Immobilier : Comment futurs acquéreurs et vendeurs appréhendent-ils la nouvelle réalité du marché ?
Le marché immobilier n’a plus rien à voir avec ce qu’il était post-covid. Comment les porteurs de projets immobiliers y font-ils face ? Décryptage.
L’année 2023 semble s’écrire comme une nouvelle page pour le marché immobilier après plusieurs années historiques dont 2022, marquée par des taux d’intérêt exceptionnellement bas (entre 1% début 2022 et 2,4% fin 2022 pour un prêt sur 20 ans), des volumes de transactions élevés (1,1M en 2022) et des hausses de prix (+4,6% fin 2022 sur 1 an).
La réalité actuelle du marché est bien différente à l’aube du printemps, saison traditionnellement décisive pour l’immobilier. Comment les porteurs de projets immobiliers y font-ils face ? SeLoger s’est intéressé à leur état d’esprit.
Acheteurs et vendeurs s’accordent sur une nouvelle hausse des taux …
La politique monétaire restrictive de la Banque Centrale Européenne qui vise à lutter contre l’inflation durcit les conditions d’accès au crédit et entraîne mécaniquement une hausse des taux d’intérêt. Le taux moyen en France pour un prêt immobilier sur 20 ans s’établit à près de 3% en mars 2023 quand il était encore de 1,3% en mars 2022.
Et les taux d’intérêt devraient continuer d’augmenter dans les mois à venir si l’on considère, d’une part les décisions de la BCE de ces derniers mois, et la levée récente du “blocage” lié au taux d’usure d’autre part. Les porteurs de projets immobiliers, interrogés par SeLoger, anticipent cette potentielle nouvelle hausse de taux. En effet, futurs acquéreurs (81%) et vendeurs (83%) s’accordent sur une nouvelle hausse des taux d’intérêt dans les 6 prochains mois.
“Au-delà de la hausse des taux qui freine le pouvoir d’achat des acquéreurs, le contexte économique fait naître quelques tensions du côté des banques qui se montrent plus frileuses à prêter. Ainsi en décembre 2022, les banques françaises ont accordé 30% de crédits de moins qu’en décembre 2021, selon la Banque de France. En parallèle, sur les 85% de futurs acquéreurs qui auront recours à un crédit immobilier, près de la moitié d’entre eux (49%) se déclarent inquiets quant à son obtention”, explique Barbara Castillo-Rico, Responsable des études économiques de SeLoger.
… et s’attendent à une baisse des prix
L’année 2023 démarre plus timidement que les années précédentes sur le front des prix : les mois de janvier à mars enregistrent une baisse globale de -0,3% pour les appartements et -0,1% pour les maisons. Le marché s’engage–t-il dans un cycle baissier, alors que le printemps signe en principe un pic du côté des prix immobiliers, porté par l’augmentation traditionnelle des transactions en cette période ?
C’est ce que semblent croire plus de la moitié des futurs acquéreurs (53%, la part la plus élevée enregistrée depuis 2020 / 22% en février 2022), ainsi que 61% des vendeurs (la part la plus élevée enregistrée depuis 2020 / 21% en février 2022) qui anticipent une baisse des prix dans les 6 prochains mois.
“Les vendeurs pourraient décider de revoir le prix de leur bien à la baisse afin de vendre plus vite et éviter ainsi une potentielle baisse future plus importante. En effet, les principales craintes avancées par les 58% de vendeurs, qui se déclarent inquiets quant à la vente de leur bien, étant de ne pas vendre leur bien assez vite (30%) ou en dessous du prix du marché (25%)”, analyse Barbara Castillo-Rico.
Être propriétaire rassure acheteurs et vendeurs
Compte-tenu du contexte géopolitique et économique actuel, être propriétaire d’un bien immobilier est considéré comme un élément rassurant par plus de deux tiers des acquéreurs (69%) et des vendeurs (71%). Cependant ce même contexte semble être perçu comme peu propice pour les transactions puisque moins de 4 vendeurs sur 10 (37%) jugent que c’est le bon moment pour vendre (vs 69% en février 2022) et seulement 30% des acheteurs pensent que c’est le bon moment pour acheter (vs 39% en février 2022).
Si le niveau de confiance quant à l’aboutissement de leur projet immobilier dans les 6 prochains mois est en baisse – moins de la moitié des vendeurs (49% vs 62% en février 2022) et 45% des futurs acquéreurs (vs 56% en février 2022) se déclarent confiants – seule la fin du printemps et son bilan en termes de transactions permettra de se prononcer sur une éventuelle atonie du marché immobilier français.
Source : SeLoger