François Moerlen (FNAIM) : « Le succès des plateformes immobilières n’est pas au rendez-vous »

François Moerlen, candidat à la présidence de la Fnaim livre son regard sur les plateformes immobilières au micro Mon Podcast Immo d’Ariane Artinian.

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François Moerlen, candidat à la présidence de la Fédération Nationale de l’Immobilier (FNAIM) s’interroge sur la pertinence des plateformes immobilières. Extraits choisis de son interview Mon Podcast Immo.

Mon Podcast Immo : Comment appréhendez-vous le développement des plateformes immobilières ?

François Moerlen : C’est dernières années, nous avons vu l’émergence de quantité de plateformes immobilières qui sont sur tous les métiers – gestion, transaction, syndic de copropriété. L’erreur qu’elles font, c’est de vouloir disrupter le marché en attaquant les acteurs en place, alors que, finalement, on peut se poser la question de l’innovation qui est derrière la formule et les services qu’elles proposent. En réalité, la part de marché de ces plateformes est très réduite, estimée à 0,5 %. La progression n’est pas au rendez-vous pour beaucoup d’entre elles, parce que les consommateurs ne reconnaissent pas la plus-value qu’elles apportent en terme de technologie, de services, de tarifs et de facilités. En réalité, ce sont les acteurs déjà en place qui ont eux-mêmes pris le chemin de la transformation digitale.

Mon Podcast Immo : Les clients ne suivent peut-être pas, mais ces sociétés ont réussi à lever énormément de fonds…

François Moerlen : C’est le challenge aujourd’hui car, dans le contexte économique que nous connaissons, les capitaux sont plus difficiles à lever. Les hausses des taux d’intérêt et la tension sur les marchés financiers font que les investisseurs privés, les fonds d’investissement, les banques, sont beaucoup plus regardants. Il y a donc une opportunité pour les acteurs en place car toutes ces plateformes vont avoir de plus en plus de difficultés à lever des fonds pour se financer. Je rappelle que leur business modèle, ce n’est pas de gagner de l’argent avec des clients, dans un premier temps, mais c’est de gagner de l’argent avec les fonds qu’elles lèvent auprès des fonds d’investissement. Ce qui veut dire qu’un certain nombre d’entre elles vont cesser d’exister parce que leurs sources de revenus vont se tarif, et les investisseurs seront beaucoup plus regardants sur la qualité du projet et sur la réalisation du business modèle qui leur est proposé.

Mon Podcast Immo : Ces plateformes ont quand même des atouts. Quels sont les modèles qui menacent le plus les acteurs en place ?

François Moerlen : Les modèles qui menacent, ce sont ceux qui ont pour objectif de capter les flux : ceux des vendeurs afin de leur proposer en amont des mandats avec des honoraires low-cost; et ceux des acquéreurs afin de les envoyer vers une autre plateforme ou de les céder à des agents immobiliers. En réalité, capter les flux, c’est très difficile car il faut beaucoup de notoriété et de visibilité. C’est notamment le cas des Gafa, comme Facebook qui est capable de capter vos flux d’informations et de les transformer en un chaînage entre le client et les professionnels.

S’il faut se poser la question des flux, il faut aussi se poser celle de la qualité technique du projet. Les copropriétaires qui sont allés sur une plateforme de syndic de copropriété coopératif et qui reviennent vers un syndic traditionnel en savent quelque chose.

Mon Podcast Immo : Comment expliquez-vous cela ?

François Moerlen : Derrière la solution simpliste de la plateforme immobilière, se cache en réalité un piège pour les copropriétaires. Quand vous confiez la gestion d’une copropriété au conseil syndical assisté par une plateforme, dont finalement on ne sait pas très bien comment elle va vous aider à gérer votre copropriété, vous prenez le risque de vous retrouver dans un immeuble où les appartements ne sont plus vendables car ils ne sont pas gérés correctement, et vous prenez ainsi un gros risque pour votre capital immobilier.

Par Ariane Artinian