Construction : Y a-t-il toujours des maires bâtisseurs en France ?
Alerte sur le logement neuf ! SeLoger s’est penché sur les bons élèves de la construction. Premier enseignement : tous les maires bâtisseurs ne sont pas à la tête d’une ville située en zone hyper tendue. Preuve en est que les besoins en logements neufs sont partout.
Selon la FPI, en rythme annuel, les maires autorisent aujourd’hui 50 000 logements collectifs de moins qu’en 2017. « Non les maires bâtisseurs ne sont pas en voie d’extinction. SeLoger met en avant les villes sous pression immobilière qui sont dirigées par des élus qui tentent d’accompagner le marché en autorisant la construction de nouveaux logements pour contenir la pression sur les prix immobiliers », explique Séverine Amate, porte-parole du Groupe SeLoger.
Un manque cruel d’offres de logements neufs
« Les clients sont bien là mais les difficultés que nous rencontrons pour lancer les programmes attendus par les ménages pèsent sur les ventes », s’inquiète Pascal Boulanger, président de la fédération des promoteurs immobiliers (FPI). Selon la FPI, les mises en vente s’essoufflent au troisième trimestre puisqu’elles s’affichent en recul de -3 % au T3 2021 par rapport à celui de 2020. La faute au manque de permis de construire délivrés par les maires. « La reprise ne sera pas possible sans l’appui des pouvoirs publics pour redonner au logement neuf toute sa place », poursuit-il car selon la FPI, en rythme annuel, les maires autorisent aujourd’hui 50 000 logements collectifs de moins qu’en 2017.
« Tous les maires sont conscients de la nécessité de construire pour loger la population, juge Thierry Repentin, maire de Chambéry et vice-président du groupe de travail Logement, Habitat et Hébergement de l’Association des maires de France (AMF). Dans certaines zones tendues, cette conscience peut même se transformer en inquiétude devant l’envolée des prix du foncier et l’augmentation des loyers qui peut mettre en difficulté de jeunes ménages qui souhaitent s’installer sur la commune ou parfois simplement continuer d’y habiter. »
Pour l’ancien Sénateur de Savoie, la construction de logements ne doit toutefois pas se faire à n’importe quel prix. « La population est de plus en plus sensible aux enjeux de préservation de l’environnement et du cadre de vie, d’où l’importance de prévoir un développement urbain raisonné et équilibré et ce dès l’élaboration des documents d’urbanisme. Le maire doit concilier ces impératifs pour « bien construire » ».
Les bons élèves de la construction… souvent sous pression immobilière !
Sur le terrain, des élus locaux réussissent à concilier ces impératifs. Selon l’arrêté du 25 octobre publié le 28 octobre au Journal Officiel, 1 288 communes recevront d’ici à la fin de l’année 142 millions d’euros d’aide à la relance de la construction durable*, dénombre le ministère de la Transition écologique. Pour rappel, cette aide délivrée sous certaines conditions et déployée sur deux ans, vise à « soutenir leur effort de construction de logement, en contribuant au financement des équipements publics, infrastructures et autres aménités urbaines favorables à l’accueil de nouveaux ménages et à l’amélioration du cadre de vie des habitants », précise le ministère de la Transition écologique.
SeLoger s’est penché sur ces bons élèves de la construction. Premier enseignement : tous les maires bâtisseurs ne sont pas à la tête d’une ville située en zone hyper tendue. Preuve en est que les besoins en logements neufs sont partout. Autre enseignement : ce coup de pouce financier peut largement dépasser le million d’euros. Dernier enseignement : ces collectivités locales sont sous pression immobilière selon les données de SeLoger. La délivrance de nouveaux permis de construire est donc salutaire pour un marché prisé des acheteurs.
Zoom sur 9 villes qui ont reçu (ou vont recevoir) une aide de l’Etat
A Bourgoin-Jallieu (située en zone B1), qui a reçu une aide de près de 1,4 million d’euros pour 2021, le prix moyen au mètre carré a bondi de 14 % entre août 2020 et octobre 2021 (3 698 € en moyenne). Dans cette ville d’Isère, un logement trouve son nouveau propriétaire pour 239 816 € en moyenne. Dans le département limitrophe, le marché immobilier de Villeurbanne (située en zone A) enregistre des hausses de prix de 10 % sur la même période. Le prix au m² se fixe à 5 852 € en moyenne et les logements trouvent preneur pour 345 947€. La ville recevra près d’1,36 million € d’aides. À Chambéry (située en zone B1), qui percevra un peu plus de 700 000 €, le prix moyen du mètre carré varie autour de 4 365 €, en hausse de 7% sur un an et les logements se vendent en moyenne à 277 625 €.
Plus au Sud de la France, à Cavalaire-sur-Mer (zone A), dans le Var, les prix au m² ont explosé de 25 % entre août 2020 et octobre 2021, pour se fixer à 6 482€. Dans cette commune, qui percevra près de 632 000 € d’aides de l’Etat, le prix moyen des habitations est de 403 192 €.
Cap à l’Ouest en Mayenne : la ville de Laval (zone B2), qui a perçu un peu plus de 703 000 € d’aides, présente un marché en tension. Les prix des logements ont pris 16 % sur un an, faisant grimper le prix moyen du mètre carré à 3 519 € pour un prix moyen de 198 184 €. En Bretagne, Saint-Malo (zone B1) voit ses prix au mètre carré grimper de 16 %, pour osciller autour de 5 822 €. Les logements se vendent en moyenne à 362 232 €. L’ancienne cité corsaire percevra une aide de près d’1,2 million d’euros.
Province, Ile-de-France : même combat
Enfin sur le marché immobilier francilien, en Seine-et-Marne, à Bussy-Saint-Georges, par exemple, le prix au mètre carré tourne autour de 5 116 €, en augmentation de 14 % sur un an, pour un prix moyen des logements de 299 545 €. La ville, située en zone A, recevra un coup de pouce financier de près de 638 000 €. Dans les Hauts-de-Seine, Clamart, située en zone Abis, bénéficiera de près de 2,17 millions d’euros d’aides. La ville voit ses prix progresser de 3 % sur un an, à 7 368 € du m², pour un tarif moyen de 521 713 €. Le Blanc-Mesnil (zone A), percevra près de 1,1 million d’aides. La ville située en Seine-Saint-Denis enregistre des hausses de prix de 5 % entre août 2020 et octobre 2021, autour de 4 505 € et un prix moyen de 267 926 €.
*Le montant de l’aide est calculé sur la base des permis de construire qui dépassent un seuil de densité établi à l’échelle nationale. Les programmes d’au moins 2 logements sont éligibles, les maisons individuelles sont exclues du décompte. L’aide, qui sera distribuée d’ici la fin de l’année 2021, correspond aux permis de construire délivrés entre septembre 2020 et août 2021.
Tous les maires sont conscients de la nécessité de construire pour loger la population. Dans certaines zones tendues, cette conscience peut même se transformer en inquiétude devant l’envolée des prix du foncier et l'augmentation des loyers qui peut mettre en difficulté de jeunes ménages qui souhaitent s'installer sur la commune ou parfois simplement continuer d'y habiter.