La mise à disposition des données immobilières : utopie ou véritable aubaine pour les particuliers ?

Matthieu Cany, cofondateur de Sextant France revient sur l’impact de la mise à disposition des informations liées aux transactions immobilières dont dispose le fisc à tous les français.

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Les particuliers vont-ils jouer aux agents immobiliers ?

Le gouvernement donne accès aux informations liées aux transactions immobilières dont dispose le fisc, à tous les français. Cette mine d’or de données brutes pour les particuliers – qui ne pouvaient jusqu’alors pas bénéficier de ces informations – pourrait bien venir chambouler le paysage immobilier.

Y-a-t-il un risque pour que les particuliers veuillent endosser le costume des professionnels et que les agents immobiliers soient moins sollicités ?  C’est une petite révolution que s’apprête à vivre le secteur de l’immobilier. En effet, tous les Français – qu’ils soient professionnels ou non – pourront désormais savoir avec précision à quel prix s’est vendu un bien près de chez eux ou partout ailleurs sur le territoire ces cinq dernières années.
Encore faut-il savoir comment analyser ces données et les mettre en perspectives avec le marché actuel ; car un bien peut prendre ou perdre de la valeur avec les années.
Cette base de données appelée « Demande de Valeur Foncière » (DVF) était jusqu’alors uniquement utilisées par le Fisc, pour évaluer une maison afin de vérifier l’éligibilité ou non de ses propriétaires, à l’impôt sur la fortune immobilière (IFI).

Agents immobiliers VS particuliers face aux données : une fausse opposition ?

Le travail du conseiller immobilier ne sera pas soumis au changement mais cela ne pourra qu’être que bénéfique pour les réseaux immobiliers. En effet, ces données apportent des informations contextuelles au potentiel acheteur/vendeur mais le travail de conseil qu’effectue l’agent immobilier, reste indispensable pour le bon déroulement d’une vente.
L’expérience apportée par le conseiller permet une estimation plus précise, objective et réaliste car le désavantage majeur d’une estimation personnelle, est le manque de recul par rapport à sa propriété ; alors que l’agent immobilier prend uniquement en compte des critères objectifs.

Les données rendues accessibles par le gouvernement fonctionnent comme un cadastre mis à jour deux fois par an, en avril et en octobre. Cela permet donc d’avoir uniquement, une vision globale de la situation actuelle des prix du logement dans un quartier. Ainsi, le client peut se renseigner en amont ; mais ces données brutes ne pourront en aucun cas se substituer à l’expérience cumulée des agents immobiliers. Ces derniers pourront toujours apporter une expertise plus pointue pour
proposer des estimations précises et contextualisées.
Enfin, ces données ne remplaceront jamais l’expérience d’un agent immobilier. Les transactions réalisées au fil des années, apportent du crédit aux estimations et le lien de confiance avec le client n’en sera que renforcer. De plus, les outils marketing dont dispose l’agent immobilier, lui donnent la connaissance et la possibilité de rendre visible un bien sur l’ensemble du territoire, renforçant ainsi les chances de réussir une transaction.

Un modèle anglo-saxon gagnant

Les données liées aux transactions immobilières sont à la disposition des particuliers depuis les années 2000 au Royaume-Uni. Prix de la dernière transaction, indice des prix nationaux, historique des transactions, autant de données mises à jour mensuellement et permettant une croissance saine de la base de données. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cela n’a pas favorisé le développement des ventes entre particuliers bien au contraire, cela a permis de renforcer le lien
avec les professionnels puisque 95% des transactions immobilières en Grande-Bretagne, sont actées grâce à des agences immobilières. Ces dernières ont même intégré cette nouveauté à leur proposition commerciale.

Des sites comme Rightmove.co.uk, Zoopla.co.uk proposent d’utiliser ces données pour vous aider dans vos recherches. Pour un bien donné, vous avez accès au prix de sa dernière vente, une estimation de son prix actuel et une description sommaire de la propriété et son environnement. Ces estimations permettent au client d’être plus investi dans le processus de recherche d’un nouveau bien et ainsi, lui permettre d’obtenir des informations basiques avant de contacter un agent immobilier.

Une opportunité à saisir en France

La mise à disposition des données immobilières au public change finalement peu le travail de l’agent immobilier. Cela permettra aux clients d’avoir une représentation plus réelle d’un marché donné. C’est une opportunité pour les conseillers immobiliers de gagner du temps dans leur processus de vente ou d’achat d’un bien. En effet, faire face à un public plus avisé accélèrera la démarche d’estimation immobilière et renforcera l’aspect conseil recherché chez un agent  immobilier.
Aujourd’hui, 70% des transactions immobilières en France sont réalisées grâce des agences immobilières. Intégrer un système d’estimation lié à la base de données DVF représente une valeur ajoutée importante et une formidable opportunité pour les agents français.

Par MySweet Newsroom