« Territoires : Les 5 leçons de l’échec du projet du triangle de Gonesse », Emmanuel de La Masselière
L’urbaniste Emmanuel de La Masselière présente son dernier ouvrage au micro d’Ariane Artinian dans ce nouvel épisode de Mon Podcast Immo.
Emmanuel de La Masselière est l’invité de Mon Podcast Immo. L’urbaniste, spécialiste des stratégies des villes et des territoires présente sou ouvrage « Triangle de Gonesse – Autopsie d’un projet et remèdes pour de futures opérations d’aménagement » (Ed. L’Harmattan) présente son ouvrage au micro d’Ariane Artinian.
Mon Podcast Immo : « Autopsie d’un projet », cela veut dire que le projet n’a pas vu le jour ?
Emmanuel de La Masselière : Le projet, imaginé en 2005, a été abandonné par le Président de la République en 2019. Dans cet ouvrage, j’ai voulu raconter les raisons qui avaient conduit à ce projet. C’était un des plus gros projets d’aménagement de France situé entre les aéroports Charles-de-Gaulle et du Bourget. Cela représente 1 000 ha de terre qui forment un triangle, dont 250 avaient déjà été aménagés. Il restait donc 750 ha qui risquaient d’être grignotés par de la grande logistique. En 2005, au sein de l’établissement public d’aménagement La Plaine de France, nous avons pensé qu’il fallait les aménager en partie, d’une part, pour bloquer l’extension de la grande logistique et, d’autre part, pour répondre à trois besoins.
Le premier de ces besoins, c’est un enjeu de compétitivité de la France en accueillant des activités, de l’économie des échanges internationaux, qui cherchent à s’implanter à côté des grands aéroports dans un cadre urbain proche de Gonesse.
La deuxième raison est un enjeu d’équilibre régional, car ce territoire est très spécialisé pauvre, servant de territoires dominants, il accueille, avec toutes les nuisances qui vont avec, de la logistique pour tout le monde, des centres d’enfouissement de déchets pour tout le monde, mais pas de bureaux, pas de grands équipements.
Enfin, le troisième enjeu, c’est produire de la qualité urbaine locale avec de la beauté, des emplois, la connexion de plaques urbaines entre elles.
Mon Podcast Immo : Pourquoi ce projet n’a-t-il pas vu le jour ?
Emmanuel de La Masselière : D’abord, entre le début et aujourd’hui, il s’est passé une quinzaine d’années au cours desquelles le monde a changé. Les besoins d’alors n’étaient pas les mêmes que ceux qu’aujourd’hui. L’acuité de la crise écologique fait que ce que l’on pensait il y a quinze ans ne vaut peut-être plus aujourd’hui. Mais je pense également que la manière, très verticale, de faire n’était pas du tout adaptée. Le projet n’a fait l’objet d’aucune négociation.
Mon Podcast Immo : Quels enseignements en tirez-vous aujourd’hui ?
Emmanuel de La Masselière : Je tire de cet échec cinq conditions nécessaires pour la réussite des projets urbains. La première, c’est de rappeler sans cesse la raison d’être des projets – le pourquoi et le sens politique. La deuxième, c’est d’intégrer toutes les parties prenantes. La troisième, c’est la simplification des process. La quatrième, c’est la neutralité écologique : aujourd’hui on doit considérer que l’écologie n’est pas un objectif des projets urbains mais une donnée d’entrée. La cinquième, c’est la constitution d’équipes pluridisciplinaires.
Mon Podcast Immo : Qu’est-ce qui vous faire vibrer dans le métier d’urbaniste ?
Emmanuel de La Masselière : Partager mon métier avec toutes les parties prenantes.