L’immobilier de luxe atteint des records

La très bonne année 2018 devrait, selon les anticipations de Coldwell Banker, se poursuivre en 2019. A condition évidemment que de mauvaises surprises ne viennent ternir le tableau…

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2018, année record dans l’immobilier de prestige

Le réseau d’agences immobilières haut de gamme Coldwell Banker réussit une année record dans le prestige, comme l’ensemble de ses concurrents, avec une hausse de 34,9 % des transactions : «  Nous avons obtenu un volume de transaction de 754 millions d’euros en 2018 et allons tenter de viser le milliard pour 2019 », présage déjà Laurent Demeure, président de Coldwell Banker France & Monaco. Malgré un début d’année poussif, la valeur refuge de la pierre française a tourné à plein régime, pour les nationaux comme pour la clientèle internationale dès le mois de mars 2018. Outre les taux bas qui permettent de solvabiliser encore plus la clientèle, le rayonnement international de la capitale est pour beaucoup dans le choix des acquéreurs. « Les Moyen-orientaux cherchent un cadre plus rassurant pour investir et quittent Londres pour la Ville Lumière. Quant aux Américains, leur marché immobilier est en fin de cycle. Ils jettent donc désormais leur dévolu sur Paris », constate le spécialiste de l’immobilier haut de gamme.

Beaucoup de Français à l’étranger investissent également dans l’Hexagone, « afin d’échapper à l’IFI. C’est parfois ce qui les bloquent à revenir car s’ils redeviennent résidents fiscaux français, l’ensemble des biens qu’ils possèdent dans le monde seront prix en compte dans le calcul de leur imposition », indique Laurent Demeure. Ainsi, des hôtels particuliers, proposés à 7,7 millions d’euros après correction dans le 16ème arrondissement  de la capitale et laissés sur le marché depuis 2012 trouvent enfin preneur.

Le Brexodus, ça coince encore

Reste que l’afflux tant attendu de Britanniques suite au Brexit se fait encore attendre. « Nous sommes sur un flux constant mais modéré. Plusieurs acquisitions de familles arrivant de Londres ont été réalisées. Ce sont principalement des appartements familiaux sur le 16ème Nord et sur la Rive Gauche entre1,8 million et 4 millions d’euros. Mais le marché dispose de peu d’offre répondant aux standards londonien. De plus, entre les perspectives de plus en plus probables d’un Brexit dur, la baisse de la livre et celle des prix de l’immobilier à Londres, le pouvoir d’achat des Britanniques se réduit », analyse Laurent Demeure. Sans compter la mobilisation des Gilets Jaunes qui, en l’état, freinent les visites d’une clientèle étrangère intéressée par Paris. « Certaines banques, qui devaient rapatrier l’ensemble de leurs salariés attendent de voir l’issue de cette mobilisation avant de se positionner », déplore-t-il.

Le marché n’en demeure pas moins florissant dans le haut de gamme. Chez Coldwell Banker, le coût moyen d’une propriété est de 1 279 000 en hausse de 8,86 % à l’échelle nationale. Quant à Paris, la ville atteint des sommets avec 12 % des ventes qui dépassent désormais le million d’euros, 50 ventes réalisées dans l’année au-dessus des 15 000 €/m² et 10 ventes au-dessus des 20 000 €/m². « Le centre historique de Paris est en train de prendre son envol au détriment des 6ème et 16ème arrondissement, dans le cœur des acquéreurs. Les acheteurs veulent un esprit village qu’ils ne trouvent pas dans ces quartiers-là », souligne le président de Coldwell Banker.

Des interrogations en 2019

Parmi les nombreux sujets qui pourraient freiner le marché du haut de gamme, les résultats du Grand Débat national, lancé par le gouvernement en réponse à la crise des Gilets Jaunes, figurent en tête : « Nous voyons que certains sujets comme l’idée de taxer plus lourdement les successions, l’abandon de la suppression de la taxe d’habitation pour les foyers les plus aisés ou encore le retour de l’ISF, s’inviter dans le débat. Il serait dommage d’alourdir la fiscalité des haut revenus alors que la France tente de retenir les forces vives de la nation », ajoute le spécialiste du luxe.

Reste que si l’ensemble de ces (petits) points noirs sont mis de côté, l’immobilier de prestige devrait encore réaliser une très belle année en 2019.

Par Ludovic Clerima