnementales et sociales. D’ailleurs, la réglementation encourage à réduire drastiquement les émissions de CO2 au travers de certifications comme HQE (haute qualité environnementale) ou des normes comme bâtiments basse consommation (BBC). En 2019, les Français ont placé près de 278 milliards d’euros dans des fonds durables (+ 86 % par rapport à 2018) selon Novethic, le centre de recherche et d’information sur l’investissement socialement responsable (ISR). Cette année-là, un peu plus de 200 fonds durables ont vu le jour. Parmi eux, 117 nouveaux fonds ont reçu le label ISR.
En mars 2021, 6 SCPI et 2 OPCI se sont également vus décerner ce label. Toutefois, les critères d’obtention du label pour les fonds immobiliers sont plus exigeants que ceux valables pour leurs équivalents en actions. En effet, même si l’immeuble est considéré comme vertueux, il faut s’assurer par la suite que ses occupants appliquent les bonnes pratiques d’usage dans la durée. Il s’agit d’un élément important, car les actifs les plus performants en termes ESG seront recherchés et valorisés, et il serait regrettable de passer à côté de l’engouement des épargnants, puisqu’en moins d’un an, le label ISR représente déjà 6 % du marché des fonds immobiliers.
Ces labels permettent aux épargnants d’identifier les produits et fonds responsables et de s’orienter plus facilement puisqu’ils leur garantissent que leur épargne aura du sens. Les Français ont donc la possibilité d’investir dans ce qui leur tient à cœur tout en contribuant à l’effort social et écologique collectif. La diversification progressive des offres est proportionnelle à la demande croissante des épargnants. Toutefois, il s’avère essentiel d’être accompagné pour identifier et écarter les produits sans réel impact afin de contribuer réellement à rendre le monde plus vertueux.