Immobilier : « Et si la crise du logement n’était pas une fatalité ? », Stéphane Fritz

Pour Stéphane Fritz, président de Guy Hoquet l’Immobilier, la crise du logement en France exige des actions urgentes dans le neuf comme dans l’ancien. Découvrez ses recommandations pour que se loger ne devienne pas un signe extérieur de richesse.

Portrait de Stephane Fritz, president du réseau immobilier Guy Hoquet

© DR.

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Nombreuses sont les voix, et non des moindres, qui se sont exprimées pour interpeler les pouvoirs publics sur l’inévitable crise du logement à laquelle le pays doit faire face. Toutes parlent d’une « bombe sociale » qui couve en filigrane. Que faut-il de plus pour que les gouvernements successifs agissent à la mesure de la difficulté qui touche les ménages français ? Le droit de se loger décemment et durablement n’est-il pas un enjeu vital ? Et si nous connaissions déjà les solutions à mettre en œuvre ?

Un mal français : j’audite, tu audites, ils auditent…

Chaque gouvernement ou Ministre du Logement y est allé de son rapport pour constater (avec alarmisme) les besoins en logement et les mesures à envisager. Rapport Rebsamen, rapport Lagleize, rapport Girometti-Leclercq, mais aussi rapport annuel de la Fondation Abbé-Pierre sur le mal- logement, rapports de l’Office Public de l’Habitat… impossible d’établir une liste exhaustive tant les études sont nombreuses. Dans quelques jours, nous ajouterons à cette longue liste le rapport du Conseil National de la Refondation (CNR) et ses groupes de travail sur le logement. Pour quel résultat ?

Le logement nécessite une vision à long terme

Le temps des consultations est révolu. Tous les rapports concluent que notre pays manque de logements pour accueillir les générations actuelles et futures. Les experts s’accordent généralement sur un même résultat : il faudrait construire entre 400 000 et 500 000 logements chaque année. C’est d’abord un choc d’offre qui décongestionnera l’accès au logement pour tous, à la location comme à l’achat. Mais ce ne sera sans doute pas suffisant.

Le logement n’est pas un enjeu de court terme qui se traite à coup de mesurettes successives : il est impératif de définir une politique du « vivre ensemble » pour les 30 prochaines années. L’espoir que le Haut-Commissariat au Plan joue un rôle central sur cette question est désormais déçu. Nous devons fédérer l’ensemble des élus et des professionnels du logement pour agir à travers des solutions concertées et coordonnées.

En finir avec les injonctions contradictoires

Le pays avance avec bipolarité : il faut construire plus, mais faire attention à l’artificialisation des sols.

Il faut construire plus, mais les maires de grandes villes rechignent à surélever les bâtiments existants.

Il faut construire plus, mais le nombre de permis de construire n’a cessé de fondre depuis la crise sanitaire.

Il faut construire plus, mais les maires bâtisseurs sont empêchés par l’impossibilité de financer les infrastructures nécessaires à l’accueil de nouveaux habitants : crèches, écoles, hôpitaux… Comment réconcilier les maires et les Français avec l’acte de construire ?

Le manque de logements impacte directement les prix de l’immobilier, par la loi de l’offre et de la demande. Plus l’offre de logements restera rare, moins les prix d’achat et les loyers auront de chances de se stabiliser. Or, le prix constitue la clé d’entrée première pour une majeure partie de la population.

Pour que se loger ne devienne pas un signe extérieur de richesse

Comment aider une majorité de Français à accéder à la propriété ou à louer un bien correspondant à leurs besoins et à leur budget ?

En poursuivant les aides à l’acquisition dans le neuf, pour une résidence principale ou une mise en location.

En permettant aux primo-accédants de devenir propriétaires grâce au prêt à taux zéro, dans le neuf et dans l’ancien.

En soutenant la rénovation énergétique par des financements réalistes et adaptés.

En s’engageant dans une politique de défiscalisation ambitieuse sur le neuf mais aussi sur les logements à rénover.

Enfin, en libéralisant les conditions d’accès au crédit immobilier : le dossier d’un bailleur privé dont le bien sera autofinancé par les loyers perçus ne peut être étudié de la même façon que le dossier d’un jeune actif qui emprunte pour acheter sa première résidence principale, ni comme celle d’un ménage aisé dont le taux d’endettement dépasserait 35% avec un reste à vivre plus que confortable.

Quant à ceux qui poussent des cris d’orfraies en pensant que les banques risqueraient de surendetter les emprunteurs, rappelons qu’elles n’ont aucun intérêt (!) à prêter à un candidat qui ne sera pas en mesure de les rembourser.

Les solutions existent : gageons que les conclusions issues du CNR seront concrètes, applicables et appliquées sans plus attendre. Pour le logement pour tous, il y a urgence à agir.

Par Stéphane Fritz, Président Guy Hoquet