Le logement intermédiaire, avec Benoist Apparu

Benoist Apparu, président du directoire d’in’li est l’invité de Mon Podcast Immo, au micro de Fred Haffner.

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Ministre délégué chargé du logement de 2009 à 2012, Benoist Apparu est président du directoire d’in’li, une filiale d’Action Logement spécialisée dans le logement intermédiaire (pour les classes moyennes) en Ile-de-France. Il détaille son action et ses projets au micro de Mon Podcast Immo. Extraits choisis.

Mon Podcast Immo : Qu’est-ce que le logement intermédiaire ?

Benoist Apparu : Le logement intermédiaire c’est le logement locatif pour les personnes ayant un salaire trop élevé pour avoir le droit d’avoir un logement social mais trop faible pour avoir un logement du parc privé dans les zones tendues. Nous pouvons prendre pour exemple Paris, où il y a un écart de loyer considérable entre les logements sociaux et du parc privé, 7 € le mètre carré dans le social contre 30 € dans le privé. Notre métier est de proposer une offre locative entre le social et le privé aux personnes ne pouvant pas se loger ni dans le social ni dans le privé. Nous sommes l’intermédiaire entre ces deux solutions, d’où le nom de logement intermédiaire. 

Mon Podcast Immo : La classe moyenne est-elle au courant qu’il existe des offres de logement spécialement pour elle ?

Benoist Apparu : Le logement intermédiaire est une offre nouvelle, mais vous la connaissez sous un autre vocable : « Le Pinel ». Le Pinel c’est effectivement du logement locatif intermédiaire, les loyers et plafonds de revenus des locataires sont les mêmes. Bien que le logement locatif intermédiaire ait été créé pour les acteurs institutionnels en 2014, les premiers logements ont vu le jour en 2019. Le marché de l’immobilier locatif intermédiaire commence à peine à décoller, bien que des acteurs et nous-même, ayons déjà 43 000 logements. Rappelons que ce sont des logements anciens reconfigurés en logements locatifs intermédiaires. 

Mon Podcast Immo : Malgré la crise sanitaire, avez-vous réussi à garder en 2020 votre niveau de 2019, en termes de construction ?

Benoist Apparu : Nous avons des niveaux de production très importants en 2020. Les partenaires sociaux, qui sont les syndicats français, nos actionnaires et les propriétaires du Groupe Action Logement ont passé une commande massive de 80 000 logements intermédiaires en Île-de-France sur 10 ans. C’est une volumétrie considérable qui représente un investissement de 20 milliards d’euros. Nous avons boosté massivement nos productions, In’li est le résultat de la fusion de 4 sociétés préexistantes en 2017. A partir de ce moment-là, nous sommes passés de 1 000 logements produits par an à 5 000. Notre ambition est de monter, dès à présent, à 8 000 / 10 000 logements par an. En 2020, nous avons acheté ou produit nous-même 5 000 logements, ce qui était supérieur à nos objectifs.  

Mon Podcast Immo : La crise sanitaire a-t-elle représenté un frein pour vous ?

Benoist Apparu : Finalement la crise n’a pas représenté énormément de freins pour nous. Elle nous a permis de maintenir nos revenus sans difficulté puisque la majorité des habitants a continué de payer ses loyers. En termes de production de logement, nous avons eu quelques décalages sur les livraisons, mais globalement, il y a eu un maintien de notre activité. 

Rappelez-vous que lorsque l’on dit qu’il y a eu 5 000 logements dans l’année cela signifie des engagements financiers ont été signés pour 5 000 logements. Une fois le contrat signé, il faut construire les logements qui ne sortiront de terre que dans 3 à 4 ans.  

Mon Podcast Immo : Pourquoi dites-vous qu’il faut augmenter massivement l’offre et que tous les acteurs doivent se mobiliser ?

Benoist Apparu : Il y aura probablement de vraies difficultés dans les années qui viennent, liées aux productions de logements. Nous remarquons que la production est en train de baisser, notamment parce que les collectivités locales répondront à l’attente de leurs habitants en délivrant moins de permis de construire et souvent moins de hauteur (pour ne pas saturer le plan local d’urbanisme). Une inquiétude qui s’étend sur 2021, 2022, 2023 et les années qui suivent puisque nous sentons un appétit à la production de logement qui est en chute libre quelle que soit la forme du logement (social, privé, accession à la propriété, intermédiaire). Évidemment, si le marché se rétrécit en production mais qu’il y a plus de demandes, plus d’acheteurs, plus de besoins, nous allons droit dans une nouvelle crise de logement avec une offre de production très inférieure à la demande de logement. 

Mon Podcast Immo : Comment faites-vous pour convaincre de construire de nouveaux logements ? 

Benoist Apparu : Nous sommes nombreux à essayer de convaincre de la nécessité de la production. Il est facile de convaincre de la nécessité de logement, cependant, la personne que vous allez convaincre va préférer que l’immeuble se construise dans la commune d’à côté. Nombreux sont les citoyens qui ne veulent pas de production nouvelle de logement en face de chez eux, mais la réalité est que nous avons besoin de cette production. C’est cette contradiction-là que nous avons à gérer. Cette force de conviction vis-à-vis de nos concitoyens en la matière est relativement faible, il faudra se tourner vers d’autres outils pour améliorer notre production comme par exemple le plan local d’urbanisme écrit par la mairie. Il faut muscler ce document en termes de production et le rendre opposable à la mairie. 

Par MySweet Newsroom
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