Saga de l’été 2018: Megève, l’épopée du tourisme de montagne

Nouveau volet de la saga de l’été initiée par le Crédit Foncier avec sa série « Petites histoires des grandes vacances » qui nous emmène à la découverte des lieux emblématiques des grandes vacances à la française. Cette semaine : Megève : l’épopée du tourisme de montagne.

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Le tourisme de montagne est l’un des trois pôles d’attractivité touristique en France avec les tourismes urbain et balnéaire. Selon l’agence de développement du tourisme, Atout-France, le tourisme en montagne représente 9 milliards d’euros de chiffre d’affaires avec 30 % de clientèle étrangère. Ces territoires excentrés, au climat parfois rude sont devenus une destination touristique de choix, d’abord parce qu’ils s’étendent sur le plus vaste domaine skiable d’Europe à travers quelque 350 stations de sports d’hiver. Le développement de Megève, destination mythique intimement liée à la famille Rothschild, illustre ce remarquable succès.

Du thermalisme aux sports d’hiver

En Europe, depuis toujours, la moyenne et la haute montagne étaient quasiment inhabitées, sauf par quelques bergers et leurs moutons. C’est avec l’émergence du thermalisme à la fin du XVIIIe siècle que le premier embryon d’activité touristique apparut dans les vallées. C’est à cette époque que les médecins commencèrent à s’intéresser aux effets bénéfiques d’un climat sain et d’un air pur. Les côtes littorales commencèrent alors à être particulièrement appréciés par les riches aristocrates anglais, puis français au milieu du XIXe siècle, mais la montagne ne fut pas pour autant délaissée : Cauterets, Bagnères-de-Luchon, Le Mont-Dore ou Saint-Gervais par exemple, introduisent la cure climatique. Les villes thermales de montagne devinrent ainsi les premières destinations hivernales et constituèrent le noyau du développement des premières stations de sports d’hiver. On recommande alors aux curistes de multiplier les excursions. Les paysages grandioses que l’on découvre au départ des stations de cure, la visite des gorges ou des torrents, même s’il ne s’agit encore que d’une promenade calme et sereine et non d’une véritable ascension, préfigurent la naissance du tourisme de montagne. Puis, petit à petit, les villes thermales de montagne vont accueillir les premiers touristes venant pour l’attrait de la montagne et non plus seulement pour les bienfaits des eaux.

Une des grandes nouveautés, tient donc dans la pratique de la marche et surtout, à partir du milieu du XIXe siècle de l’alpinisme, qui, certes réservé à une élite, ouvre véritablement la voie à la transformation de la moyenne et haute montagne en terrain d’excursions sportives et récréatives. La pratique prit son essor sous l’impulsion de grimpeurs, souvent britanniques, tels Edward Whymper, le vainqueur du Cervin ou Albert F. Mummery, considéré comme l’un des fondateurs de l’alpinisme sportif et ayant escaladé de nombreux monts alpins et du Caucase. En 1878, l’alpiniste grenoblois Henry Duhamel découvre des patins à neige dans les pavillons scandinaves de l’exposition universelle de Paris. Après avoir dévalé les pentes du Recoin de Chamrousse, il introduisit cette pratique auprès de son cercle d’amis, et créa le premier ski-club de France. Au début du XXe siècle, les premiers skieurs prennent l’habitude de se retrouver dans quelques communes des Alpes qui deviendront les stations les plus emblématiques du massif :
Chamonix, Saint-Moritz… Les stations proposent aussi des activités sportives et ludiques à pratiquer dans la neige, en montagne : le ski, la luge et le patin à glace. Les villages de montagne attirent alors une clientèle variée à la recherche de loisirs inédits, c’est la naissance des sports d’hiver.

Vingt-huit ans après la résurrection des jeux olympiques d’été, à Athènes en 1896, les premiers jeux d’hiver se déroulent à Chamonix en 1924. Le ski laisse alors entrevoir des besoins nouveaux, ce qui implique des aménagements spécifiques. De nouvelles stations de sports d’hiver vont alors naître, Megève en est l’exemple le plus connu et un des plus prestigieux.

Megève, village au milieu des eaux

L’important essor touristique de Megève remonte à l’entre-deux-guerres. Avant cette période, Megève, du nom celte « Mageva » qui signifie le village au milieu des eaux, est un paisible bourg pastoral. Dès le XIXe siècle, le village est fréquenté par les premiers touristes en quête de bon air, mais c’est au lendemain de la Première Guerre mondiale que la station de ski va véritablement naître. Passionnée de montagne, la baronne Noémie de Rothschild, épouse du baron Maurice de Rothschild, fréquente la station suisse de Saint-Moritz. Aménagée à partir de 1864 par le visionnaire suisse Johannes Badrutt, c’est une des plus anciennes stations de sports d’hiver du monde, où s’y côtoie l’aristocratie européenne. Lassée de l’endroit, la baronne est déterminée à construire « Saint-Moritz à la française » ! Elle porte finalement son choix sur Megève, séduite par les splendides panoramas visibles depuis le plateau du Mont d’Arbois qui domine le village. La baronne et son époux y achètent des centaines d’hectares et en 1921, ils inaugurent un hôtel : le Mont d’Arbois, également appelé « Palace des Neiges », sous le parrainage du roi des Belges, Albert Ier. L’hôtel devient vite le rendez-vous des grands de ce monde. Le ski se développe grâce à des chenillettes pour remonter les pentes et en 1933, Megève s’équipe même du premier téléphérique dédié exclusivement aux sports d’hiver de France.

