Les adieux de Sylvie Vartan : L’icône se raconte et tire sa révérence dans son Palais
Après 63 ans de carrière, Sylvie Vartan fait ses adieux avec trois concerts exceptionnels au Palais des Congrès. Retour sur une échappée hors du temps en mode nostalgie. On vous raconte.

© Mysweetimmo
À 80 ans, Sylvie Vartan, icône yéyé et star des seventies, a fait ses adieux à la scène ce week-end avec trois ultimes concerts intitulés « Je tire ma révérence » au Palais des Congrès de Paris. Après 63 ans de carrière, elle offre à son public un voyage musical chargé d’émotions et de souvenirs.
Un dernier show au Palais des Congrès
Après avoir illuminé le Dôme de Paris en novembre dernier, Sylvie Vartan a mis un point final à sa carrière ce week-end au Palais des Congrès – là où elle marqua les esprits avec ses shows à l’américaine dès la fin des années 70. « Je suis heureuse de vous retrouver ici, dans ce Palais des Congrès où j’ai tellement de souvenirs. Ici, c’était un peu chez moi à une époque », confie-t-elle sur scène.
Le public composé de fans de la première heure, est venu nombreux voir la star. Sylvie, élégante comme toujours, nous accueille donc comme à la maison pour un ultime show orchestré par « le général, ma force, ma foi dans la vie« , son mari le producteur américain Toni Scotti . L’icône nous invite « à partager les moments magiques de sa vie et de sa carrière ». Et l’on ouvre avec elle le livre de nos souvenirs.
Une vie de tourbillons
Il y sera question de son amour passionnel avec Johnny, de leur fils David, de son Olympia avec les Beatles, de ses concerts à Las Vegas. On y croisera encore son frère Eddy et son ami Carlos aujourd’hui disparus. Samedi soir, Patrick Bruel -tout droit débarqué de Los Angeles où sa maison est partie en fumée, est monté sur scène pour entonner en duo « On est moins jeunes, on est moins beaux, cheveux au vent ».
La blonde à la voix grave nous parle aussi de Sofia, sa ville natale en Bulgarie. Née Sylvie Georges Vartanian en 1944, elle a huit ans lorsque sa famille fuit le régime communiste pour rejoindre la France. Elle revient sur l’arrivée à Paris, la douleur de l’exil, les débuts modestes à Paris dans une chambre d’hôtel et conclut la séquence en reprenant « Je m’voyais déjà » de Charles Aznavour.
Elle raconte aussi l’adoption de sa fille Darina, réalisée lors d’un retour en Bulgarie en 1990 avec son second mari, Toni Scotti, épousé en 1984.
Une carrière marquée par les sommets et les épreuves
Avec 50 albums, 40 millions de disques vendus et 2 000 couvertures de magazines – plus que Brigitte Bardot ou Catherine Deneuve !, Sylvie Vartan demeure une figure incontournable de la chanson française. Pour autant, son parcours n’a pas été épargné par les drames. En 1968, Sylvie Vartan survit à un accident de voiture qui coûte la vie à son amie d’enfance. Deux ans après, un nouvel accident, dont Johnny ressort indemne, l’oblige à rester six mois aux États-Unis pour retrouver son visage. Elle en profite pour suivre des cours de danse et s’initier aux shows « à l’américaine ». L’union des enfants terribles du rock s’achèvera par un divorce en 1980, après moult accrocs, ruptures et réconciliations.
« J’ai toujours su me relever. Pour aimer plus fort et chanter l’amour qui s’en va, la solitude, les larmes », explique t-elle.
Les adieux de Sylvie Vartan
Pendant près de 3 heures, Sylvie se raconte et ravive la magie de ses plus grands succès : La plus belle pour aller danser, Comme un garçon, Nicolas, La Maritza, Irrésistiblement … Bien sûr la silhouette est moins alerte, bien sûr la voix hésite et l’ensemble a parfois un goût de factice. Mais ses choristes la soutiennent à merveille, ses musiciens nous embarquent , ses danseurs meublent la scène, son élégance fait le reste et la magie du show business opère. D’autant plus facilement que les souvenirs se bousculent. Car le public conquis d’avance est venu aussi pour reconnecter avec des émotions d’une autre époque. Celle des shows des Carpentier et des soirées TV avec Guy Lux, celles de Podium, d’OK magazine, des posters accrochés dans la chambre… Et ça fonctionne. Il faut voir la ferveur de la salle quand elle reprend ses tubes d’hier L’amour c’est comme une cigarette, Qu’est-ce qui fait courir les hommes…
Alors on est triste, on ne veut pas y croire quand elle annonce d’une voix mélancolique qu’elle va « retourner dans l’ombre », « se consacrer à ses enfants et petits enfants ». On ne veut pas la voir tirer sa révérence, parce qu’avec elle c’est un peu de notre enfance qui s’évapore… Elle nous avait pourtant prévenus : « Si Johnny est quasiment mort sur scène, ce ne sera pas le cas pour moi ».
Elle conclut donc le spectacle visiblement émue en remerciant son public et en répétant à l’envi « ma vie, c’est moi qui l’ai choisi ». Alors on se dit, que forcément, sa sortie de scène, c’est elle qui la choisit. Et que c’est peut être mieux ainsi. Parce que nous aussi, comme Michel Delpech, on pourra chanter à nos enfants et petits-enfants « J’ai fêté les adieux de Sylvie Vartan ». Ainsi va la vie. Merci, Sylvie.