Mal-Logement : La Fondation Abbé Pierre sonne la mobilisation générale

La Fondation Abbé Pierre présente ce mercredi son 28ème rapport annuel sur l’état du mal-logement en France, à l’occasion d’un grand événement organisé au Palais de la Mutualité à Paris. MySweetImmo a pu consulter ce rapport avant sa présentation et vous en dévoile les grandes lignes.

Jeune femme se prenant la tête devant une fenêtre

© adobestock

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La Fondation Abbé Pierre présente ce mercredi son 28ème rapport annuel sur l’état du mal-logement en France, à l’occasion d’un grand événement organisé au Palais de la Mutualité à Paris. MySweetImmo a pu consulter ce rapport avant sa présentation et vous en dévoile les grandes lignes.

Le logement : 27,8% du budget des ménages en 2021; 20% en 1990

C’est dans un contexte difficile que la Fondation Abbé Pierre s’apprête à présenter la nouvelle édition de son rapport annuel. Après la crise sanitaire liée au Covid-19, l’année 2022 a été marquée par une hausse des prix inédite depuis 30 ans. Cette inflation, visible également sur les prix à la location ou à l’achat, est aujourd’hui alourdie par des dépenses énergétiques contraintes, devenues insoutenables pour de nombreux ménages modestes parfois contraints de renoncer à un confort minimal, dans un logement décent. Selon l’INSEE, si le logement constitue le premier poste de dépense des Français, il est surtout passé de 20% des budgets des ménages en 1990 à 27,8% en 2021.

Près de 15 millions de personnes mal logées ou fragilisées par rapport au logement

Des inégalités liées au genre

La Fondation Abbé Pierre a souhaité consacré une partie de son rapport à l’étude des inégalités dans le mal-logement liées au genre. Une approche rarement considérée qui fera de cette nouvelle édition un document de référence en la matière. En effet, comme le démontre la Fondation, le sexe peut constituer un facteur déclenchant ou aggravant du mal-logement. « Face au logement, être un homme ou une femme, ou appartenir à une minorité sexuelle, affecte considérablement les risques de subir diverses dimensions du mal-logement et bouleverse la manière même de vivre ce mal-logement », écrit la Fondation.

Les femmes célibataires apparaissent ainsi comme les personnes les plus concernées. 6 % des femmes seules avec un enfant sont mal-logées, et 40 % sont fragilisées par rapport au logement, contre respectivement 5 % et 20 % pour l’ensemble des ménages en France, en 2013 (NDRL : les données utilisées sont extraites de l’Enquête nationale logement de 2013). 

Par ailleurs, les familles monoparentales, constituées à 83 % de femmes seules avec enfants, sont surreprésentées parmi les familles en difficulté économique : plus du tiers d’entre elles (36 %) vit sous le seuil de pauvreté.

Le fléau des violences conjugales constitue un facteur particulièrement aigu du mal-logement, notamment du fait qu’elles entraînent bien souvent la perte du logement pour la victime.

Enfin, la Fondation souligne également les difficultés rencontrées par les personnes LGBTQ+, l’orientation sexuelle et l’identité de genre pouvant être un facteur de vulnérabilité face au logement. « L’exclusion du domicile familial mais aussi les discriminations dans l’emploi en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre augmentent les risques pour ces personnes de se retrouver à la rue » précise le rapport.

Appel à une remobilisation générale

L’an dernier, à l’occasion de la campagne présidentielle, la Fondation Abbé Pierre avait proposé six grands axes à suivre pour faire reculer le mal-logement : généraliser le Logement d‘abord pour viser l‘objectif « zéro personne sans domicile », produire 150 000 logements vraiment sociaux par an, encadrer les marchés immobiliers pour faire baisser les prix, éradiquer les passoires énergétiques en 10 ans et résorber l‘habitat indigne, déclencher un choc de redistribution.

Cette année, dans l’espoir d’inciter la nouvelle Assemblée nationale à s’emparer du sujet, la Fondation annonce vouloir les décliner dans une proposition de loi. Des parlementaires de tous bords ont d’ailleurs été conviés à l’événement pour trois tables rondes thématiques.

Christophe Robert, délégué général de la Fondation, mise aussi sur le « Conseil national de la refondation » consacré au logement, lancé en novembre 2022, dont il est le co-référent avec Véronique Bédague, PDG de Nexity. « Ce CNR Logement pourrait devenir le véhicule pour amener tous les acteurs du secteur dans cette direction, pour peu que l’État prenne cette concertation au sérieux et accepte de revoir les aspects les plus inquiétants de sa non- politique du logement » conclut le rapport.

A suivre…

Par Mickaël Nogal
Mickael Nogal est le président-fondateur de Convergences, cabinet de conseil en stratégie, RSE et relations publiques pour le secteur de l’immobilier. Député de 2017 à 2022, il a été rapporteur des différentes lois sur le logement et a présidé le Conseil national de l’Habitat.