Aujourd’hui, Megève est une station de réputation internationale. Sur la saison d’hiver 2017/2018, Megève tourisme a enregistré, d’après le Dauphiné Libéré, 847 000 nuitées françaises pour 311 000 nuitées étrangères. La station fait partie du domaine skiable « Évasion Mont Blanc » qui dispose de 162 pistes pour 445 km de descente. Malgré la poussée du tourisme, accueillant plus de 40 000 lits touristiques pour environ 3 300 habitants permanents d’après l’Insee, Megève a su conserver son âme unique, tout en s’adaptant aux attentes contemporaines.

Et en même temps…

Cauterets

Tout au long du XIXe siècle, Cauterets se fait connaître par l’afflux de têtes couronnées, d’artistes et de mondains venus s’offrir une cure thermale. Cet effet de mode lié à l’excellente situation géographique de la ville des Hautes-Pyrénées permet l’émergence d’une nouvelle société de loisirs. Dès 1910, la notoriété de Cauterets s’étend au-delà des frontières ; principale raison, ses concours de ski. Aujourd’hui, c’est une destination familiale prisée par les amoureux de la nature.

Font-Romeu

Cette station de ski des Pyrénées-Orientales doit son succès à plusieurs facteurs, à commencer par la construction des premiers chalets individuels en 1903 et d’un complexe hôtelier de luxe entre 1910 et 1913, Le Grand Hôtel. Ce dernier marque l’arrivée du Train Jaune dans la région, véritable symbole des Pyrénées Catalanes, et avec lui un tourisme de masse. Puis, soutenu entre autres par la presse et le cinéma, la station prend définitivement de l’importance après la Deuxième Guerre mondiale.

Chamonix

Chamonix est une ville emblématique des Alpes françaises. Connue pour être « au pied » du Mont Blanc, la station est considérée comme la capitale de l’alpinisme.
Le site du Mont Blanc, avec son sommet atteignant les 4 810 m d’altitude, est l’un des sites naturels les plus visités au monde, apportant du même coup à la ville une renommée internationale. Chamonix est aussi la première station à accueillir les Jeux Olympiques d’hiver en 1924 et elle comporte même le plus haut téléphérique du monde qui relie la ville à l’Aiguille du Midi.

Serre Chevalier

Plus grande station de sports d’hiver des Alpes du sud, tant en matière de fréquentation que de taille du domaine skiable avec 250 kilomètres de pistes, Serre Chevalier prit de l’essor après la construction d’un téléphérique en 1941, présenté alors comme le plus grand d’Europe.
La station se compose de plusieurs petits villages dont 3 principaux et une ville : Chantemerle – Saint-Chaffrey, Villeneuve, Monêtier-les-Bains et Briançon « Ville d’Art et d’Histoire ».

En toute indiscrétion

C’était chaud

En 1924, un mois avant le début des tout premiers Jeux Olympiques d’hiver organisés en France à Chamonix, pas une once de neige ! Heureusement, en l’espace d’une nuit il tombe plus de 1m50 de neige. Ouf !

Ça marche aussi

à la naissance du ski alpin, au tout début du XXe siècle, de nouvelles techniques sont inventées, notamment l’arrêt Briançon, qui consiste à se jeter à terre pour s’arrêter net avant d’aller trop vite et risquer de se faire mal !

Tout schuss !

C’est sur la piste de Chabrières, à Vars, dans les Hautes-Alpes en 2016 que le skieur italien Ivan Origone a battu le record du monde de ski de vitesse avec 254,958 km/h.

Ça ne date pas d’hier !

L’année de naissance du ski est sujette à controverse, mais la découverte d’une paire de skis proche du lac de Sindor en Russie ferait remonter la pratique entre 6300 et 5000 ans avant notre ère !

Le point de vue de Jean-Marc Torrollion, président de la FNAIM

Fréquenter la montagne en hiver ou en été, c’est rechercher une ambiance propre à la station que l’on a choisie. Aucune ne se ressemble par son histoire, son architecture, son environnement naturel. Alors qu’en montagne le temps s’écoule différemment, Megève a su conserver un charme intemporel sans doute parce que la montagne douce côtoie le toit de l’Europe, ce qui en fait un lieu unique, une sorte de montagne idéale. Une station est aussi un lieu touristique qui mêle environnement, terroir, immobilier, investissement dans les remontées mécaniques et les infrastructures. La France a acquis un vrai savoir-faire dans l’industrie du ski, un savoir-faire qui s’exporte. Contrairement à ce que l’on peut penser, cette activité fait face à des évolutions importantes et doit savoir s’adapter à ses clients et aux enjeux climatiques. Nul doute que la population montagnarde saura continuer longtemps à nous offrir cette part de rêve dont nous avons tous besoin et que Megève incarne depuis si longtemps.

 

 

 

Par MySweet Newsroom