« Immobilier : Les vendeurs doivent s’adapter au retournement du marché », Charles Marinakis (Century 21 France)

Charles Marinakis, président du réseau d’agences immobilières Century 21 France évoque le ralentissement du marché au micro d’Ariane Artinian.

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Lanceur d’alerte sur la baisse du prix de l’immobilier à Paris il y a quelques semaines, Charles Marinakis, président de Century 21, reste serein sur l’évolution du marché en général. Extraits choisis de l’interview accordée à Ariane Artinian depuis le RENT 2022.

Mon Podcast Immo : Vous êtes le premier à avoir dit à voix haute que le marché est en train de se retourner. Comment vos clients réagissent-ils ?

Charles Marinakis : Nous avons en effet été les premiers à annoncer que le prix moyen du mètre carré à Paris repassait sous la barre des 10 000 euros. Ce qui a déclenché beaucoup de commentaires… En réalité, le message que je voulais faire passer c’était de dire que le marché en général était baissier et que le marché parisien, considéré comme atypique, est finalement comme les autres marchés, il s’autogère. Côté réactions de la part de nos clients, personne n’est déçu d’avoir fait un investissement immobilier dans les quinze dernières années. Le marché immobilier ne fonctionne pas comme une place boursière, c’est un investissement à moyen ou long terme.

Mon Podcast Immo : Ici, parmi les acteurs de la proptech, on sent que l’ambiance est en train de changer. Comment voyez-vous la suite ?

Charles Marinakis : Je la vois très confortablement. Dans un marché tendu, c’est celui qui fait le mieux son métier qui tirera les marrons du feu. Chez Century 21, nous y sommes préparés et ce sera notre travail de donner au marché immobilier une fluidité, une tonicité, en négociant mieux nos mandats et en faisant valoir le juste prix à nos clients vendeurs. Un bon prix c’est un prix qui est accepté par le vendeur et acceptable pour l’acquéreur.

Mon Podcast Immo : À combien estimez-vous la moins-value à venir ?

Charles Marinakis : D’ici la fin de l’année, elle devrait se situer entre 1 et 3 %. Pour 2023, je pense que sur le 1er semestre, le marché sera encore légèrement à la baisse. Pour la suite, on sait depuis des années que le marché a cette faculté de s’autoréguler et les vendeurs devront réaliser que les prix sont trop élevés par rapport aux capacités de financement des acquéreurs.

Mon Podcast Immo : Redoutez-vous un krach façon 1991 ?

Charles Marinakis : Pas du tout. La difficulté n’est pas structurelle. Ce n’est pas le prix de l’immobilier qui est en cause. L’immobilier puise sa tonicité dans la société française : la démographie – on est passé de 598 000 ventes en 2009 à pratiquement 1 200 000 ventes en 2021 –, l’atypisme du foyer français qui est passé de 3 à un peu plus de 2 personnes par foyer. Enfin, les marchés sont contrariés à la fois par le taux d’usure, l’augmentation des taux de base bancaires, le coût de l’énergie, ce qui réduit mécaniquement le reste à vivre des ménages français pour l’immobilier.

Mon Podcast Immo : Il y a également la problématique de la rénovation énergétique…

Charles Marinakis : C’est un facteur aggravant que les banques, aujourd’hui, intègrent dans leurs plans de financement en fonction du DPE du bien, donc du coût des travaux de mise en conformité énergétique. On peut dire que tous les régulateurs du marché qui nous ont été favorables jusqu’à maintenant le sont moins aujourd’hui. Tout le monde devra s’adapter, nous comme nos clients.

Mon Podcast Immo : Dans cette nouvelle conjoncture, quels sont vos objectifs de développement ?

Charles Marinakis : Nous avons toujours considéré que nos objectifs de développement doivent être indépendants des phénomènes de marché. Il reste des marchés à conquérir. Nous avons calculé que 40 % du territoire français n’était pas encore desservi par une offre de services Century 21. Nous avons donc un levier de croissance formidable avec un objectif suprême qui est de 1 000 agences à fin 2023.

Mon Podcast Immo : Quels conseils donneriez-vous à ceux qui ont un projet d’achat ?

Charles Marinakis : Le fait générateur pour un projet immobilier personnel est souvent un événement de vie. Il faut simplement trouver un bien qui est en adéquation avec ses desiderata et ses capacités de financement, quitte à différer son projet.

Par Ariane Artinian