Bretagne, Normandie, Nouvelle Aquitaine… Voici la liste des villes menacées de montée des eaux

Urbanisme. Le gouvernement a publié les noms des 126 communes françaises qui auront l’obligation de s’adapter en priorité à l’érosion du littoral aggravée par le réchauffement climatique et la pression humaine.

Littoral-

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Risque de recul du littoral, interdictions à construire…

Avec le recul du trait de côte sur environ un cinquième du littoral français (hors Guyane) selon l’indicateur national de l’érosion côtière, la loi Climat et Résilience de 2021 prévoit de nouvelles dispositions pour les communes en première ligne face à la montée du niveau de la mer et la multiplication des tempêtes et des submersions marines.

Les maires devront réaliser des cartes du risque de recul du littoral à 30 ans et 100 ans, carte qui servira de base à de nouvelles règles d’aménagement du territoire, allant jusqu’à des interdictions de construire.

Dans un premier temps, 126 communes sont concernées, en métropole et dans les Outre-mer, selon la liste publiée au Journal officiel, qui sera révisée au moins tous les neuf ans. La majorité sont situées sur les côtes atlantique et de la Manche (notamment 41 en Bretagne, 16 en Normandie, 31 en Nouvelle-Aquitaine).

126 villes concernées pour le gouvernement, 864 pour France Nature Environnement

« Ces 126 soi-disant prioritaires sont ridicules par rapport aux 864 communes menacées« , regrette auprès Elodie Martinie-Cousty, de l’ONG France Nature Environnement.

Selon les chiffres officiels, 864 communes sont « plus particulièrement vulnérables » aux submersions marines, phénomènes d’inondation temporaire des zones côtières par la mer, notamment lors des tempêtes, qui vont augmenter avec la hausse du niveau de la mer provoquée par le réchauffement climatique. Et 1,5 million d’habitants vivent dans ces zones inondables littorales.

Mais « on a laissé beaucoup trop construire sur le littoral » et les nouvelles dispositions « ne sont pas adaptées aux enjeux« , estime Elodie Martinie-Cousty.

Les maires devront cartographier le trait de cote à 30 ans et à 100 ans

Celles des 126 communes n’ayant pas encore de « plan de prévention des risques littoraux » devront réaliser la cartographie de l’évolution du trait de côte à 30 et 100 ans.

« Ca m’intéressait de connaître les points de vulnérabilité de la commune et de pouvoir dire à la population +attention on est sur des zones très sensibles+« , commente le maire de Trégastel (Côtes d’Armor) Xavier Martin, saluant le financement par l’Etat de 80% du coût de ces cartographies qu’il voit comme un outil pour « anticiper le risque ».

« Si on dit qu’on rénove (le centre-ville) et que dans 20 ans il est sous les eaux, est-ce que c’est utile de le rénover aujourd’hui, est-ce qu’il ne faut pas réfléchir à le voir autrement ?« , dit-il à l’AFP.

Interdiction de nouvelles construction ou obligation de démolition

Dans les zones exposées à l’horizon de 30 ans, les nouvelles constructions seront interdites, mais avec des exceptions pour l’extension de bâtiments existants ou l’installation de services publics et de nouvelles activités économiques nécessitant la « proximité immédiate » de la mer.

Les zones à l’horizon 100 ans restent constructibles, avec à terme une obligation de démolition quand la menace se rapprochera.

Pour permettre aux autorités locales de lancer ce nouvel aménagement du territoire, une ordonnance publiée début avril précise les moyens d’acquisition par les pouvoirs publics de biens menacés et crée un nouveau type de bail octroyé par l’Etat ou les communes pour des terrains, locaux commerciaux ou encore parcs de loisirs dans la bande concernée (bail de 12 à 99 ans avec résiliation anticipée en fonction de l’érosion).

Mais l’Association nationale des élus du littoral regrettent certains « flous juridiques » qui « laissent présager de nombreux contentieux, susceptibles de nuire à l’atteinte des objectifs affichés ».

Certains responsables locaux s’interrogent aussi sur les nouvelles contraintes imposées aux plans locaux d’urbanisme et pointent du doigt des questions de financement.

