« Cette crise nous rappelle qu’avoir un toit est un besoin primaire qui apporte sécurité financière, mais également sanitaire », Yann Jéhanno, Laforêt

Yann Jéhanno, président de Laforêt est l’invité d’Alexis Thiebaut au micro de Mon Podcast Immo.

Le Fil d'Ariane · L'immobilier post-confinement - Yann Jehanno- Laforêt
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Mon podcast Immo se tourne vers l’avenir. Quel visage aura demain le secteur de l’immobilier en France ? Quelles leçons les grands acteurs ont-ils tiré de cette crise ? Qu’est ce qui va changer ? Yann Jéhanno, président de Laforêt a répondu aux questions d’Alexis Thiebaut.

La reprise chez Laforêt

Depuis le 11 mai, les agences du réseau Laforêt accueillent de nouveau leurs clients. C’est une date que nous avions largement préparée, grâce notamment à trois outils d’accompagnement. D’abord, un guide de préconisations sanitaires que nous avons fait valider par SGS, le leader mondial de la certification, pour rassurer nos clients et les collaborateurs des agences. Ensuite, un plan d’action commerciale spéciale reprise. Et enfin, un guide métier qui recense les méthodes et les processus métier à mettre en œuvre au quotidien dans ce contexte un peu un peu particulier.

En quelques jours, nous avons rapidement retrouvé une activité forte avec 90% de notre activité avant confinement. Aujourd’hui, les agences travaillent, les agendas se remplissent, les acquéreurs sont là, les mandats et les compromis se signent de nouveau. L’activité en location est très très soutenue. Le trafic de notre site Laforêt.com est même nettement supérieur à ce qu’il était avant la période de confinement ou l’année dernière, à la même époque. La grande question est : assistons-nous à un phénomène de rattrapage ou à une reprise durable ? Il est encore trop tôt pour le dire. Toutefois, ce ciel totalement bleu rencontre quand même un nuage. Et pas des moindres, puisque de nombreuses signatures qui devaient ou qui doivent être finalisées chez les notaires sont aujourd’hui toujours bloquées, voir décalées. Il semble que la reprise ne se fasse pas au même rythme chez les notaires.

Quel bilan tirez-vous de cette crise ?

En mettant de côté le drame sanitaire que nous venons de traverser, c’est vrai que le bilan de ces deux mois de confinement ne fait pas ressortir que des aspects négatifs. Tout d’abord, c’est une période qui nous a permis de retrouver une agilité au quotidien, une agilité que nous avions peut-être un peu perdue au cours des dernières années. Ça nous a réveillé, en nous obligeant à être beaucoup plus rapides et réactifs.

Cela nous a permis également de valider, au sein du réseau Laforêt, notre choix de la diversification des métiers. Cela nous a également permis de faire ce que nous n’avons pas toujours le temps de faire (actualiser les bases de données, renforcer la présence sur les réseaux sociaux, prendre le temps de bien se former…).

Mais surtout, cela nous a permis de renforcer les liens humains qui étaient déjà très forts au sein du réseau Laforêt parce que malgré ce confinement, nous n’avons jamais été aussi proches les uns des autres au sein du réseau. Avec beaucoup de classe virtuelle, plus de 250 webinaires, plus de 1000 rendez-vous d’animation à distance… Evidemment, côté business, on ne peut pas en dire de même : l’activité qui a reculé de 90% au mois d’avril et sur les premiers jours du mois de mai.

La dématérialisation et le digital

Chez Laforêt, le parcours client digitalisé a vu le jour en 2017. Il s’est enrichi au fil du temps. Il va aujourd’hui de la prise de rendez-vous en ligne jusqu’à la signature électronique que nous utilisons depuis plus de trois ans. Certains acteurs découvrent la signature électronique aujourd’hui, ce n’est pas notre cas. En revanche, on voit qu’un certain nombre de professionnels subit à marche forcée la digitalisation des métiers.

Je ne pense pas que la « Proptech » sera la grande gagnante de cette crise. Bien au contraire. Comme toutes les entreprises, les start-up de l’innovation liées à l’immobilier vont souffrir. Celles qui n’ont pas de business model éprouvé et celles qui ont peu de trésorerie devraient également disparaître. Finalement, le grand gagnant de cette période, c’est le « Phy-gital ». L’alliance du monde physique et du monde digital : des points de vente physiques ou des relations physiques, de la proximité physique, des visites physiques qui ne sont pas incompatibles avec une prise de rendez-vous en ligne, un suivi en ligne, une visite virtuelle… A mon sens, il s’agit d’offrir le meilleur des deux mondes aux clients pour fluidifier son parcours. Je pense que ceux qui résistent ou qui ont résisté au digital ont tort mais ceux qui décrient l’humain ont également tort.

Les limites de la visite virtuelle

Achètera-t-on un jour un bien en ne l’ayant vu que virtuellement ? Je ne sais pas… mais ce que je sais en revanche, c’est qu’aujourd’hui, visiter un appartement, regarder sa distribution à distance, on peut le faire à distance. Mais constater son vis à vis, constater son ensoleillement, constater le bruit ou le silence de la copropriété, le fait qu’il y ait un restaurant, un commerce de bouche en pied d’immeuble… tout cela est plus compliqué. Pour cela, il faut visiter réellement le bien.

La proximité

Autre constat : le fait de miser sur la proximité géographique des agences partout en France est un point fort ! Pouvoir s’appuyer sur son agent immobilier dans sa ville, qui connaît les banquiers, les diagnostiqueurs, les notaires, les services d’urbanisme et même les gardiens d’immeubles, c’était un véritable atout pendant cette période de confinement et un signal très fort donné aux clients. Une proximité que le digital ne pouvait pas apporter.

Un « Avant et un Après » Covid ?

Il me semble que ceux qui étaient bien préparés, qui étaient déjà affutés, redémarreront vite et sauront rebondir. Ceux-là sauront même saisir les opportunités que le marché offrira dans les mois qui viennent. Pour les autres, ce sera évidemment beaucoup plus difficile. Concernant notre manière d’exercer les métiers de l’immobilier, c’est à dire la vente, la location, la gestion, le syndic… la digitalisation à marche forcée finira certainement de convaincre les plus les plus réticents d’apporter encore un meilleur service aux consommateurs. En tout cas, un parcours plus fluide.

Et puis, pour l’immobilier à proprement parler : la pierre devrait sortir renforcée de cette période face à des places boursières qui ont montré qu’elles étaient toujours aussi volatiles.

Et cette période a également rappelé aux Français et au monde entier qu’avoir un toit au-dessus de la tête est un besoin primaire qui apporte une sécurité financière, mais également, cette crise nous l’a montré, une sécurité sanitaire. Je ne sais pas s’il y aura « un avant et un après », l’avenir nous le dira, mais beaucoup de cartes ont été rebattues et redistribuées.

Le retour à l’humain

Dans ce monde où on ne fait que parler de digital, ce qui nous a manqué le plus, ce qui nous manque encore aujourd’hui, ce sont les relations humaines. Ce sont les possibilités de se réunir, d’échanger, de se faire des accolades, la bise, des poignées de main, de partager des points de vue. Ce sont des choses qu’on a essayé fortement d’entretenir. Au sein du réseau Laforêt, nous avons rarement été aussi proches en multipliant ces relations. Des relations simples, pas nécessairement basées seulement sur une activité commerciale, mais également sur du bien-être : prendre des nouvelles de ses franchisés et de ses collaborateurs, savoir simplement comment ils vont, comment leurs proches vont…

Le Fil d’Ariane · Immobilier : l’après Covid-19
Par MySweet Newsroom