Rénovation : L’accès un professionnel RGE est très inégal sur le territoire

Heero lance son Indice de Tension Artisanale (ITA) pour cartographier l’accessibilité des professionnels RGE. Et mauvaise nouvelle : elle est très inégale sur le territoire.

chantier en travaux

© adobestock

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Dans un contexte de hausse des prix de l’énergie, la rénovation des logements est plus que jamais au cœur des enjeux politiques et de pouvoir d’achat des Français. Or, pour bénéficier des aides et subventions publiques qui accompagnent la politique de rénovation, il est indispensable de réaliser les travaux via un professionnel RGE, reconnu garant de l’environnement. 

Cependant, leur nombre est limité avec de fortes inégalités de répartition sur le territoire. C’est dans ce contexte que Heero by EP, acteur du financement de la rénovation énergétique, a mesuré l’accessibilité à une société RGE à l’échelle de chaque commune de France métropolitaine au travers de son nouvel indice de tension artisanale. Si le constat est relativement positif sur la capacité du dispositif RGE à accompagner la rénovation des passoires thermiques (F et G), les inégalités géographiques sont bien plus fortes dès lors qu’on étudie l’ensemble des logements.

Un nombre limité de sociétés RGE

Le gouvernement a fait de la rénovation énergétique du parc de logements l’une de ses priorités en mettant en place des aides incitatives désormais bien connues, mais conditionnées notamment à la réalisation des travaux par un artisan RGE.

Actuellement moins de 5 % des sociétés du bâtiment sont labellisées RGE, avec environ 65 000 entreprises, sur les 1,3 million d’entreprises présentes en France et associées au secteur du bâtiment et de la construction.

Pour obtenir la labellisation RGE, les professionnels du BTP doivent choisir un organisme permettant d’obtenir ce label et suivre une formation payante par spécialité correspondant à la qualification RGE qu’ils souhaitent obtenir (différents types de chauffage, d’énergies renouvelables, d’isolation, de menuiseries…). Quelle que soit la qualification obtenue et l’organisme, le label RGE fait l’objet d’un suivi et d’un contrôle annuel et est valable 4 ans. Une fois ce délai passé, le professionnel doit demander le renouvellement du label à l’issue d’une nouvelle formation – payante – par spécialité.

… Inégalement réparties sur le territoire

Il y a de forts écarts entre les régions, certaines régions se distinguant par une part d’artisans RGE relativement plus élevée : il y a ainsi 7,6 % d’entreprises RGE dans les Pays de la Loire, 7,4 % en Bourgogne-Franche-Comté ou en Bretagne, 7 % en Normandie mais seulement, 2,90 % en Occitanie, 1,8 % en Ile-de-France, 1,3 % en Provence-Alpes-Côte-d’Azur et 0,65 % en Corse.

A l’échelle des communes, il existe également d’importantes disparités. Les 65 000 sociétés RGE sont domiciliées sur un peu plus de 17 000 communes. Cela signifie que près de la moitié des communes de France n’ont pas d’artisans RGE domiciliés. Fort heureusement les professionnels se déplacent, donnant accès à leur service au-delà de leur ville de domiciliation.

« Les professionnels RGE sont essentiellement situés dans les grandes agglomérations et sur la façade Ouest mais peu dans la diagonale du vide ou dans les zones montagneuses. Mais pour aller plus loin dans l’analyse nous avons construit et calculé un Indice de Tension Artisanale afin d’identifier les zones où il y a le moins d’artisans accessibles par rapport au nombre de logements, de passoires thermiques, et donc par rapport aux besoins de rénovation ! » explique Romain Villain, directeur général de Heero.

L’indice de tension artisanale : un moyen de mesurer l’accessibilité aux artisans RGE

Au-delà du nombre de sociétés RGE domiciliées par commune, il est intéressant d’étudier le nombre de professionnels RGE pouvant desservir une commune en moins de 30 minutes. Pour chaque entreprise RGE, Heero a ainsi calculé la distance qu’un artisan peut parcourir en 30 minutes en voiture depuis son siège social. Heero a ainsi calculé qu’un artisan RGE intervient en moyenne sur 75 à 280 communes, avec de forts écarts selon les territoires.

