Ehpad : Trop endetté, Orpea se place sous protection judiciaire
Très endetté et en difficulté depuis la sortie en janvier du livre-enquête « Les Fossoyeurs », le groupe d’Ehpad privés Orpea se place sous la protection judiciaire pour renégocier sa dette avec ses créanciers.
Après le scandale, les déboires financiers… Dans la tourmente depuis la sortie en janvier du livre-enquête « Les Fossoyeurs », dénonçant ses pratiques, le groupe d’Ehpad privés Orpea a annoncé mercredi l’ouverture d’une nouvelle procédure amiable de conciliation devant le tribunal de commerce de Nanterre pour renégocier sa dette avec ses créanciers.
À la Bourse de Paris, les investisseurs ont réagi très vivement à cette annonce mercredi matin. L’action du groupe, dont la cotation avait été suspendue lundi, a plongé de plus de 40% dans les premiers échanges, à la reprise de sa cotation, avant que la chute ne se réduise. Vers 9 heures 30, le titre d’Orpea plongeait encore de 28%, à 10,60 euros.
« L’entreprise est trop endettée en raison du développement international et immobilier mené à un rythme effréné, à l’initiative de l’ancienne direction générale », a expliqué à l’AFP le nouveau directeur général d’Orpea, Laurent Guillot.
Une dette de 9,5 milliards d’euros
La dette du groupe s’élevait à plus de 9,5 milliards d’euros au 30 septembre dernier.
« Cette procédure de conciliation amiable nous permet de renégocier avec les acteurs financiers la situation de notre endettement et en même temps de protéger nos salariés et résidents« , a ajouté M. Guillot.
L’objectif envisagé serait de « convertir une partie de la dette d’Orpea en capital et de lever à nouveau de l’argent en dette et en capital auprès des investisseurs », a-t-il précisé. Cette procédure dite préventive permet à une entreprise en difficulté de négocier avec ses créanciers de façon confidentielle, sous l’égide d’un conciliateur désigné par le président du tribunal de commerce.
Une 1ère procédure de conciliation amiable
Orpea avait déjà mené cette année une procédure de conciliation amiable qui lui avait permis d’aboutir à un accord avec ses banques pour assurer son financement. Mais le groupe risque de ne plus être en mesure de s’y conformer en raison de différents facteurs, dont l’inflation.
L’entreprise anticipe également de nouvelles dépréciations d’actifs, estimées entre 2,1 et 2,5 milliards d’euros. En raison de premières dépréciations d’actifs, le Groupe français avait basculé dans le rouge au premier semestre, accusant une perte nette de 269 millions d’euros. Il avait toutefois réalisé un chiffre d’affaires semestriel de 2,3 milliards d’euros, en hausse de 10,9%.
Le deuxième semestre ne se présente pas sous les meilleures auspices : « la tendance baissière de la performance financière des activités » se prolonge, notamment « du fait de l’augmentation significative des coûts d’achats » du groupe, en particulier sur les denrées alimentaires », détaille Orpea dans un communiqué.
Une plainte nominative
Avant cela, la situation d’Orpea a été « fortement affectée par les malversations et les manquements éthiques de la direction précédente », a déclaré M. Guillot.
Le Groupe a décidé de compléter la plainte contre X déjà déposée auprès de la justice en avril, en visant cette fois explicitement l’ancien mandataire social, Yves Le Masne, a indiqué M. Guillot.
« Je n’imagine pas un seul instant qu’Yves le Masne (…) ne mesurait pas toute la responsabilité qui était la sienne », a-t-il commenté.
« Les Fossoyeurs »: le livre qui a fait mal
Présent dans 23 pays, dont la France où il gère plus de 350 établissements, Orpea est dans la tourmente depuis la sortie en janvier du livre-enquête « Les Fossoyeurs » qui l’accuse de maltraitance envers les résidents, de fraudes comptables et de pratiques contestables en matière de ressources humaines.
La justice a ouvert en avril une enquête préliminaire pour maltraitance institutionnelle et infractions financières, à la suite d’un signalement par le gouvernement.
Le Groupe dit avoir pris de premières mesures pour modifier ses pratiques et prévoit de détailler le 15 novembre son plan de transformation sur trois ans.
Depuis le scandale, son titre a connu une chute vertigineuse à la Bourse de Paris. L’action a perdu environ 90% de sa valeur depuis le début de l’année.