DPE : L’État revoit les règles et fait disparaître 850 000 passoires énergétiques

La réforme du DPE, effective au 1er janvier 2026, revalorise les logements chauffés à l’électricité : 850 000 passoires énergétiques devraient sortir des classes F et G, sans travaux.

maison miniature avec des etiquettes energetiques de A a G

© adobestock

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À partir du 1er janvier 2026, le diagnostic de performance énergétique (DPE) va évoluer. La réforme du DPE annoncée par le Premier ministre vise à corriger un biais défavorable aux logements chauffés à l’électricité. Résultat : quelque 850 000 logements étiquetés F ou G sortiront automatiquement de la catégorie des passoires thermiques, sans même avoir à effectuer de travaux.

Un changement qui pourrait modifier significativement les équilibres du marché, alors que les biens classés F ou G se vendent en moyenne 15 % moins cher que ceux classés D, selon une étude SeLoger.

Ce qu’il faut savoir sur la réforme du DPE

  • Date d’entrée en vigueur : 1er janvier 2026
  • Calcul modifié : le coefficient de l’électricité passe de 2,3 à 1,9
  • Conséquence immédiate : Environ 850 000 logements sortent des classes F ou G, sans travaux
  • Mise à jour possible: Gratuite sur la plateforme Ademe, sans nouveau diagnostic
  • Impact marché : Certains biens redeviennent louables ou plus faciles à vendre — un signal à surveiller pour les agents immobiliers.
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Un calcul modifié pour mieux refléter le mix énergétique français

Concrètement, c’est le coefficient de conversion de l’électricité utilisé dans le calcul du DPE qui va changer. Actuellement fixé à 2,3, il sera abaissé à 1,9. Cette modification permettra de réduire, sur le papier, la consommation d’énergie primaire attribuée aux logements chauffés à l’électricité, rendant leur performance énergétique plus favorable.

« Ce n’est pas un nouvel avantage, mais la suppression partielle d’un handicap imposé à tort », commente Teoman Bakoglu, délégué général adjoint de la FIEEC.

Le gouvernement justifie cette évolution par la volonté de mieux refléter la réalité du mix énergétique français, largement décarboné grâce à l’électricité d’origine nucléaire. En parallèle, le gaz naturel reste valorisé avec un coefficient de 1, plus avantageux.

Réforme du DPE, une mise à jour gratuite pour les propriétaires

Bonne nouvelle pour les propriétaires concernés : la mise à jour des DPE existants pourra se faire gratuitement, via la plateforme de l’Ademe, sans avoir besoin de faire appel à un diagnostiqueur. En pratique, la réforme permettra de gagner jusqu’à une lettre sur l’étiquette énergétique, ce qui peut avoir un impact direct sur la valeur du bien et sa mise en location.

Selon les estimations du gouvernement, 14 % des logements classés F ou G pourraient changer de catégorie sans travaux. Une mesure qui, selon Matignon, permettra aussi de mieux cibler les aides à la rénovation énergétique, comme MaPrimeRénov’, vers les logements réellement énergivores et chauffés aux énergies fossiles.

Entre soulagement des pros et inquiétudes des associations

Du côté des professionnels de l’immobilier, la réforme est globalement bien accueillie. Loïc Cantin, président de la Fnaim, y voit une avancée, tout en regrettant que le coefficient n’ait pas été abaissé davantage : « Il aurait dû descendre à 1,5 ». Il alerte néanmoins sur l’effet d’attente : « On ne va pas vendre maintenant un appartement F ou louer un G alors qu’il pourrait changer d’étiquette au 1er janvier 2026. Cela risque de bloquer le marché immobilier d’ici là. »

Une réforme qui aura aussi des répercussions concrètes pour les agents immobiliers, qui devront ajuster leurs conseils aux propriétaires comme aux acquéreurs. La revalorisation automatique de certains biens pourrait fluidifier un marché tendu et relancer des ventes en pause.

Côté associations de consommateurs, le ton est tout autre. David Rodrigues (CLCV) parle d’un « cadeau fait aux bailleurs » et d’une « réforme politique pour favoriser l’électricité et le nucléaire ». Une coalition de 16 organisations, dont des ONG écologistes et des défenseurs des locataires, appelle dans une lettre ouverte le Premier ministre à renoncer au projet, estimant que les “premiers perdants” seraient les locataires précaires de “passoires et bouilloires thermiques”.

Enfin, certains experts s’interrogent sur les effets réels. Ruben Arnold, fondateur de KRNO, une start-up spécialisée dans la fiabilité des DPE, dénonce une mesure “mal pensée, mal préparée et arbitraire”. Il estime en outre que le chiffre de 850 000 passoires en moins est “largement surévalué”.

Par MySweetImmo avec AFP