Immobilier : Quelles sont les villes où l’exode des Parisiens a fait grimper le prix ?

L’exode des Parisiens a contribué à faire grimper les prix immobiliers de près de 50% dans certaines villes de province … Le point avec SeLoger.

Saint-Valery-sur-Somme

© adobestock. A Saint Valery sur somme, les prix des maisons ont flambé de 47% en 3 ans.

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« En donnant naissance au concept de résidence semi-principale (une résidence secondaire où son propriétaire séjourne plusieurs jours par semaine), la crise sanitaire et la banalisation du télétravail ont permis à de nombreux Parisiens d’améliorer leur cadre de vie tout en poursuivant leur activité dans la capitale. Mais cet exode a également contribué à faire grimper les prix immobiliers de près de 50% dans certaines villes de province et a fortement réduit le délai de mise de vente », explique Séverine Amate, porte-parole de SeLoger en préambule.

À Saint-Valéry-sur-Somme, les prix des maisons en hausse de près de 50 %

Les Parisiens sont depuis peu accusés par les provinciaux de faire monter les prix des logements, de les empêcher d’accéder à la propriété et de dérégler les marchés immobiliers locaux. Leurs revenus – plus élevés que ceux des provinciaux – et leurs apports personnels – plus importants (surtout si ils découlent de la vente d’un bien en Ile de France) – auraient pour effet de fausser littéralement le jeu de la concurrence. Bref, les Parisiens seraient un véritable fléau, immobilièrement s’entend…

Mais alors, mythe ou réalité ? En analysant un échantillon de villes – petites et moyennes – dont il est de notoriété publique qu’elles sont plébiscitées par les Parisiens et où la proportion de résidences secondaires et, désormais, de résidences semi-principales y est non négligeable, il est possible de constater que, depuis 2018, le prix de l’immobilier y avait augmenté dans des proportions conséquentes. En clair, dans les villes du panel, la biodiversité immobilière locale serait donc menacée par l’intrusion de Parisiens au pouvoir d’achat immobilier sans commune mesure avec celui des locaux… Force est ainsi de constater que depuis 2018, soit en l’espace de 3 ans, les prix des maisons ont flambé dans ces villes appréciées des Parisiens :

  • Saint-Valéry-sur-Somme : 2 951 €/m² / + 47 %
  • Le Crotoy : 3 195 €/m² / + 24 %
  • Saint-Malo : 3 964 €/m² / + 39 %
  • Chantilly : 3 481 €/m² / + 14 %
  • Fougères : 1 712 €/m² / + 17 %
  • Laval : 2 031 €/m² / + 19 %
  • Guéret : 1 188 €/m² / + 17 %
  • La Baule : 4 612 €/m² / + 35 %
  • Carantec : 2 501 €/m² / + 16 %
  • Vannes : 3 640 €/m² / + 34 %
  • Biarritz : 6 663 €/m² / + 35 %
  • Capbreton : 6 111 €/m² / + 38 %
  • La Roche-sur-Yon : 2 272 €/m² / + 19 %

À Saint-Malo, les délais de vente reculent de 40 %

Outre la flambée des prix qui touche les communes citées plus haut, un autre reproche, que les Parisiens se voient souvent adresser, tient à ce qu’ils auraient pour ainsi dire exporté leur marché immobilier d’origine avec eux. Entendez par là qu’en jetant leur dévolu sur certaines des villes du panel, ils auraient fait se tendre leurs marchés immobiliers, les faisant ressembler au marché immobilier de la capitale : un marché tendu où les biens sont rares, où la demande est forte, où les offres – le plus souvent « au prix » – sont le plus fréquemment formulées à l’issue de la première visite et où les délais de vente se réduisent comme peau de chagrin.

Là encore, est-ce la faute des Parisiens si les marchés locaux s’emballent ? Selon les données collectées, à Boulogne-sur-Mer, par rapport à 2018, les annonces immobilières restent publiées 45 % moins longtemps Au Crotoy, la durée de vie d’une annonce de maison à vendre voit sa durée de vie reculer de 44 %. À Saint-Malo, les délais de vente ont baissé de 40 %. À Vannes, la baisse atteint 35 % et elle se monte à 28 % à Capbreton. L’accélération de certains marchés immobiliers locaux est donc bel et bien avérée. Pour autant, un lien de causalité direct avec une arrivée massive de Parisiens paraît plus difficile à établir…

Un bouleversement irréversible des marchés immobiliers en province ?

Sommes-nous en train d’assister à un Grand remplacement des provinciaux par les Parisiens ? Le pouvoir d’achat immobilier des habitants de la capitale et leur intérêt croissant pour les petites et moyennes villes nuirait-il réellement aux candidats locaux à l’achat ? L’attrait des Parisiens pour la pierre provinciale est-il en passe de gentrifier certaines communes ?

S’il est encore trop tôt pour répondre à ces interrogations, les mouvements de population (depuis les métropoles vers les petites et moyennes villes) et la prolifération des résidences semi-principales a d’ores et déjà fait réagir les élus locaux. Pour limiter le nombre de résidences secondaires dans certaines communes, encadrer une concurrence par trop déloyale, freiner les velléités d’achat de Parisiens plus fortunés que les locaux et permettre à ceux-ci d’acheter dans leur région d’origine, l’UD8 (Union Démocratique Bretonne) propose ainsi de créer un statut de résident breton. En clair, seules les personnes pouvant prouver qu’elles ont vécu au moins un an dans la région auraient le droit d’achat sur le littoral breton. Priorité serait alors donnée aux locaux, lesquels se verraient réserver la possibilité de devenir propriétaires dans les communes bretonnes affichant un taux de résidences secondaires supérieur à 20 %.

Même son de cloche en Corse où certains nationalistes voudraient réserver le droit d’acquérir un logement sur l’Île de Beauté aux particuliers qui y vivent depuis plusieurs années. Toutefois, pour Michel Mouillart, si les prix flambent dans certaines municipalités – certes prisées des Parisiens – ce ne sont pas tant les acheteurs en provenance de la capitale qu’il faut blâmer mais bien les propriétaires du cru. En effet, ceux-ci ne vendraient plus aux acheteurs habituels mais à une clientèle extra-locale disposant de revenus supérieurs. « La compétition est alors faussée. Mais ce qui est paradoxal, c’est que ce sont précisément les parents ou les grands-parents de ceux qui ne trouvent plus à se loger qui vendent leurs biens à des acheteurs qui ne sont pas du cru… »

Par MySweet Newsroom
En donnant naissance au concept de résidence semi-principale (une résidence secondaire où son propriétaire séjourne plusieurs jours par semaine), la crise sanitaire et la banalisation du télétravail ont permis à de nombreux Parisiens d’améliorer leur cadre de vie tout en poursuivant leur activité dans la capitale. Mais cet exode a également contribué à faire grimper les prix immobiliers de près de 50% dans certaines villes de province et a fortement réduit le délai de mise de vente.
Séverine Amate, porte-parole de SeLoger