« Après 5 ans de hausse des prix, on est entré dans une nouvelle ère pour le marché immobilier », Pierre Vidal, Meilleurs Agents
Comment s’est comporté le marché immobilier durant cet été 2020 ? Quel avenir pour le secteur ? Pierre Vidal, responsable R&D chez Meilleurs Agents, est l’invité de Mon Podcast Immo.
C’est la rentrée pour tous les professionnels de l’immobilier en France. Comment les grands acteurs ont-il traversé l’été 2020 ? Comment envisagent-ils cette rentrée inédite ? Quel avenir voient-ils pour le secteur de l’immobilier ? Pierre Vidal, responsable R&D chez Meilleurs Agents, a répondu aux question d’Alexis Thiebaut dans Mon Podcast Immo.
Comment s’est passé cet été 2020 pour le secteur de l’immobilier ?
L’été à l’image de cette année 2019-2020, c’est à dire inattendu. Si on reprend un peu le fil de l’année, on a eu d’abord une année qui partait sur les chapeaux de roue. Ensuite, une espèce de grande glaciation du marché immobilier avec le confinement, un rebond très fort à la sortie du confinement jusqu’au mois de juillet et depuis un retour à peu près à la normale en cette fin août, début septembre.
Ça vous surprend ?
On attendait pas du tout un effondrement du marché. Alors effectivement, on a été un peu surpris par le rythme vraiment très élevé. Mais il ne faut pas oublier qu’au global, on a rattrapé qu’un tiers du volume d’affaires qui ne s’était pas fait pendant le confinement. On estime que pendant le confinement, on a perdu à peu près 270.000 transactions au niveau français et que le surplus de transactions à la sortie, avec l’euphorie des mois qui ont suivi le confinement, on a rattrapé 90.000 transactions. En tout et pour tout, on a quand même perdu 180.000 transactions au niveau français sur l’année.
Aujourd’hui, le marché immobilier se porte comment ?
Au-delà de ce rebond sur les volumes, ce qu’on constate depuis la fin du confinement, c’est une espèce d’accalmie sur les prix. On est retombé sur des rythmes très inférieurs en termes de progression de prix par rapport à ce qu’on avait pu connaître les années précédentes. C’est notamment vrai, et c’est peut-être là la surprise, pour les grandes villes. Les grandes villes qui tiraient jusqu’ici le marché ont vraiment été stoppées net dans la course folle qu’elles connaissaient en début d’année.
Il n’y a pas d’exception, même à Paris ?
Même à Paris ! Paris avait tellement progressé ces dernières années. Pas d’effondrement de prix, mais une vraie stabilité, voir un léger recul. On estime que depuis mars-avril, les prix reculent à Paris -0,4%.
C’est une situation qui est directement liée à la crise que l’on connaît ou cela va durer ?
Effectivement, on pense vraiment qu’on est rentré dans une nouvelle ère pour le marché immobilier après 5 ans de hausse quasi continue. On est vraiment rentré dans un marché qui va être plus prudent, beaucoup moins dynamique que les années précédentes.
Parlons de l’avenir. Comment appréhendez-vous les prochains mois ou les prochaines semaines ?
Si on regarde un petit peu les fondamentaux, les deux jambes sur lesquelles marchent le marché immobilier ces dernières années : il y a d’un côté les taux de crédit et les conditions de financement et de l’autre, l’emploi. Vous le savez, on est dans une période de taux bas. Et ça dure depuis cinq ans. C’est ça qui a été un des moteurs principaux de la hausse des prix ces dernières années. Les taux vont rester bas, mais en revanche, ce qu’on constate, c’est un resserrement des conditions d’octroi vers les meilleurs profils, ce qui va impacter la demande puisqu’on va avoir un rétrécissement de l’offre de crédit.
Et puis surtout, c’est l’emploi qui va être déterminant. Et là, ce que tous les prévisionnistes nous annoncent, c’est une hausse record du chômage. On parle de 11,5% d’ici mi-2021, quand on frôlait les 7% aujourd’hui. Donc une hausse forte et qui va durer dans le temps, puisque selon les mêmes prévisions de la Banque de France, nous devrions rester au-dessus de 10% jusqu’à la fin 2022.
C’est ça qui nous fait penser les prix sur l’année à venir vont reculer, en général en France. Encore une fois, pas d’effondrement parce qu’il y a une partie de la demande qui va être soutenue par ces conditions de taux exceptionnelles. Mais on pense que globalement, on va voir des prix qui vont reculer de 1% en France. Et même parmi les grandes villes, on va pouvoir voir des prix reculer dans des villes comme Nice ou Montpellier qui, d’ores et déjà, voient leur chômage bondir. On pense qu’on va être sur des baisses de prix entre 0 et 2%. Et puis, pour la plupart des grandes villes, une stabilité des prix à venir.
Vous pensez que le volume de transactions va beaucoup baisser dans les prochaines années ?
On va avoir une baisse sensible. On pense qu’on va être autour de 850.000 à 900.000 transactions, alors qu’en 2019, on plafonnait à 1.065.000 transactions sur l’année.