Habitat solidaire : « La Maisons de Marianne permettent d’apprendre à vivre ensemble», Éric Vialatel

Les Maisons de Marianne développent depuis plus de 14 ans un concept de logements solidaires destinés au bien-vivre ensemble et au maintien à domicile des seniors. Retour sur un projet de société plébiscitée par tous les bénéficiaires et décideurs de l’habitat social.

Eric Vialatel

© DR.Les Maisons de Marianne

Eric Vialatel, fondateur des Maisons de Marianne

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Aujourd’hui, Les Maisons de Marianne, pionnières de l’habitat intergénérationnel, c’est 35 résidences ouvertes et près de 6 000 résidents à travers le territoire. Et une centaine le seront à l’horizon 2026. Et beaucoup d’aménageurs qui tentent de développer un concept similaire. Un gros succès donc … Mais rien n’aurait pu voir le jour sans un homme : Éric Vialatel, Président des Maisons de Marianne.

Une pratique militante du logement social

Promoteur, à la tête de l’aménageur urbain Marianne Développement, mais aussi photographe professionnel sous un autre nom, Éric Vialatel est un homme de cœur, animé d’une profonde fibre sociale. Il a une pratique militante du logement social et il aime d’ailleurs animer des ateliers au sein de ses résidences : cours d’eonologie, projection de films, concours de paëlla, couscous … « On fait plein de choses ; c’est formidable».

« Au début, tout le monde nous a pris pour des utopistes, explique-t-il. Aujourd’hui, on a beaucoup de concurrents. Les Maisons de Marianne sont l’avenir car elles sont intéressantes pour tout le monde. Et elles coûtent beaucoup moins cher qu’un placement en EHPAD. On gagne 3 mois par an actuellement mais pas forcément 3 mois en bonne santé ! Il va y avoir une explosion des coûts médicaux. D’où l’importance de développer le logement solidaire. Les gens ont besoin de contacts humains.»

L’aventure des Maisons de Marianne démarre il y a 15 ans lorsqu’Éric Vialatel porte un regard neuf sur le logement des seniors. Un hasard de la vie fait qu’il s’intéresse aux séniors qui ont une petite retraite et qui ne peuvent pas s’offrir un EHPAD. Or, beaucoup sont placés, au détriment de leurs familles, car les logements ne sont pas adaptés au maintien à domicile : escaliers, baignoires… Il cherche alors une solution pour éviter d’en arriver là et permettre aux personnes âgées capables, malgré de légers troubles, de continuer à vivre chez elles, de pouvoir le faire.

Des lieux de vie et de partage 

Avec un vrai projet d’habitat solidaire, Éric se tourne vers les bailleurs sociaux car c’est, selon lui, le meilleur moyen d’éviter le placement en EHPAD tout en ne faisant pas exploser les coûts pour les personnes âgées et la société.

Le 1er à lui faire confiance c’est Manuels Valls, maire d’Evry. Il lui donne carte blanche pour bâtir une résidence adaptée au maintien à domicile des séniors où jeunes actifs et personnes âgées vivraient en harmonie. Et c’est ainsi que naissent Les Maisons de Marianne, pionnières de l’habitat intergénérationnel. Et solidaire ! S’enchaînent ensuite les projets dans le Val d’Oise…

Car Les Maisons de Marianne, ce n’est pas seulement de l’habitat inter générationnel. Éric Vialatel a voulu mettre en place de l’animation pour que les résidents se rencontrent, apprennent à se connaître, partagent des activités et s’entre-aident.

« Lorsque des outils d’échanges de service sont en place, tout le monde y trouve un avantage », reprend Éric Vialatel. 

Dans chaque Maison de Marianne, les résidents ont à leur disposition une salle commune qui abrite un bar, un grand écran pour regarder des matchs où l’on trouve des tables pour faire ateliers ou formations.

« Vous n’imaginez pas tout ce que les résidents et même les seniors sont capables d’organiser», ajoute-t-il.

Un éco-système complet, vertueux et solidaire

Mais Eric Vialatel souhaite aller encore plus loin. Il réfléchit alors à élargir le concept au niveau du quartier. Il souhaite réaliser des opérations ouvertes sur la ville qui proposeraient Les Maisons de Marianne, logements en accession, ferme urbaine et lieux culturels, voire du coworking, un restaurant… Après les maisons, il développe alors un concept de village.

Et un thème qui lui tient à cœur la culture. Et c’est ainsi que Les Maisons de Marianne ont inauguré en octobre dernier, après un 1er projet au Havre en avril, « Le Jardin des Arts », à Vauréal, dans le Val d’Oise (95), 1ère concrétisation de leur concept de village intergénérationnel ouvert sur la ville et ses habitants qui regroupe un programme résidentiel de 7 820 m², dont un musée de 500 m² qui expose une partie de la collection de photos personnelle d’Eric Vialatel, un restaurant de proximité et une ferme urbaine sur environ deux hectares avec un jardin pédagogique pour encourager une consommation de produits frais avec le circuit le plus court possible.

La culture apaise les quartiers

Au Havre, le musée présente le travail et la carrière de Marc Riboud, photographe entre autres du Peintre de la Tour Eiffel, connu pour ses reportages en Chine et en Asie. « Créer des musées est une conviction. Certes, cela a un coût mais, avec de tels projets, on obtient des subventions et on intéresse beaucoup d’élus. C’un cercle vertueux. Sans compter que ce type de projet et la culture apaise certains quartiers. Il mette sur les « bons rails » le quartier réalisé et lui permet de rayonner sur ceux alentours. »

Et il ajoute : « A Vauréal, l’opération comprenait 70 % de logements sociaux. Le reste en accession réparti entre appartements et maisons individuelles. La réaction du marché m’a sidéré. Les 12 maisons sont parties en une matinée. Ce type de projet, malgré les logements sociaux, ne fait pas peur. On évite les quartiers ghettos. On apprend à vivre ensemble et la tolérance.»

Fort de tous ces succès, Eric Vialatel réfléchit au développement d’un produit similaire dans le privé car même ceux qui ont des revenus sont intéressés par cette approche.

Par Olivia Delage