« En cette rentrée, négocier trop le prix n’est pas toujours une bonne idée », Eric Allouche

Eric Allouche, directeur exécutif du réseau ERA, nous livre son regard sur le marché immobilier de cette rentrée et vous donne des conseils pour bien acheter dans une période très concurrentielle !

Eric Allouche
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Mysweet’immo : Comment est cette rentrée 2021 ?

Eric Allouche : Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’immobilier, qui avait déjà le vent en poupe avant la crise sanitaire, ne connaît toujours pas la crise, contrairement à d’autres secteurs mis en difficulté par la pandémie.

Après un été plutôt calme, la rentrée immobilière repart sur les chapeaux de roue. Tout le monde profite de l’excellente santé du marché : les professionnels comme les particuliers. La dynamique de changement d’habitat, de mode vie… observée ces derniers mois et liée aux confinements est toujours bien présente. Les Français privilégient pour leur bien-être les villes moyennes et les zones rurales. A titre d’exemple, 30 % des acquéreurs de maisons avec ERA Immobilier à Orléans est aujourd’hui francilienne. Et, dans un contexte encore anxiogène liée à la crise sanitaire, aux variants … les particuliers continuent de se replier sur des valeurs essentielles, comme la sécurité. L’immobilier les rassure. Et à juste titre !

Mysweet’immo : Fait-on toujours face à une pénurie de biens ?

Eric Allouche : Selon le dernier rapport du CGED, nous allons vers une très très belle année immobilière 2021. A juillet, 1 192 000 ventes ont été signées ! Chez ERA, depuis le début de l’année, nous sommes à plus de 25% en volume de ventes en 2021 par rapport à 2019. Nous avons moins de mandats (- 15%) et beaucoup plus d’estimations. Ce qui signifie que le turn over des mandats est rapide. Il y a certes un peu moins de biens diffusés sur le marché mais c’est parce qu’ils partent très vite. Question estimation, beaucoup de gens réfléchissent à vendre mais ils préfèrent aussi trouver avant d’acheter… Ce qui bloque aussi un peu le marché. A titre d’exemple, à Calais, un agent immobilier ERA n’a en stock que 40 biens à vendre contre 400 mandats en 2016.

Le taux de rotation précisé dans le rapport du CGED ne dit pas autre chose : il est très élevé. Il est passé de 2,5 % en 2016 à 3,6 % aujourd’hui. Ce mouvement de biens entretient la bonne dynamique du marché. Même Paris en profite : on observe une reprise. Mais attention, dans la Capitale, les acheteurs ne sont plus prêts à acheter à n’importe quel prix comme c’était le cas avant la crise sanitaire.

On observe chez ERA une augmentation des prix de 6% sur les appartements (du 1er janvier à fin août 2020 par rapport à la même période 2021 et de 9 % sur les maisons.)

Mysweet’immo : Est-il facile d’acheter en cette rentrée ?

Eric Allouche : Oui à la condition d’avoir un bon dossier et de réagir vite. Les biens rentrent et sortent très vite. D’ailleurs, certains biens à la vente ne sont même pas affichés sur les portails. Pas besoin, les agences ont des clients en portefeuille qui attendent. Elles les contactent directement lorsqu’elles rentent un bien qui correspond à leurs critères.

Pour un bien, il y a souvent plusieurs acheteurs en lice. Pour remporter l’affaire, il faut séduire le vendeur, d’où la nécessité de bien préparer son dossier d’emprunt. Avoir de l’apport est nécessaire. Dans un secteur où il y a une forte demande, si vous commencez à négocier, c’est fini ! A titre d’exemple, à Calais, pour une maison, il y avait 13 demandes de visite : deux offres au prix, deux en dessous et d’autres en surenchère ! Evidemment, en France la surenchère est interdite mais on voit bien que négocier n’est pas d’actualité.

Avec tous ces acheteurs sur le marché, certains vendeurs ont les yeux plus que le ventre. Pour éviter les vendeurs trop gourmands, mieux vaut acheter un bien proposé par un agent immobilier. Celui-est à même de raisonner son client …

Mysweet’immo : Est-il facile d’emprunter ?

Eric Allouche : Oui, les taux sont très bas et la production de crédits reste forte : sur les 7 premiers mois de l’année 2021, elle atteint un niveau record de 131,1 milliards d’euros hors renégociations, contre 101,3 milliards d’euros à la même période en 2020, soit une hausse de 30 % ! En septembre, les banques ont toujours la volonté de prêter. Emprunter à plus ou moins 1 % aujourd’hui, c’est faisable : ce qu’il faut surveiller en revanche lorsqu’on contracte un crédit c’est le taux d’assurance. Les banques ont tendance à se rattraper sur l’assurance-crédit . Il ne faut pas oublier que l’on peut en changer.

Mysweet’immo : Dans quel état d’esprit sont les agents immobiliers ?

Eric Allouche : Heureux. Ils ont fait une bonne année ! Chez ERA, nous avons signé 98 nouveaux contrats de franchise depuis le début de la crise du Covid. Nous avons aujourd’hui 462 agences ouvertes ou en instance d’ouverture.

L’année 2020 a été source de remise en question pour beaucoup d’entre nous, conduisant de nombreux candidats à se reconvertir dans l’immobilier. Parallèlement, les ménages ont poursuivi leurs projets, entraînant une demande d’accompagnement dans leurs démarches, alors que d’autres secteurs se sont retrouvés à l’arrêt (restauration, événementiel, etc.).

Par Olivia Delage