Si à Paris, plus de 5 000 professionnels RGE peuvent théoriquement intervenir, dans les zones montagneuses ou la Corse, ils sont moins de 5 artisans par commune à pouvoir réaliser un chantier.

Il est pertinent pour affiner encore davantage l’analyse de prendre en compte le nombre de logements par commune, et donc le nombre de chantiers potentiels pour un artisan afin d’étudier si au regard du besoin en artisans, les territoires, malgré leur dotation en nombre de sociétés RGE sont en fait en tension ou non. 

On constate alors que si la 1ère analyse était de dire que les artisans RGE sont plus nombreux dans les régions denses et dans les principaux pôles d’attractivité économique, la cartographie de l’Indice de tension artisanale montre d’autres disparités géographiques. 

Au regard du besoin en artisans, certains territoires plutôt bien dotés en nombre de sociétés sont en fait en tension (la Bretagne, le Centre,) alors que d’autres, moins bien dotés sont en fait dans une situation plus favorable à la rénovation (comme la région Grand Est).

Si toutes les grandes villes de France sont en forte tension compte tenu du nombre important de logements, certaines aires urbaines et périphéries de Paris, Strasbourg ou Lyon ont une faible tension artisanale grâce à un nombre suffisant d’entreprises RGE accessibles en moins de 30 minutes. Les professionnels sont en effet souvent installés dans les périphéries de villes à proximité des grands axes de communication et des magasins de matériaux. 

En revanche, la tension est très forte dans les environs de Nantes, Bordeaux, ou dans une moindre mesure Rennes ou Montpellier, zones où le nombre de logements est relativement plus élevé que le nombre d’artisans. Il y a donc une inégalité selon les aires urbaines.

« On constate que les zones les plus en tensions sont les zones touristiques côtières dans lesquelles les professionnels sont peu implantés, avec la volonté de ne pas avoir une activité uniquement saisonnière, mais aussi les zones montagneuses en raison des difficultés d’accessibilités. Certaines aires urbaines comme celles de Nantes ou Bordeaux sont pénalisées également en raison du nombre important de logements par rapport aux nombres de professionnels accessibles. Sur tous ces territoires, cela signifie que compte tenu des difficultés à avoir accès à un professionnels RGE, les aides à la rénovation sont également moins accessibles », analyse Romain Villain.

Focus sur les passoires thermiques : un indice de tension plus élevé dans les zones rurales du centre de la France et les régions montagneuses

Heero a également calculé l’Indice de Tension Artisanale en fonction du nombre de passoires énergétiques des territoires, c’est à dire les logements classés F ou G prioritairement à rénover. Pour rappel, le pourcentage de passoires en France est de 19,7 % du total des logements (résidences principales, secondaires et logements vacants).

En tenant compte du nombre de passoires, on constate que les tensions sont globalement plus  faibles, sauf dans certaines régions côtières ou montagnes, où l’on retrouve 3 freins à la rénovations énergétiques : 1) un faible nombre de professionnels RGE disponibles ; 2) une forte densité de logements et 3) potentiellement une part de passoires énergétiques plus élevée, notamment dans les zones montagneuses.

« Si les ambitions gouvernementales n’ont jamais été aussi fortes – Bruno Le Maire évoquait ainsi en novembre dernier aux 24 heures du BTP qu’il fallait multiplier par quatre le nombre d’entreprises qualifiées RTE pour passer de 60 000 à 250 000 d’ici 2028 – force est de constater que la réalité peine à suivre, concut  explique Romain Villain. Non seulement le nombre limité d’entreprises qualifiées est un frein pour obtenir les aides et subventions publiques et donc un frein à la rénovation. Mais il s’avère bien plus sévère si l’on prend en compte le nombre de logements existants sur un territoire.« 

Source : Heero
Par MySweetImmo