Immobilier Lille : Les acquéreurs recommencent à faire des offres à la casse
Face aux propriétaires gourmands galvanisés par la demande, les acquéreurs commencent à tiquer. Focus sur le marché immobilier à Lille avec Nathalie Forest, directrice de l’agence Sotheby’s international realty.
A Lille, le prix de l’immobilier a augmenté d’au moins 13% l’an passé
Cela ne l’inquiète outre-mesure mais cette pro de l’immobilier haut de gamme, référence dans le Vieux-Lille, constate une véritable accalmie sur le marché de la capitale des Flandres. Nathalie Forest, directrice de l’agence Sotheby’s international Realty, voit passer ces temps-ci beaucoup moins de
clients. Tandis que les acheteurs présents semblent moins pressés de conclure, alors que traditionnellement le printemps est la plus belle des saisons pour l’immobilier. Un contraste saisissant avec l’envolée, voire la flambée observée à Lille l’an dernier, qui a vu ses prix grimper de 13%, voire beaucoup plus pour les biens exceptionnels.
Carrefour de l’Europe, située à une heure de Paris, une heure et demie de Bruxelles et deux heures de Londres, la métropole a alors connu un afflux d’acheteurs, notamment venus de Paris. Avec sa bonne santé économique et ses grandes entreprises, Lille a attiré des familles et des jeunes en quête de maisons à prix raisonnables. La généralisation du télétravail a accentué la tendance. Sacrée 3ème ville étudiante de France, elle a également fait le plein d’investisseurs, prêts à surenchérir pour de petites surfaces bien situées, offrant une rentabilité entre 5 et 6% brut.
Le vent de folie retombe, les acquéreurs ne suivent plus
Depuis le début de l’année, le vent de folie est retombé. « On observe de l’attentisme, avec moins de
transactions et davantage de négociations », analyse Nathalie Forest. Autrefois prompts à signer sans
discuter, les acquéreurs recommencent à faire des offres à la casse. Un changement qui n’étonne pas
la patronne de l’agence qui, affirme-t-elle, « a l’immobilier dans la peau » depuis ses débuts voilà 25
ans dans le groupe familial : galvanisés par la demande et par la pénurie de bien à vendre, certains propriétaires ont augmenté les prix de vente de 15% à 20% ! Or, désormais, les acheteurs ne suivent
plus.
Dans le Vieux Lille et Lille Centre, les biens sans défaut se vendent
Pour autant, le marché reste actif et les ventes se poursuivent pour les biens sans défaut. Bien sûr, tout dépend du quartier. Le Vieux-Lille, pétri de charme avec ses appartements du XVIIe reste une valeur sûre affichant des prix entre 6000 et 7 500 euros le mètre carré, comme ce beau 94 m2, refait à neuf, doté d’une terrasse de 15 m2, situé Quai de Wault, à la limite du Vieux- Lille, parti sans difficulté à 750 000 euros. Lille-Centre continue à plaire aux Parisiens, attirés par la proximité de la gare et par les maisons et les appartements de caractère : rue Faidherbe, un 5-pièces, avec une vue sur la Grand’ Place, s’est récemment vendue 850 000 euros.
La Madeleine et le quartier Vauban tirent aussi leur épingle du jeu
La Madeleine, commune résidentielle proche du centre et desservie par le train, tire également son épingle du jeu. Les familles aisées continuent d’y rechercher des maisons de caractère avec jardin.
Elles n’en trouvent pas toujours tant les propriétaires rechignent à bouger, même pour revendre leur
bien entre 600 000 et 2 millions d’euros. Les appartements, moins onéreux, se négocient en moyenne 3500 euros le mètre carré en 2022, selon la Chambre des notaires du Nord-Pas de Calais.
Le quartier Vauban est lui aussi très attractif. Même si les investisseurs se font désormais moins nombreux, la présence de grandes écoles, dont la Catho, rend l’achat toujours intéressant, notamment pour les parents qui veulent loger leurs enfants étudiants. Les prix s’y échelonnent entre 3200 et 5 000 euros le m2.
A Wazemmes, des maisons moins chère qu’ailleurs
Moins côtés, certains quartiers, pourtant centraux, souffrent encore davantage de la désaffection actuelle. Wazemmes, cosmopolite, en voie de boboïsation, est depuis longtemps promis à un bel avenir. Mais il n’a jusqu’ici pas connu le rattrapage espéré, malgré des prix en hausse l’an dernier.
Aujourd’hui, les prix stagnent (autour de 3000-3500 euros le m2) voire baissent légèrement. Pourtant, le quartier animé et populaire constitue un recours pour ceux qui ne peuvent s’offrir le Vieux Lille et cherchent des maisons 1930 moins chères qu’ailleurs. Et les investisseurs peuvent y trouver leur bonheur à condition de prendre leur mal en patience avant d’espérer de belles plus- values à la revente.
Lambersart, Bondues et Marcq-en-baroeul attirent la clientèle aisée
Autour de Lille, certaines communes dotées de maisons et grands espaces profitent du changement de mentalité des acquéreurs depuis la crise : « Ils pensent différemment et n’ont plus les mêmes priorités », souligne Nathalie Forest. Lambersart, résidentielle et verte, reliée au centre de Lille par le bus, de plus en plus recherchée. Récemment, un loft de 362 m2 avec 550m2 de terrain et une piscine couverte s’est vendu 1,4 million d’euros. Bondues attire les couples aisés, avec des prix autour de 4500 euros le mètre carré, voire beaucoup plus autour du Golf, où les biens à la vente restent rares.
Plus loin, Marcq- en- Baroeul, avec ses bonnes écoles et son environnement de qualité continue d’attirer les familles avec des prix raisonnables (3500-4800 euros le mètre carré) .
Les primo-accédants se dirigent vers Moulins, Fives ou Hellemmes
En revanche, malgré la stagnation voire la baisse des prix -1% sur un an selon les notaires du Nord- Pas de Calais, la plupart des jeunes couples et des célibataires, primo-accédants, commencent à avoir du mal à devenir propriétaires.
Certains se dirigent vers Moulins, au sud de Lille, pour trouver des appartements anciens à prix doux (à partir de 2 500 euros le m2) ou de petites maisons en brique rouges entre 2 000 et 4500 euros le m2. D’autres mettent le cap sur Fives ou Hellemmes. Sous l’influence d’une clientèle en quête d’animation et de logements bon marché, Fives, ancien quartier industriel, s’améliore et offre de petites maisons à 2000-2500 euros le m2 et des appartements aux mêmes tarifs.
Hellemmes est un peu plus cotée et propose des appartements autour de 3 000 euros le mètre carré. Ces quartiers, qui avaient profité de l’embellie, voient aujourd’hui leur progression stoppée. La hausse des taux, qui risque de désolvabiliser encore davantage les primo-accédants, pourrait encore plus faire baisser les prix. Et permettre aux investisseurs d’y faire leur marché.
Malgré tout, Nathalie Forest reste optimiste. Pour elle, les prix vont certes continuer à stagner un certain temps. Mais « dès que les vendeurs redeviendront plus raisonnables, le marché repartira », assure t-elle. Lille reste une ville attractive et même si l’emballement n’est plus d’actualité, la directrice de l’agence Sotheby’s international Reallty de la rue Basse, située au coeur des beaux quartiers, imagine un automne prometteur.
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