Crédit immobilier : Le 1er semestre 2021 sera-t-il catastrophique ?

Après deux mois d’arrêt, la reprise est là mais elle est handicapée par le durcissement des conditions d’accès au crédit. Selon Cafpi, il est fort probable que la 2e partie de l’année soit compliquée pour le marché immobilier. Pire, si rien n’est fait : le 1er semestre 2021 pourrait être catastrophique …

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Après trois années record pour l’immobilier, le 1er semestre 2020 a été perturbé par la crise liée au coronavirus et le durcissement des conditions d’accès au crédit par le HCSF.

« Conséquence du confinement, nous constatons une baisse de plus de 50% des demandes de crédits entre mars et mai 2020, soit une perte sèche de 2 mois d’activité sur le 1er semestre 2020. Depuis juin, nous avons également observé une reprise, mais nous ne prévoyons pas de rattrapage, d’autant plus que les grandes instances n’ont pour le moment pas pris les mesures nécessaires à la relance du marché », annonce Philippe Taboret, Directeur général adjoint de CAFPI.

Stabilisation des taux de crédit immobilier

Le niveau des taux moyens sur 20 ans obtenus par CAFPI en juin 2020 est semblable à celui de l’année dernière, aux alentours de 1,05%. « Les taux restent bas et permettent aux ménages de poursuivre leurs projets immobiliers. Par ailleurs, la stabilisation des indicateurs (OAT ; Euribor) nous laisse penser que les taux de crédits immobiliers devraient rester attrayants, et ce, au moins jusqu’à la fin de l’année », explique-t-il.

Baisse des taux d’accord de prêts

Ces taux très bas ont cependant un effet pervers, car ils font baisser le taux d’usure qui exclut de nombreux acheteurs pourtant solvables. Au taux d’usure trop bas, s’ajoutent les nouveaux critères du HCSF, avec pour conséquence une baisse du taux d’accord de crédit, -10 points en un an. « Les profils les plus touchés sont les primo-accédants sans apport, les investisseurs endettés au-delà de 33% et les seniors, à cause du surcoût de l’assurance », ajoute Philippe Taboret.

Une baisse d’un tiers de la production

Malgré le redémarrage rapide du marché immobilier à la sortie du confinement, il n’en reste pas moins que les professionnels du secteur ont perdu deux mois d’activité. La chute de la demande ajoutée à la hausse des refus de crédits se répercutant essentiellement sur la production du semestre suivant (délai entre la négociation du crédit et la mise à disposition des fonds), la baisse d’un tiers de la production du deuxième semestre 2020 par rapport au même semestre de l’année précédente, est plus que probable.

« Le durcissement des conditions d’accès au crédit est un des coupables de cette baisse de production et la crise sanitaire n’a été qu’un facteur amplificateur de cette perte de dynamisme.  Il faut donc, dès à présent, lever les contraintes issues des critères du HCSF et suspendre, au moins temporairement, le taux d’usure, sans quoi il ne sera pas possible de relancer complètement la machine », complète-t-il.

Urgent: mettre en place un plan de relance

Il est fort probable que la 2e partie de l’année soit compliquée pour le marché immobilier, mais si rien n’est fait, le 1er semestre 2021 pourrait être catastrophique. « Si nous voulons éviter de tomber à 60 milliards d’euros de production de crédits au 1er semestre 2021, contre 90 milliards au 1er semestre 2020, il est urgent pour l’ensemble du marché immobilier de mettre en place un plan de relance, avec le concours des grandes instances », conclut Philippe Taboret.

Ce plan de relance qui passera par le Projet de Loi de Finances 2021, devra prendre en compte le retour ou l’amélioration d’éventuelles mesures telles que l’élargissement du PTZ neuf et ancien, le retour de l’APL accession et la pérennisation du PINEL, afin de faciliter l’accès au logement au plus grand nombre. Ces actions redonneront un coup de boost au marché immobilier et permettront de regagner la confiance des acheteurs et des vendeurs.

 

 

Par MySweet Newsroom
Le durcissement des conditions d’accès au crédit est un des coupables de cette baisse de production et la crise sanitaire n’a été qu’un facteur amplificateur de cette perte de dynamisme. Il faut donc, dès à présent, lever les contraintes issues des critères du HCSF et suspendre, au moins temporairement, le taux d’usure, sans quoi il ne sera pas possible de relancer complètement la machine .
Philippe Taboret, Directeur général adjoint de CAFPI