Inquiets pour leur pouvoir d’achat, les Français souscrivent moins de crédits

Selon une étude auprès d’un échantillon représentatif de la population française de 13.000 ménages avec un taux de réponse de près de 70%, 43,4% des ménages français avaient un crédit, immobilier ou à la consommation, en 2022. C’est le niveau le plus bas enregistré depuis la création de ce baromètre en 1989.

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Face aux inquiétudes sur leur pouvoir d’achat, les Français sont de moins en moins nombreux à détenir un crédit et à envisager d’en souscrire un prochainement, selon une étude réalisée par Kantar et publiée mardi par la Fédération bancaire française (FBF) et l’Association française des sociétés financières (ASF).

Pour autant, la grande majorité des ménages détenant un crédit, 87,3%, assure que le poids des charges de remboursement est « dans l’ensemble supportable« , une des proportions les plus élevées de ces deux dernières décennies, souligne l’étude, et ce malgré l’inflation.

C’est surtout la part des crédits à la consommation qui a reculé, pour la cinquième année consécutive, passant de 24% en 2021 à 21,8%.

Dans un document séparé, l’ASF a d’ailleurs fait état mardi d’un « coup de froid » sur le marché du crédit à la consommation en fin d’année. « Après avoir marqué le pas en novembre (‐0,5%), la production de nouveaux crédits à la consommation par les établissements spécialisés recule de 2,6% en décembre » sur un an, explique-t-elle.

Les principaux acteurs du marché sont affectés. BNP Paribas envisage par exemple de supprimer 921 postes dans cette activité et Oney, détenue par Auchan et BPCE, va réduire la voilure en se retirant d’un certain nombre de pays.

Évoquant auprès de l’AFP « la montée des inquiétudes« , Michel Mouillart, professeur d’économie qui a présenté les résultats de l’étude réalisée par Kantar, a expliqué que « dans ce cas-là, ce sont les dépenses de consommation durable (voiture, équipement de la maison, travaux, NDLR) qui sont le plus rapidement et le plus nettement affectées ».

Intentions au plus bas

Concernant les crédits immobilier, la part des ménages qui en détiennent un a également diminué, mais moins vite, passant de 30,6% en 2021 à 30,1% en 2022, soit son niveau de 2015.

Et les intentions de souscription « descendent à leur niveau le plus bas depuis 1997, très en deçà de leur moyenne de longue période (4,8%)« , souligne l’étude. Elles sont en baisse de près de 20%: pour les six prochains mois, 3,9% des ménages comptent souscrire un nouveau crédit immobilier, contre 4,8% en 2021.

« Les exigences d’apport personnel se sont considérablement accrues » et les ménages « doivent avoir une visibilité suffisante » concernant leur pouvoir d’achat pour s’engager dans un tel projet de long terme, ce qui est moins le cas dans le contexte actuel, décode M. Mouillart.

En revanche, selon lui, la hausse des taux des derniers mois, qui devrait se poursuivre, n’est pas un élément moteur de la baisse des intentions même s’il peut jouer.

Le mois dernier, l’observatoire CSA/Crédit Logement avait indiqué un recul de la production de crédits immobiliers de près de 20% en 2022, une chute inédite depuis l’automne 2008, lors de la crise financière.

La Banque de France calculait en revanche de son côté une baisse de 3% en 2022 par rapport à 2021, année exceptionnelle.

Depuis plusieurs mois, courtiers et établissements bancaires d’un côté, et la Banque de France de l’autre, se querellent sur la situation de l’accès au crédit immobilier, les premiers alertant sur l’exclusion d’un nombre croissant de ménages.

Selon eux, des contraintes réglementaires trop pesantes, sur la limite d’endettement ou le taux maximum d’un crédit, empêchent les banques de prêter autant qu’elles le voudraient.

Lors de leurs résultats annuels, les banques françaises ont relevé un net ralentissement de la production de crédit immobilier au quatrième trimestre.

Par MySweetImmo avec AFP