« Les avancées qui découlent (de l’inscription sur la liste) en restent principalement au niveau du porté à connaissance du risque« , estime Vincent Bawedin, chargé de la gestion du trait de côte à la Communauté de communes des Grands Lacs, qui inclut la commune côtière de Biscarosse (Landes). Il s’inquiète du financement de la relocalisation des biens menacés. « Des questions se posent sur qui prend en charge le déplacement de la population des habitations touchées« , ajoute Pascal Laporte, adjoint à l’urbanisme à Plérin (Côtes d’Armor), notant également le problème de « dépréciation des biens » dans la bande menacée.

Les 126 villes menacées de montée des eaux

Le décret 2022-750 du 29 avril 2022 fixe la liste des communes situées en Bretagne, en Normandie, dans les Hauts de France, en Nouvelle Aquitaine, en Occitanie, en Pays de Loire, en PACA, ou dans les territoires d’outre mer dont l’action en matière d’urbanisme, d’aménagement du territoire doivent être adaptés aux phénomènes hydrosédimentaires entrainant l’érosion du littoral.

Où faire attention à la montée des eaux en Bretagne

Cotes d’Armor : Île-de-Bréhat, Binic-Étables-sur-Mer, Trégastel, Plougrescant, Saint-Quay-Portrieux, Trévou-Tréguignec, Penvénan, Plérin, Pleubian, Saint-Brieuc, Lannion, Trébeurden, Trédrez-Locquémeau, Trélévern.

Morbihan : Arzon, Quiberon, Saint-Pierre-Quiberon, Le Palais

Finistère : Brélès,Camaret-sur-Mer, Carantec, Le Conquet, Guissény, Île-Molène, Kerlouan, Lampaul-Plouarzel, Lampaul-Ploudalmezeau,Landéda, Landunvez, Lanildut, Locmaria-Plouzané, Locquirec, Plouarzel, Plougasnou, Plougonvelin,Ploumoguer,Porspoder, Saint-Martin-des-Champs,Saint-Pabu, Trébabu, Tréglonou

Où faire attention à la montée des eaux dans les Hauts-de-France

Hauts-de-France :  Ault, Saint-Quentin-en-Tourmont

Où faire attention à la montée des eaux en Normandie

Manche : Agon-Coutainville, Jullouville, Donville-les-Bains, Montmartin-sur-Mer, Saint-Jean-le-Thomas, Héauville, Lingreville, Genêts

Seine Maritime : Criel-sur-Mer, Dieppe, Quiberville-sur-mer, Sainte-Marguerite-sur-mer

Où faire attention à la montée des eaux en Nouvelle Aquitaine

Charente-Maritime : Ile-d’Aix, Arces, Les Mathes, Saint-Palais-sur-Mer, Fouras, Saint-Georges-d’Oléron, Talmont-sur-Gironde, Port-des-Barques, L’Houmeau, La Brée-les-Bains

Gironde : Arcachon, Lacanau, Lège-Cap-Ferret, Soulac-sur-Mer, La Teste-de-Buch, Vendays-Montalivet, Carcans, Le Verdon-sur-Mer

Landes : Mimizan, Capbreton, Soorts-Hossegor, Ondres, Seignosse, Vielle-Saint-Girons, Biscarrosse

Pyrenees Atlantique : Anglet, Biarritz, Bidart, Ciboure, Guéthary, Saint-Jean-de-Luz

Où faire attention à la montée des eaux en Occitanie

Hérault : Villeneuve-lès-Maguelone

Pyrenées Orientales : Collioure

Où faire attention à la montée des eaux en Pays de la Loire

Loire Atlantique : Saint-Brevin-les-Pins, Saint-Nazaire, Assérac, La Baule-Escoublac,Pornichet

Vendée : La Tranche-sur-Mer

Où faire attention à la montée des eaux en Provence Alpes Cote d’Azur

Bouches du Rhône : Cassis

Où faire attention à la montée des eaux en Guadeloupe

Les villes concernées : Baillif, Bouillante, Deshaies, Le Moule, Pointe-Noire, Port-Louis, Saint-François, Sainte-Anne
Terre-de-Haut

Où faire attention à la montée des eaux en Guyane

Les villes concernées : Macouria, Cayenne, Awala-Yalimapo

Où faire attention à la montée des eaux en Martinique

Les villes concernées : Basse-Pointe, Case-Pilote, Saint-Pierre, Grand’Rivière, Le Lorrain, Les Trois-Îlets
Le Prêcheur, Le Robert, Sainte-Luce, Sainte-Marie, Schœlcher, La Trinité, Macouba

Par MySweetImmo avec AFP